Sur le marché des cruisers (aussi appelés « customs »), le modèle d’entrée de gamme est important. Avant de se tourner vers les modèles haut de gamme, aux moteurs et au gabarit sur-dimensionnés, l’appétit du client débutant se contentera souvent d’une version « small ». Comme Harley-Davidson et sa 883, Triumph dispose d’un modèle abordable à tous points de vue.
En découvrant l’America, on comprend que chez Triumph « abordable » ne signifie jamais « au rabais ». Tout est à sa place et la finition est bien au rendez-vous. Seul le support en plastique chromé du bouchon de réservoir, qui accueille aussi quelques témoins, déçoit un peu au toucher. En bon cruiser, l’America se pare de chromes, sans en faire trop étalage non plus. D’ailleurs, avec sa ligne classique, on ne la classerait pour rien au monde dans la catégorie bad boy! Le design lui-même rassure et invite à découvrir sans s’inquiéter les joies du cruiser.
Le twin de 865cm3 issu de la Bonneville, dégonflé pour l’occasion, est mis en valeur par ses carters chromés. Avec 61 chevaux et 72Nm de couple, l’America n’affolera pas l’unique compteur chromé et continuera de rassurer son monde. Au niveau du compteur, justement, on peut regretter le manque d’informations délivré par celui-ci. Un totalisateur, un partiel et… c’est tout.
Un témoin de réserve prend place sur le réservoir, mais on aurait préféré une jauge d’essence. Heureusement, le petit compteur chromé qui surmonte le phare, c’est joli quand-même… Le pneu avant de 130, monté sur une roue de 16 pouces, donne une bouille très amicale à la moto. Installé très bas, les pieds en avant, on est saisi par le petit gabarit de l’engin. Un tour de clé sur le contacteur, déporté derrière la jambe gauche, un coup de démarreur et le vertical twin s’ébroue tranquillement. Y’a plus qu’à!
En manoeuvrant l’America pour sortir de l’enceinte de l’hôtel, sa facilité se confirme sans attendre. Très légère, elle se laisse déplacer d’autant plus facilement grâce à sa faible hauteur de selle. Une fois en route, l’America reste maniable et douce. Son petit moteur procure de petites sensations sympa à bas régimes mais devra être maintenu dans les tours pour offrir une poussée plus convaincante. Suffisant pour se balader peinard, le petit twin pêche face à de plus fortes cylindrées. Comme celle de la Thunderbird Storm qui roule devant moi et ne manque pas de me laisser sur place lors des relances…
En passant dans le centre-ville de Saint-Cyr sur Mer pour rejoindre les jolies routes de l’arrière pays, l’America se trouve tout à fait à son aise. Son moteur doux devient un précieux allié pour déambuler tranquillement dans les rues. Son petit gabarit lui permet également de se faufiler partout, ce qu’on n’oserait certainement pas faire avec une Thunderbird… Pas de stress possible, les déplacements urbains, elle maîtrise!
Sortis du centre, nous voilà partis à l’assaut d’une jolie départementale sinueuse. La file de journalistes s’étire un peu. Le rythme s’accélère et l’America tient le coup sans broncher. Si elle n’offre pas une puissance très élevée, elle n’en est pas frustrante pour autant. Son freinage est amplement suffisant compte-tenu de ses performances et les suspension offrent ce qu’il faut de rigidité pour supporter un rythme plus soutenu.
Cependant, les repose-pieds abdiquent rapidement, coupant court à toute velléité sportive. A des allures plus raisonnables, l’America est nettement plus à son aise et fait montre d’un confort appréciable. Se laissant conduire du bout des doigts, elle se fait presque oublier et laisse son pilote profiter de la route, du paysage et du beau temps. Le bicylindre tracte sereinement, avec une sonorité mesurée mais agréable.
Une vraie petite baroudeuse, cette America? En piochant un peu dans la liste des accessoires Triumph, on peut effectivement se lancer dans de longs trajets. Un petit pare-brise pour la protection, une paire de sacoches pour alléger le sac à dos et un weekend de voyage est tout à fait envisageable. Sa facilité de tous les instants et son gabarit rassurant en feraient certainement une bonne compagne de route.
Facile, agile, confortable, douce. La Triumph America ne fait pas partie des cruisers pour purs et durs. Les motards aguerris et amateurs du genre peuvent y voir, a priori, un manque de personnalité. Son moteur souffre de sa cylindrée réduite sur un segment plutôt gros bras. Cependant, pour une clientèle moins expérimentée ou tout simplement plus sage, l’America est une très bonne moto pour découvrir les joies de la catégorie… sans les désagréments!