![](https://acidmoto.ch/cms/sites/default/files/styles/large/public/img/gamma/t/triumph_commander_thunderbird_lt_static-79.jpg?itok=5f5tOQYw)
Chez Triumph, on innove, on se bat pour maintenir à haut niveau de satisfaction clientèle, mais surtout, on glorifie l’image des motos "classiques". La fameuse Bonneville et ses déclinaisons Scrambler, Thruxton et America sont connues du milieu. Plus récemment, en 2010, Triumph a proposé une nouveau concept de la Thunderbird. D’abord commercialisée en 1594cc (1600), elle a gagné près de 100cc dans sa version SE, puis Storm.
Pour 2014, Triumph enfonce le clou et renforce sa présence sur le marché des customs avec les nouvelles Thunderbird LT (LT pour light touring) et Commander. La présentation à la presse de ces deux modèles a été prévue à San Diego (Californie). Ce n’est pas un hasard si Triumph a convié la presse outre-Atlantique... En effet, la firme d’Hinckley s’attaque sans honte ni appréhension à la marque emblématique du pays de l’oncle Sam ; comprenez par là, Harley-Davidson ! Pari osé, penseraient certains ?
San Diego, la Californie dans toute sa splendeur. N’ayez crainte d’extérioriser votre lifestyle, vous ne serez pas juger ! Dans tous les cas, les ‘Ricains de Californie pensent grand, flamboyant et surtout, voyant. La moto fait partie intégrante du paysage. Il faut dire que la météo y est le plus souvent favorable et que le réseau routier est propice a de belles virées, de l’Oceanside aux réserves naturelles autant verdoyantes que désertiques.
La Thunderbird LT et la Commander font fière figure dans le paysage. La première se la joue voyageuse classique, tandis que la deuxième titille les méchants garçons. Elle partage toutes deux une base identique : moteur, transmission, châssis et partie-cycle.
Le moteur n’est autre que l’emblématique twin parallèle "longue course" de 1700cc (le plus gros du marché) équipant déjà la Thunderbird Storm. Pour l’occasion, la cartographie-moteur a été revue pour offrir plus de couple à bas régime. Résultat, il développe 93cv à 5’750tr/min et 151Nm à 3’400tr/min. Bien que les deux modèles accusent plus de 300kg chacun, nul doute que les relances seront velues et les accélérations musclées. La puissance et le couple sont transmis à la roue arrière par l’intermédiaire d’une boîte à six rapports et d’une courroie.
Le châssis en acier tubulaire rigide n’est autre qu’une déclinaison de la Storm (chasse différente). C’est principalement au niveau de la selle et de ses fixations que se trouvent les changements. La selle des Thunderbird LT et Commander sont arrimées plus bas pour offrir plus d’épaisseur. Les mousses des selles pilote et passager ainsi que le dosseret du sissy-bar sont de densités différentes : moelleux sur le dessus, puis ferme en profondeur. De plus, un mousse de soutien lombaire prend place à l’arrière de la selle pilote pour favoriser une bonne cambrure du dos.
La partie-cycle a fait l’objet d’une attention particulière pour rendre les voyages et les escapades encore plus agréables. Triumph a fait confiance à un ensemble Showa pour les éléments de suspension. Les ressorts double taux (deux densités : souple puis ferme) assurent confort de conduite et stabilité de trajectoire ; les ressorts arrière sont réglables sur cinq positions de précharge. La fourche est de gros diamètre avec ses 47mm. Quant aux freins, Triumph n’y est pas allé avec le dos de la cuillère et n’offre pas moins que deux disques flottants de 310mm avec étriers à quatre pistons Nissin à l'avant et un disque de 310 mm avec étrier simple Brembo à l'arrière. A en croire Triumph, la Commander passerait de 130km/h à l’arrêt en 64.1m ! Chapeau, pour 348kg tous pleins faits...
