La Street Triple est une sorte de Dr Jekyll et M. Hyde, ou alors pour faire plus local un couteau suisse. En gros, elle a de multiples facettes et excelle dans tous les domaines. Avec elle, vous êtes aussi à l’aise en ville, qu’en balade solo ou duo, voire même à l’attaque sur piste.
Je vous propose de commencer par une petite revue des détails qui font que le modèle 2013 ne partage plus grand-chose avec son prédécesseur, sans être une révolution, c’est tout de même une sacrée évolution.
Commençons par la partie-cycle, l’angle de colonne est ramené de 23,9° à 23,4° et la chasse est également modifiée, ce pour plus de maniabilité. Le double échappement si caractéristique cède sa place à un pot unique sous le moteur. Mais soyez tout de suite rassurés, la sonorité si typique du triple briton ne change pas ! La répartition du poids s’en trouve ainsi modifiée, passant de 51% sur l’avant à 52%.
Enfin, il y a surtout cette baisse de poids conséquente. Sur la balance, pas moins de six kilos ont été gagnés, est-ce à cause de la si réputée cuisine britannique... Trêve de plaisanterie, c’est un véritable tour de force que les ingénieurs ont réussi. La moto était déjà un modèle de légèreté, elle s’améliore encore sur un point crucial où elle faisait déjà la différence face à la concurrence. Cette différence de poids a un impact direct sur la dynamique de la moto. Même si l’ancienne était loin d’être un camion, la nouvelle est encore plus un vrai vélo et se balance sans aucun effort. Les petits virolos sont enchaînés comme à la parade, sans aucune fatigue et la moto garde une stabilité parfaite sur l’angle.
En ce qui concerne le moteur, pas de révolution, le trois-pattes hérite d’une nouvelle cartographie pour être en phase avec l’échappement bas, un rapport de première modifié et... basta ! Il faut dire que la Street était déjà très bien lotie.
A l’usage, le trois-cylindre est un modèle du genre, il accepte de repartir, même en sixième, sous les 2'000 tours/minutes sans broncher. La montée en régime s’accompagne du feulement typique du trois-cylindres et le bruit émanant de la boîte à air est grisant. On a l’impression de tenir un élastique géant dans la main droite et, plus le régime monte, plus il se détend.
Je ne vais pas vous cacher que vu la météo de ces dernière semaines, j’ai été en manque de degrés, à la fois d’angle et de Celsius pour pouvoir juger les aptitudes sportives de la bêtes. Et c’est justement dans les conditions difficiles qu’une machine se dévoile vraiment. Il faut se sentir en confiance pour rouler sur des routes tellement gelée que l’on ne serait pas étonné d’y croiser le GSHC affrontant Fribourg-Gottéron. J’ai d’ailleurs vécu au guidon de la Street R une descente épique au petit matin depuis Châtel-St-Denis jusqu’à Genève. Croisant même un camion qui était dans l’impossibilité de monter une petite côte tant la route était verglacée. Cela n’a pas été une formalité, mais la Triumph avec ses commandes douces, sa boîte de vitesse onctueuse et son poids contenu (toujours...) a été une alliée précieuse. Ses suspensions de qualité sont également à mettre en avant, elles répondent très bien aux réglages qu'on y apporte et permettent une bonne lecture de ce qui se passe sous les roues.
Dans ces conditions extrêmes, j’ai particulièrement apprécié la présence de l’ABS. Le fonctionnement est doux, on sent à peine quelques saccades dans le levier ou sur la pédale de frein arrière au moment où il se met en route. Par contre, étant habitué au freinage de la Street R ancien millésime, il m’a semblé que celui de la version ABS manquait de mordant. Rien de dramatique, bien au contraire cela sera tout bénéfice pour les débutants ou sous la pluie, tant il est vrai que la Street R sans ABS possède un freinage redoutable.
En ce qui concerne l’ABS, ce dernier est déconnectable au tableau de bord après que vous ayez effectué le premier service chez votre concessionnaire.
A l’usage, le seul défaut que j’ai constaté est que pour mon mètre septante-quatre, le câble d’embrayage dissimule certaines informations du compteur. Cela n’est pas dramatique mais gênant, il faut bouger la tête pour voir où en est la jauge à essence par exemple. Par acquit de conscience, j’ai demandé à un collègue qui mesure quelques centimètres de plus de me donner son opinion et pour lui il n’y a eu aucune gêne, comme quoi que j’aurais dû manger un peu plus de soupe dans mon jeune âge.
La Triumph Street Triple R est également une redoutable alliée pour affronter la jungle urbaine. La position naturelle à son guidon permet de circuler dans le flot de voitures en ayant une bonne visibilité. Elle permet également d’improviser et de se faufiler sans problème. Le rayon de braquage a été amélioré, sans être un modèle du genre, il est largement suffisant.
Pour ce qui est de l’esthétique, comme le dit l’adage, la beauté est dans l’œil de celui qui regarde, mais personnellement, elle m’a tapé dans l’œil ! La nouvelle boucle arrière rouge se mariant parfaitement avec les écopes de radiateur, rouges également, ornées d’un R agressif à souhait. Je trouve également que le pot bas en dégageant l'arrière de la machine allège considérablement la silhouette.
Les phares en amandes ont également été rabaissés, ce qui accentue l’agressivité de la ligne, faisant plonger l’avant vers le bas. Le petit saute-vent présent sur le modèle d'essai est presque indispensable. Il permet de rouler jusqu’aux limites légales sur autoroute en tout confort. Passé celles-ci (c’est incroyable comme l’Allemagne est proche de la Suisse), le manque de protection se fait sentir.
Pour résumer, il va m'être difficile de me séparer de cette Triumph Street Triple R... C'est une machine qui offre beaucoup de plaisir et qui se plie à tous vos caprices. Allo la banque...