La Triumph Thruxton apparaît un peu comme une icône riche d'histoire, seulement elle n'existe que depuis 8 ans. Elle s'inspire en fait des Bonneville T120R qui elles-même descendent des trois Triumph Bonneville qui se sont appropriées le podium des 500 Miles de Thruxton en 1969. En 2008, c'est l'injection électronique qui vient remplacer les carburateurs, antipollution oblige. La Thruxton, comme les autres Modern Classic de la marque de Hinkley, a droit chaque année à sa palette de couleurs toujours très vintage. En 2012, le Phantom Black et le Diablo Red sont proposés avec une bande blanche; et depuis peu le Brooklands Green and Gold Stripe de la palette 2013 est arrivé au catalogue. Sur papier cette teinte semble sombre et proche du British Racing Green, mais sur la carrosserie la couleur est plus claire.
Regarder la Thruxton est un plaisir. Les carters en alu brossé et les chromes brillants font immédiatement effet. Prendre le temps de nettoyer toutes les parties visibles du moteur doit être aussi long qu'un 18 trous entre Gentlemen tant les caches en plastique ont déserté la machine. Chaque détail a son importance, tout a eu droit à une certaine attention. Mais après tout, une moto très orientée détente et plaisir de la ballade se doit de représenter un idéal, jusque dans le garage où elle pourrait rester un certain temps. Que dire encore des magnifiques jantes à rayons, des rétroviseurs en bout de guidon aussi pratiques que beaux, du sabot moteur en alu (en accessoire, CHF 169.-) ou encore de l'unique phare rond qui cache aussi le contacteur de clé. Chacune de ces parties mériterait plus qu'un mot dans cet article. Un bémol d'équipement cependant, le bouchon de réservoir chromé aurait dû recevoir une serrure d'office, au lieu d'apparaître dans la liste des accessoires (CHF 69.-).
Le plaisir de conduite est aussi au rendez-vous. Le guidon bracelet et les pieds légèrement en arrière offrent une position étonnamment confortable. Une surprise vous attendra la première fois que vous vous installerez dessus et saisirez les poignées; en effet celles-ci sont plus grosses qu'à l'habitude. La selle a reçu un cuir de couleur et d'aspect vintage et lorsque la place arrière est couverte par le capot de selle (accessoire) le look devient plus racing. Le rembourrage de l'assise est assez ferme et demande un peu de temps pour se former à votre fessier, mais passé la troisième ballade vous n'y penserez plus.
Dans l'idéal, un café racer fait un bruit de tromblon à l'échappement soudé maison. C'est ce que je souhaitais en allumant la Thruxton, même avec une sourdine pour passer les normes. Malheureusement, les silencieux n'ont de mégaphone que le nom. Le rodage à peine fini, l'anglaise est aphone. Au fil des kilomètres il me semble qu'elle s'est un peu (très, très peu) libérée. Catalogue des accessoires, échappements Arrow... pas besoin d'un dessin ?
Débloquer la direction sur la droite de la colonne, tourner la clé sur la gauche du phare : tel est le rituel du départ en ballade ! Un petit coup de starter s'il fait froid et la route n'attend plus que vous. La commande d'embrayage est très douce et progressive. De concert avec le sélecteur de boîte, les changements de rapport se font sans aucun à-coup. L'étagement de la boîte est lui aussi bien fait et colle très bien à la personnalité de la Thruxton. Étonnamment agile à basse vitesse malgré son poids, il n'y a que le faible rayon de braquage qui limite l'exercice. Une montée de col est un régal, l'anglaise se balance d'un angle à l'autre avec précision même si on y laisse un peu d'énergie. Le rouleur occasionnel qui veut un max de fun en peu de temps y trouvera son compte.
Avec le bi-cylindre de 865 cm3, la Thruxton a une chaussure à son pied. Même s'il ne se fait pas entendre comme on s'y attendrait, il donne parfaitement vie à cette moto. Offrant de bonnes reprises et accélérations sans pour autant être foudroyant, ce moteur allonge tout juste assez pour atteindre facilement 120 km/h. Pour accélérer encore il faudra plus de patience et bien se plaquer sur le réservoir. La consommation du bicylindre est honnête pour sa cylindrée. J'ai parcouru jusqu'à 200 km avant de voir le témoin d'essence s'allumer, cependant je l'ai aussi vu après 150km de pilotage soutenu. En chiffres, j'ai relevé des consommations allant de 5.2l à 6.9l pour 100km.
Les freins sont de la même trempe que l'injection sur cette moto. En effet les monodisques avant et arrière s'intègrent très bien dans l'esprit vintage de la Thruxton mais sont de conception récente et parfaitement dimensionnés. Les commandes permettent un très bon dosage et se passe allègrement de système ABS. Ils profitent aussi d'une excellente endurance: même en enchaînant deux cols séparés de 30km de lacets je n'ai pas senti la moindre faiblesse. La même ligne de conduite a été appliquée à la suspension: look ancien, performances d'aujourd'hui. Avec un tube à chaque coin, tous réglable en précharge, la suspension ne fait pas de mauvaise surprise. Ferme pour une très bonne tenue de route mais aussi rapide pour atténuer les défauts de la route.
En fait, peu importe la topographie du terrain. Sur tous les types de route que j'ai emprunté, il n'y avait que l'autoroute où l'importante prise au vent rendait le déplacement désagréable. Je me suis amusé partout ailleurs sans jamais me faire peur. La Triumph Thruxton est une moto passion très attachante, agréable à rouler autant qu'à regarder. On pourrait lui trouver des défauts, mais le look café racer me fait pardonner bien plus facilement. Choisissez la couleur qui vous plait, parcourez le catalogue des accessoires et vous aurez une amante anglaise tout juste comme vous l'aimez.