Outre ses nombreux éléments chromés enjolivant sa silhouette, la Thunderbird LT se pare des attributs indispensables au touring, à savoir un pare-brise en polycarbonate d’une épaisseur de 4.5mm, d’un grand phare rond suppléé de deux feux additionnels, de deux valises latérales en cuir de 28 litres (prise 12V dans l’une d’elle), d’un porte-paquet attelé au sissy-bar et d’une instrumentation de bord facile à la lecture. Côté esthétique, la Thunderbird LT s’équipe de pneus radiaux Avon à bande blanche (nouveauté mondiale!) montés sur de larges jantes à rayons et propose deux combinaisons de couleurs : Caspian Blue / Crystal White et Lava Red / Phantom Black.
Quant à la Commander, Triumph s’adresse aux gros bras. La recette est simple, mais franchement efficace. Un boudin de 200mm de large à l’arrière, un regard affûté avec deux phares ronds typiques des Triumph sportives (Street Triple (R), Speed Triple (R), Thunderbird Storm et Rocket III Roadster), une face avant massive, deux échappements à coupe ronde filant de chaque côté, des jantes en alu forgé façon "Fuchs", ... Pour se la jouer bad boy, on ne peut guère trouver mieux ! Enfin, il y a toujours l’indétrônable Rocket III et son trois-cylindres 2300cc ; qui dit mieux ? Les coloris font dans la sobriété, à l'instar de la Thunderbird LT, avec deux combinaisons : Crimson Sunset Red / Lava Red et Phantom Black / Storm Grey.
A l’arrêt, ces deux nouvelles Triumph brillent par leur présence ! De la ligne générale à la qualité de fintion, en passant par le soin apporté aux détails, on se demande encore ce que Triumph a à envier à la concurrence, si ce n'est cet effet de mode lié à l'image de marque. En parlant de détails, il suffit de s’approcher de la peinture du réservoir ou des garde-boues pour constater l’excellence du coup de pinceau... (peinture et liseret réalisés à la main!)
De San Diego et de la côte pacifique, filez en direction de Borego Springs ou de Lake Henkshaw ! La Californie, malgré les qu’en-dira-t-on, regorge de petites routes se nouant dans les reliefs. Des paysages côtiers ou de la jungle urbaine et de ses highways, on traverse la campagne, puis passe les cols menant au désert... en quelques miles, vous verrez de nombreux paysages aussi différents les uns que les autres. Dans tous les cas, la Californie jouit d’un charme fou !
Il est temps de choisir sa monture. Veut-on se la jouer bad boy et envoyer du lourd avec la Commander ou plutôt balade relax (prononcez à l’américaine!) en enroulant sur le couple ?
A la façon "californian look", nous jetons notre dévolu sur la Thunderbird LT dans sa livrée bleu caspien et blanc cristal (Caspian Blue / Crystal White). Au moment d’enfiler la clé dans le Neimann, de la tourner et de démarrer le gros twin, on est envahi d’émotions. La magie anglaise fait son effet. Un coup de gaz et tout votre corps vibre au même rythme que le twin longue course. Le "ronron" du moteur est bien présent. A l’échappement, il n’y a pas de quoi rivaliser avec les échappements libres (tubes afriques!) des motos des autochtones... Dans la liste des accessoires Triumph, un échappement "made in Hinckley" sera prochainement disponible (ouf!) et sans aucun doute, des accessoiristes aftermarket proposeront des silencieux qui donneront de la voix, à juste titre, au bicylindre Triumph !
Les pieds en avant, le séant confortablement installé, les bras étendus, ... La position est idéale et invite aux longues virées. On n’a qu’une question en tête qui tourne en boucle : "bon, on y va ?"
