Sommaire:
Premier essai, premier événement presse, premier circuit (Page 1)
Les grandes blessées, les plus beaux souvenirs, les coups de coeur (Page 2)
AcidMoto.ch en quelques mots (Page 3)
C’était l’époque des forums, on y papotait et on apprenait de l’expérience des autres. J’ai connu Yann et Patrick par le biais de l’un de ces forums. Comme moi, la mécanique les faisait vibrer. On se côtoyait dans la rubrique moto perdue dans l’immensité d’un forum automobile romand... C’est au détour d’une discussion que j’ai appris qu’ils avaient fondé un blog, portant le nom saugrenu d’AcidMoto.ch.
Très intéressé par le sujet, j’ai lu les premières publications avec attention… et avec stupeur lorsque j’ai découvert les coquilles orthographiques ci et là. C’est là que tout a commencé ! En effet, j’ai fait mes débuts en qualité de correcteur. Puis, après quelques jours, j’ai pris la plume et écrit mes premiers articles. C’était il y a 10 ans !
C’était en août 2010. J’avais rendez-vous chez Inter-Motos au Mont-sur-Lausanne avec le directeur de Triumph Suisse, à l’époque Pascal Meyerhans. Comme j’habitais encore au Jura, ce fut une belle balade jusque-là, d’autant plus que je n’ai pris que les petites routes. En quelque sorte, la moto que j’allais récupérer devait se mériter. Il s’agissait d’une Triumph Thunderbird 1700. Elle était belle, gracieuse, éblouissante, j’adorais ses chromes d’une brillance éclatante et sa peinture deux tons noire dégradée bleu roi. Je me rappelle encore de chaque instant à son guidon.
Puis deux semaines plus tard, je devais la rendre… Pascal tenait la carotte. Il m’attendait avec la Rocket III Roadster, un autre power cruiser de la marque anglaise qui se distinguait par sa motorisation atypique, un trois-cylindres de 2’300cc. Le monstre ! Cette moto-là, je l’ai roulée durant deux semaines également. Beaucoup de bonheur et de sensations me reviennent encore à l’esprit.
Un jour de septembre 2010, Yann m’a appelé. Honda Suisse organise un voyage en Italie, sous le nom de « Back to the Roots » (ndlr : retour aux sources). Honda n’était pas ma marque fétiche, autant dire que je n’étais pas une bible comme beaucoup d’autres journalistes qui ont de la bouteille. Il y avait cet aspect aussi, j’étais pleinement intimidé par tous ces journalistes, motards depuis des décennies et dans le milieu depuis bien des années. Tous se connaissaient, ils étaient carrément même amis. Et moi, là au milieu, qui devait représenter AcidMoto.ch… Déjà que je m’estimais à peine crédible, AcidMoto.ch l’était encore moins. Ce média n’avait que quelques mois, était formé de jeunes loups qui n’avaient jamais touché au journalisme, était gratuit, indépendant et construit de manière informelle. Aïe, je n’avais pas tous les atouts en main.
Il a fallu montrer patte blanche et prouver mon professionnalisme dans le domaine. Rendre un « papier » digne de ce nom. Le voyage s’est déroulé sur plusieurs jours. Nous, des journalistes suisses et moi, partions de la Suisse à moto… et nous rendions jusqu’à Atessa, dans les Abruzzes, non loin de Pescara. Là-bas se trouvait une usine Honda où sont produites de nombreuses petites cylindrées et autres scooters destinés au marché européen.
A cette occasion, j’ai eu l’opportunité de rencontrer mes confrères romands Sylvain Müller et Claude Bovey, de même que les Suisses allemands Dimitri Hüppi, Simon Haltiner (RIP) et le Tessinois Claudio Vanzetta.
C’était en janvier 2012. Première présentation presse d’un nouveau modèle à laquelle j’étais invité. Je rentre par la grande porte, avec plein d’humilité. Une Kawasaki ZZR 1400 m’attendait sur le circuit de Nardo en Italie. Nardo a quelque chose de mythique. Nombreuses voitures ont battu des records de vitesse… et un certain Coluche y a réalisé un record au guidon d’une Yamaha 750. Un circuit chargé d’histoire !
