
Ce jubilé d’AcidMoto permet de se poser un instant et de regarder en arrière sur ce qui a été réalisé, sur les souvenirs, autant les bons (y’en a beaucoup et pas tous sont avouables) que les mauvais (y’en a peu).
Comment commencer ? Je vais être terriblement conventionnel, pour une fois, par le commencement !
Mon premier article pour AcidMoto aura donc été dévolu à ma course de Verbois 2012 que j’ai fini à la seconde place en catégorie 750cc au guidon de ma Street Triple R derrière le maître des lieux, Mr Bernard Bally himself. Des moments de pur bonheur, surtout après l’édition 2011 que j’ai fini dans les bottes de paille avec un magnifique vol plané immortalisé par Roger Lohrer lui-même… mais chuuuut.
Cette connaissance de la Triumph Street Triple m’aura permis de réaliser mon premier essai sur route, avec la… Street Triple R 2013 qui abandonnait ses phares ronds pour, ô sacrilège, des phares en amande. Mais quel bonheur à son guidon !! Le moment rock’n’roll de cet essai aura été un retour depuis le début du canton de Fribourg au petit matin avec une route verglacée, des voitures dans le talus, et moi qui suis passé au travers (je dois avoir une galaxie de bonnes étoiles) et n’ai même pas cassé la moto de ce premier essai !
Maintenant on va pousser à la fin de l’année 2013 pour mon premier essai presse international. Là encore un grand moment ! Arrivé dans un magnifique hôtel du sud de l’Espagne avec une baignoire assez grande pour accueillir toutes les femmes d’Alerte à Malibu (hé oui… je vous rappelle que je suis le papy de l’équipe), mon moment rock’n’roll aura été le départ du roulage au guidon de la Suzuki V-Strom 1000…
Pour résumer, alors que j’avais bien écouté les consignes (roulage tranquille, respect du code de la route, bla-bla-bla..) à la sortie du parking de l’hôtel, je me suis concentré sur les commodos, les options, la manipulation du tout et quand j’ai relevé la tête… plus personne !! J’ai donc du mettre du gros gros gaz pour rattraper la troupe et découvert par cette occasion que la conduite en essai presse applique la maxime « pas plus vite qu’à fond » !!
Au sommet du top 3 des essais qui m’ont marqué je mettrais le fameux test des R1 et R1M sur le circuit d’Eastern Creek dans la province de Sydney. Pour cet essai, le groupe Hostettler nous avait soigné aux petits oignons avec une arrivée un jour avant pour nous permettre de découvrir Sydney.
La visite de la ville a été extraordinaire et j’ai gardé longtemps un souvenir gravé (cramé serait plus exact) au fer rouge sur mon crâne avec le plus beau coup de soleil de ma vie sur crâne il est vrai pas très garni… ma crème solaire étant restée à l’aéroport de Zürich car j’avais eu la bonne idée de la prendre dans mon bagage à main.
Mais c’est surtout l’essai de cette tant attendue R1 avec son calage crossplane, ses bielles en titane fracturé qui me faisait sauté à pieds joints tel un petit kangourou joyeux. Cette moto était une vraie révolution, et je n’oublierais jamais mon érection pileuse (sur les bras hein donc) en arrivant sur le circuit avec les essayeurs Yamaha qui avalaient la longue ligne droite plein gaz avec cette bande-son si spécifique… kiffant, bandant.
Et je vous rassure, une fois sur la moto ce fut exactement pareil. Le tracé d’Eastern Creek, où se déroulaient les Grands-Prix du temps de ma jeunesse (oui oui, je vous entends : à cette époque même les vibreurs étaient en noir et blanc) est somptueux dans sa première partie et plus étriqué sur la fin. Et avec une longue ligne droite en légère descente commandé par un gauche en accélération, il m’a permis de constater tout le potentiel de ce moteur CrossPlane.
En deuxième je mettrais l’essai de la ZX-10R une année après, soit en 2016, sur le tracé de Sepang. Là j’ai pris deux claques, la première avec le tracé lui-même. Imaginez une piste de 12 mètres de large ! C’est deux fois plus que la normale. Lors de mes premiers tours j’étais à la rue, paumé. Il m’aurait fallu un GPS sur la moto… j’avais l’impression de rentrer tel un ours dans les virages à la sortie il me restait encore facile 3-4 mètres de piste exploitable tant cette largeur est importante.