On tire sur le long et robuste levier d’embrayage (malheureusement pas réglable) et on passe le premier rapport qui se verrouille aussitôt en faisant un "clong" viril et rassurant. Les commandes sont viriles mais restent précises. Le premier rapport ne sert qu’à mettre la moto en mouvement. Le couple camionesque présent bas dans les tours permet de passer rapidement le second rapport, puis les suivants. Nul besoin de tirer jusqu’à 2’500tr/min pour accélérer de manière dynamique. A bas régime, le twin tremble et distille des à-coups (sans excès!) qui vous donnent le sourire aux lèvres. A contrario d’autres bicylindres, on apprécie particulièrement le comportement du moteur Triumph ! Les vibrations (modérées) contribuent largement au plaisir sans pour autant entacher l’agrément de conduite. Il suffit d’un filet de gaz sur le cinquième rapport pour traverser la ville de Rancho Bernardo.
L’itinéraire menant à la désertique région de Borrego Springs est ponctué des longues lignes droites des highways très fréquentés, mais aussi de belles routes sinueuses traversant les reliefs californiens. Il y a ainsi de quoi apprécier les atouts de la voyageuse Thunderbird LT.
Au-delà de 50mph, soit 80km/h, on bénéficie de la protection du large et haut pare-brise. Ce dernier est (encore!) plus haut de 10cm pour la Thunderbird LT "Launch Edition", ce qui permet d’une part d’être mieux protégé et d’autre part de regarder au travers. Les pieds sur les repose-pieds "highway", on cruise sur l’overdrive. On ne regrette que l’absence d’un régulateur de vitesse pour apprécier pleinement ce détour par l’autoroute. Donnez un peu de gaz et le twin vous gratifiera de "good vibes" (ndlr : bonnes vibrations) tout en tractant sans perdre haleine !
Bien que l’autoroute soit toujours très monotone, on apprécie les qualités de la Thunderbird LT.
En quittant le long ruban d’asphalte, au moment d’emprunter la bretelle autoroutière, on tire sur le levier de frein avant. Ça freine plus qu’il n’en faut ! Lancé à plus de 120km/h, le monstre de plus de 400kg (pilote compris ; 380kg tous pleins faits) ralentit efficacement.
La circulation se fait moins dense. On approche de la campagne et des montagnes. Les virages se resserrent. On tombe un rapport, voire deux. Le bicylindre tourne dans sa plage de régime optimal, entre couple et puissance. On saute sur les freins ; d’abord arrière pour asseoir la moto et gagner en stabilité, puis avant pour bénéficier de toute la force de freinage. Hormis que le freinage manque de progressivité, il se montre redoutable pour un cruiser !
D’un coup de guidon, la moto prend de l’angle sans effort et s'appuie sur le repose-pieds. Il est nécessaire d’étudier ses trajectoires et de rouler en toute fluidité. Cependant, on notera que la garde au sol n’est pas si pénalisante en conduite balade. La Thunderbird LT ne se destine évidemment pas à une conduite sportive. Quand d’autres cruisers frotteront dans tous les virages, la Triumph garde une marge de sécurité pour corriger la trajectoire en cas de nécessité. D’ailleurs, elle sera sans doute tout à fait à son aise dans les petits virolets des cols alpins.
Avant même la sortie du virage, on se régale à tourner la poignée de droite en grand. Le moteur ne rechigne pas à monter dans les tours, bien qu’il soit plutôt à l’aise entre les bas et mi-régimes. Accompagné des pétarades typiques d’un twin, on apprécie l’ambiance sonore qui contribue au plaisir de conduite. Evidemment, d’autres la souhaiteront plus présente, nul doute !
En traversant les larges et longues plaines désertiques de la région de Borrego Springs, on cruise sur un filet de gaz. Le confort offert par la Thunderbird LT n’a pas d’égal. La position de conduite est idéal pour les longs voyages. La selle ultra-moelleuse soigne le séant. Les vibrations du moteur semi-présentes à vitesse constante envahissent notre corps. L’agrément de conduite est à son comble !
