KTM Suisse m’a mis à disposition une 790 Adventure T pour participer au HAT Pavia-Sanremo et une 790 Adventure R pour participer à la Gibraltar Race. Au total, je me suis farci près de 9'000 bornes à leurs guidons respectifs, dans presque toutes les conditions possibles et imaginables.
Pour l’occasion, on laissera également la parole à deux de nos lecteurs qui ont craqué pour la 790 Adventure R : Miguel Sousa, avec qui j'ai participé à la Gibraltar Race et Julien Delsalle, rencontré sur le Raid Passion désert et le Raid Suricate.
Le cœur de la KTM 790 Adventure, le nouveau bloc LC8c
Le nouveau twin parallèle LC8c dérivé de la Duke 790 délivre 94 chevaux sur papier. En pratique, si je me fiais au feeling, j’aurais parié pour une vingtaine de canassons supplémentaires. Même s’il monte allègrement à plus de 10'000 tr/min, sa zone de fonctionnement idéale se situe entre 4'000 et 7'000 tr/min, là où l’on profite au maximum de son couple. Au-dessus, il faut s’accrocher, ça commence à envoyer grave, ça vibre, et le tout avec un bruit d’aspiration assez flatteur.
En dessous de 3'500 tr/min, le nouveau LC8c n’est pas un modèle de souplesse, contrairement au LC8 des 1090 et 1290. A basse vitesse en mode « Street », il a tendance à faire des à-coups désagréables. La ville ou sur les routes limitées à 30 km/h du Tirol par exemple (plus jamais !), ce n’est vraiment pas son truc. Fidèle à l’ADN de la marque, sa raison d’être est dans la conduite sportive.
Un appétit de moineau
La consommation d’essence est une vraie surprise pour ce moteur qui semble pousser à une conduite sportive. Sur 9'000 km, j’obtiens une moyenne de 4.3 l/100 km. C’est peu comparé aux anciennes 950 et 990 qui sifflaient allégrement le double, surtout qu’à aucun moment ma priorité n’a été de rouler économique. En mode voyage, il est tout à fait envisageable de descendre en dessous de 4 l/100 km. Cet appétit d’oiseau associé au réservoir de vingt litres permet d’envisager sereinement des étapes de 400 à 450 km.
La « demi » jauge à essence
Pour des raisons techniques, à cause de la complexité de la forme du réservoir, les ingénieurs de KTM ont dû se résoudre à intégrer une jauge à essence ne fonctionnant qu’à partir de la moitié du réservoir. Afin d’éviter les mauvaises surprises, il vaut donc mieux se fier au compteur journalier en n’oubliant pas de le remettre à zéro après chaque plein. L’autonomie indiquée est parfois très fantaisiste avant que le niveau n’atteigne la moitié du réservoir. En pratique, ça ne m’a pas vraiment dérangé, je partais tous les matins avec le plein, et le refaisais par sécurité une fois passé le cap des 300 km. Par contre par principe, sur une moto dans cette gamme de prix, je trouve ça un peu limite.
Le quick shifter, indispensable !
Le quick shifter est installé de série sur la 790 et disponible en option pour CHF 459.- sur la R. Il fonctionne à merveille aussi bien pour monter que pour descendre les rapports sans toucher la poignée d’embrayage. C’est non seulement efficace, mais surtout très grisant d’ouvrir la poignée de gaz à fond et de passer les rapports à la volée. Je me suis très rapidement habitué à l’utiliser tout le temps sur route et même passablement sur des passages roulants en tout-terrain. Par contre en duo, il a surpris ma passagère qui se tapait le casque contre le mien à chaque changement de rapport, du coup, je l’ai laissé tomber pour la conduite à deux.
Tout comme j’avais été conquis par le DCT de l’Africa Twin, je n’envisagerais pas l’achat d’une 790 Adventure sans le quick shifter. Quitte à acheter une moto moderne, autant profiter de la technologie.
L’embrayage à câble, enfin !
A ma grande surprise, je découvre que l’embrayage de la 790 Adventure est à câble ce qui n’est pas coutume chez les Autrichiens qui équipent toutes leurs enduros d’embrayages hydraulique depuis le début des années 2000. Il est souple, facile à doser et n’a rien à envier à un embrayage hydraulique. Un choix certainement dicté par des raisons économiques, mais qui au final est un avantage pour les utilisateurs.
Les défaillances de récepteur d’embrayage hydraulique Magura sont bien connues des possesseurs de KTM Adventure tous modèles confondus. J’ai moi-même été victime de ce problème sur ma 640 Adventure dans le désert tunisien.
Les solutions les plus simples sont souvent les meilleures et franchement, en voyage, il est infiniment plus simple de remplacer voir même refabriquer un câble en cas de rupture que de réparer ou entretenir un embrayage hydraulique défaillant...
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