Je me rappelle. Il faisait à peine 6°C, j’en grelotte encore. J’allais rouler à 299km/h, le temps de faire deux tours de l’anneau de vitesse, soit plus de 25 kilomètres. A cette vitesse, il faut à peine plus de cinq minutes pour parcourir les deux tours. Pendant tant de temps à cette vitesse, il y a de quoi avoir l’estomac retourné… et les idées remises en place.En marge de cela, c’était un peu le foutoir. Il faisait un froid de canard, je n’avais pas de valise à roulettes mais un simple sac de près de 20kg, j’avais la peur au ventre tant je me mettais la pression puisqu’il s’agissait de ma première présentation presse. C’était toutefois un bon souvenir qui me fait encore vibrer à ce jour.
En dix ans au sein d’AcidMoto.ch, malgré tout le soin et l’attention apportés aux motos qu’on m’a mises entre les mains (ou plutôt entre les jambes), j’ai cassé quelques machines. J’avoue être quelque peu honteux en évoquant ces cas. Toujours est-il que, par respect pour les importateurs et autres constructeurs qui m’ont confié ces motos, je me dois d’en parler.
Je ne saurais plus exactement donner l’ordre des incidents. Ce que je peux vous dire est qu’ils se sont passés, pour la plupart, dans un court laps de temps, étonnamment. Etait-ce un état d’esprit, un excès de confiance momentané, … dans tous les cas, il s’agissait d’une erreur de parcours pour laquelle je m’en veux encore, quand bien même il ne s’agit que de carénages frottés et autres leviers brisés. Par chance, pas de gros bobos !
En 2013, j’ai perdu le contrôle d’une Kawasaki W800 « Cup » dans le cadre de la course de côte de Boécourt. A l’entrée d’une chicane, le pneu avant et la fourche, tous deux d’origine, n’ont pas supporté la puissance des freins montés pour cette occasion… Cet accident m’a valu un orteil cassé.
La saga 2016, quelle honte ! Il y a eu trois accidentées en l’espace de trois mois.
D’abord, une Ducati Hypermotard 939SP sur le circuit détrempé de Castelloli en Espagne. Dans une longue courbe à gauche, légèrement en dévers sur le replomb, j’ai perdu l’avant. S’en est suivie une belle glissade, j’ai traversé la piste sur les fesses pour finir ma course dans le bac à gravier aux côtés de la belle Italienne.
Ensuite, j’ai sacrifié une belle Yamaha R1 sur le circuit de l’Anneau du Rhin. C’était au petit matin, en mars. Je revenais d’une séance au guidon de la Yamaha MT-09, encore tout excité. La R1 étant équipée de pneus neufs (et surtout froids), je me suis mis au tas lamentablement au premier virage. J’ai coupé les gaz alors que j’étais déjà (trop) sur l’angle. Le frein moteur était tel que la roue arrière a perdu l’adhérence.
Puis, le sort s’est abattu sur une Triumph Tiger Sport. Le week-end de l’Ascension s’annonçant clément, le cap est mis sur le Tessin. Le mois de mai, en altitude, est cette période où la neige fond dans l’après-midi, provoquant des coulées d’eau au travers de la route, pour geler durant la nuit. En début de matinée, j’arrive dans les virages du col du Gurnigel… et paf. Un virage encore à l’ombre, une langue de glace traversant la route de part en part, ça ne pardonne pas. Ne me laissant même pas le temps de réagir, si ce n’est que de ralentir à peine, je me retrouve au sol. Par chance, le voyage du week-end n’a pas été compromis, hormis quelques griffes sur les carénages, un rétroviseur cassé et un sélecteur de vitesse plié.
Durant ces quatre dernières années, j’ai été sage… mais surtout humble face aux motos qui m’ont été confiées.
La Triumph Street Triple 675 R restera immanquablement LA moto qui m’a fait vibrer durant plusieurs années. J’avais eu la chance d’être invité à la présentation presse en 2012. Tombé sous le charme, j’en ai acheté une quelques mois plus tard. Elle reste l’une des motos les plus maniables et les plus vives que j’aie roulées.