Une journée s’est écoulée. Cent septante miles d’intense plaisir au guidon de la Thunderbird LT. Des nombreux cruisers déjà testés, la Triumph fait partie de ceux qui distillent confort, sex-appeal, plaisir et agrément de conduite ! Elle est une invitation aux longs voyages vers des contrées lointaines dans une ambiance classique à l’anglaise.
Le lendemain, nous attaquons la "soeur", la Commander. Bien qu’elle reprenne la mécanique et l’essentiel de la Thunderbird LT (ou le contraire !), nous avons affaire à une machine esthétiquement complètement différente ! Plus massive, athlétique et agressive, on l’attribue volontiers à une clientèle motarde "gros bras".
En s’installant à son guidon, on remarque une position légèrement différente. Par rapport à la Thunderbird LT, le guidon est incliné un poil plus vers le bas pour privilégier une conduite plus sportive.
Puis, dès les premiers ronrons du bicylindre 1700cc, on s’aperçoit que la tonalité des échappements est plus prononcée et plus métallique. L’ambiance se veut d’emblée plus sportive, bestiale et entraînante ! Enfin, quand vous avez moins de quarante ans, on dira que la Commander joue de ses charmes pour vous titiller les sens.
A peine passer le premier rapport, on se délecte à balancer la Commander dans tous les sens. Elle paraît d’une légèreté déconcertante face à l’imposante Thunderbird LT. Sur papier, ça se confirme ; on compte un gain de 32kg sur la balance (348kg tous pleins faits) ! Dès que l’on attaque les premiers virages, la Commander emprunte des trajectoires identiques à la grande soeur. Par contre, elle joue de son poids, tant aux freinages qu’en relances !
Le bouilleur longue course se révèle dans la Commander. Il est explosif ! Chaque soudage de poignée de gaz propulse la Triumph telle une bullet de Magnum. Simon Warburton, product manager à Hinckley, a beau nous l’assurer, on a peine à croire que le bicylindre est identique à celui installé au coeur de la Thunderbird LT. Il tracte sans relâche dès les plus bas régimes et fait preuve d’une belle allonge. Ceci dit, c’est tellement jouissif de jouer du couple camionesque sans tirer exagérément chaque rapport de boîte ! Le moteur semble souffrir dans un staccato grave pour ensuite hurler à mi-régime. Mais il n’en est rien, le twin respire à pleins poumons et vous gratifie d’agréables sensations !
Quant à la partie-cycle, on ne s’en plaindra pas. Les ressorts à double taux sont à la hauteur de leurs promesses. Ils confèrent à la suspension souplesse sur les petites imperfections et fermeté et précision lorsque le rythme s’accélère. Le comportement de la Commander est sain et n’a jamais réservé de mauvaises surprises. Le boudin de 200mm de large digère parfaitement la débauche de couple et de puissance, même en sortie de virage, sur l’angle (ou sur le repose-pieds, à vous de voir!). Et au moment de freiner, les gros disques de 310mm de diamètre offrent la puissance nécessaire à ralentir vivement la machine. D’ailleurs, même le frein arrière, également de 310mm, se montre très efficace et plus qu’un simple ralentisseur !
A bord de la Commander, les balades prennent des tournures de marathon : vous pouvez voyager loin et à rythme soutenu. En plus, l’agrément de conduite est "au top" ! Moteur, partie-cycle et ergonomie sont au rendez-vous. La Commander est un cruiser pour gros bras qui aiment rouler sans jamais s’arrêter pour le plaisir de la mécanique et du pilotage. Cerise sur la gâteau, elle est belle et sait se faire remarquer !
C’était bon, excellent même ! On aime et on ne s’en lasse pas ! Quand certains pensent acheter la référence symbolique des cruisers, ils feraient mieux de prendre le guidon de la concurrence anglaise, le temps d’un essai qui se montrera révélateur ! On profite de vous rappeler le slogan de Triumph : "For the ride". N’est-il pas évocateur ? En plus d’être charmantes à souhait, ces deux Anglaises sont performantes et agréables à rouler.