La deuxième me fut infligée au bout de la ligne droit par Monsieur Tom Sykes himself ! Alors que j’était tout fier d’avoir réussi à prendre les freins à fond de six au panneau 200m avant l’épingle à droite (rappelez-vous la chute de Rossi à cet endroit ou encore le vol plané de Baz), Tom Sykes m’a passé tête dans la bulle pour freiner en gros à 150m avec sa ZX-10R de série, les deux roues en glisse… c’était lunaire !!
Enfin en troisième place, je mettrais le roulage avec la KTM 790 Duke dans la montagne. Là je me demande comment on a fait pour arriver tous vivants. Dans mon groupe on était trois à rouler « assez fort » et même sur la route tout y est passé… freinage tardif, entrée en glisse dans les giratoires, Wheeling gaz en grand à la moindre bosse. Bref beaucoup de choses qui sont inavouables (à mer… j’ai parlé !!).
Bon je vous en ai déjà livrées une ou deux ci-dessus, mais vous pensez bien qu’en huit ans il en reste encore quelques-unes… commençons dans le désordre avec l’essai de la Kawazaki H2 SX SE au Portugal. Après une journée « superchargée » sur les routes, dont une traversée du pont Vasco de Gama à une vitesse stratosphérique pour rattraper le groupe (encore…), le deuxième jour nous avons eu le droit de tester la bête sur le circuit d’Estoril, circuit que j’adore particulièrement.
Or, la dernière moto que j’avais testée là-bas était la GSX-R1000R, et après un exercice de gymkhana avec la Kawa, je suis parti à fond dans la ligne droite, en jeans kevlar et blouson en cuir, et j’ai chopé les freins au même repère de freinage qu’avec la Suz… qui est une sportive… moment d’angoisse… maudissage de l’ABS… création d’un bon litre d’huile… et au final c’est passé sans rien casser !!!
Mon deuxième souvenir est également assez « hot » avec l’essai de la S1000RR lors d’une sortie avec Philippe Coulon sur le tracé de Dijon. C’est sur « sa » moto que j’ai roulé deux sessions, avant d’arriver lors de la troisième à fond de six au bout de la ligne droite, de choper les freins à « trop tard », de rentrer dans le droite renommé depuis par mon pote Raphoune « le droite à Marcouille », de poser tout par terre et… de sentir la roue avant partir sur les traces de gomme… du coup j’ai traverser tout le bac à gravier sur le dos avec celle qui allait devenir ma nouvelle compagne, j’ai même retrouver un gravier dans une narine bien des heures après ! Comme on dit, ça passait c’était beau ! Du coup j'ai surtout profité de cette occasion pour interviewer Philippe, et ça, ça a été un moment de pur bonheur.
Mais bon, le rachat de cette S1000RR m’aura permis de vivre une belle aventure par la suite avec Gonzo, à savoir nos 500miles, non pardon nos 250miles de Magny-Cours qui allaient sceller une amitié licornesque.
Enfin, comment ne pas finir par un moment pour les papys comme moi, avec justement un retour sur l’essai de la 790 Duke et de longue discussion avec un gars que j’ai longtemps considéré comme un dieu : Jeremy McWilliams, le dieu de la glisse et surtout un bonhomme tout simple qui comme moi regrette le temps passé du bon vieux deux-temps qui pue certes mais qui offre bien plus de puissance et de fun que le quatre-temps civilisé…
Il y a également tout le volet AcidTracks où dès le début avec mes deux compères nous nous sommes lancés sur le côté formation. Car en effet, les conseils du type : "freine plus tard" ou "mets plus d'angle" se terminent bien souvent avec une gentille infirmière à ses côtés et quelques kilos (de plâtre) en plus.
Et malgré tout le volet sécurité et rigueur de la formation, on trouve le bon équilibre avec une bonne dose d'humour et convivialité. Les apéros du soir pour partager notre journée restent des moments forts. Mais il y en a aussi sur piste.
Ces huit années m’auront apportées un lot de souvenir, de fun, de partage et de délires comme je n’aurais pas pu imaginer en m’embarquant dans cette aventure. Mais, il faut surtout le reconnaître, que c’est grâce à vous lecteurs que nous existons et que j’ai pu vivre tout ça ! Donc avant de remercier qui que ce soit, mes premières pensées vont vers vous, et ensuite sur mes potes de délires.
Gardons nos âmes d’enfants et continuons encore longtemps à faire vivre notre passion ! Gaz, angle, délires et apéro ! Amen !