La Yamaha 1700 Vmax est une icône. Aussi élitiste soit-elle, elle a marqué le monde moto au point que tous la connaissaient. Son puissant V4 qui délivre la bagatelle de 200cv et 167Nm… des chiffres qui, à sa sortie en 2009, faisaient froid dans le dos ! J’avais eu l’opportunité de la rouler sur plus de 1’000km lors d’un voyage en Bourgogne pour fêter mes trente ans.L’Aprilia RSV4 est sans aucun doute la superbike la plus redoutable. Son châssis incisif, son V4 démoniaque, sa coup de crayon atypique, … elle est décidément LA moto à piloter sur circuit. J’avais eu l’occasion de tester la RSV4 1000RF à Misano en 2015...
... puis la RSV4 1100 Factory au Mugello. D’évoquer ces souvenirs me donne les frissons !
La KTM 1290 Superduke R, facile comme un vélo en usage quotidien, précis comme un scalpel, motorisé par un twin de folie, elle est sans doute l’un des roadsters les plus explosifs. Elle s’est révélée à moi durant l’été 2018.
Dans un environnement différent que celui de l’asphalte, j’ai découvert la Yamaha Ténéré 700 en avril 2019, en Espagne. Yamaha avait eu le bon goût d’organiser sa présentation presse sous la forme d’un voyage sous le signe de l’aventure. Un peu d’asphalte car la Ténéré en est tout à fait capable, mais surtout beaucoup de piste et de rocaille. Moi qui ne m’aventure qu’occasionnellement hors des sentiers battus, j’avais été conquis par la facilité et les facultés tout-terrain de la Ténéré.
La dernière en date. J’ai posé mes mains sur le guidon de la Ducati Streetfighter V4. En cette période de post-Covid-19, il y avait comme un sentiment d’interdit… renforcé encore par le sentiment extrême que provoque cette Italienne.
Ducati a réalisé là le roadster le plus extrême du marché. Jusqu’à présent, il y avait les Aprilia Tuono 1100 V4 et KTM 1290 Superduke R qui nous hérissaient le poil. Cette Streetfighter V4 met tout le monde d’accord, sauf les pandores.
Des motos à l’essai dans le cadre d’AcidMoto, il y a en eu, près d’une centaine, des vertes et des très mûres. Ce que je retiens, c’est qu’il n’y a jamais eu de mauvaises motos. Toutes ont ce petit quelque chose qui m’a fait frémir. Si certaines avaient des défauts, ce n’était en aucun cas rédhibitoire… au contraire, c’était ce qui faisait leur charme.
AcidMoto, c’est parti de rien. A l’union de deux-trois potes, d’autres se sont greffés, tous avec ce même désir de contribuer à faire vivre AcidMoto, sans compter. Comme vous le savez sans doute, AcidMoto est un hobby, une activité accessoire sans prétention, un job à côté de notre job «alimentaire». La structure est légère, il n’y a pas de dépendance à une marque ou à un éditeur, nous sommes libres.
AcidMoto est aussi très réactif, les news sont fraîches et gratuites. AcidMoto propose de tout, pour tous les goûts. AcidMoto, c’est aussi les Acid’Days, ce week-end d’essais moto durant lequel des milliers de motards se retrouvaient pour tester les nouveautés, et les Acid’Tracks, ces journées sur circuit encadrées par des coachs et instructeurs.
AcidMoto a réussi, par son humilité et sa simplicité, à être reconnu comme un acteur incontournable en Suisse romande parmi la communauté motarde, de même qu’être défini comme un représentant de la presse en Suisse.
Contribuer à la vie d’AcidMoto, c’est un nouveau monde qui s’est offert à moi, une nouvelle vie professionnelle en parallèle de celle que je menais jusqu’alors. AcidMoto, c’est de nombreuses connaissances, à travers la Suisse, l’Europe et le monde. AcidMoto, ce sont des moments de vie inoubliables, des contrées explorées, des expériences incroyables.
Quand on me demande si je fais de la moto, c’est un flot de souvenirs et d’anecdotes qui me reviennent, mais aussi un petit sourire de coin qui en dit long. Et quand je parle d’AcidMoto, c’est avec une fierté à peine dissimulée.
Je profite pour remercier Yann et Patrick qui m’ont accordé pleine confiance dès les premières semaines de vie d’AcidMoto.