A vitesse constante, la Diavel se comporte comme une vraie moto touring. Le niveau sonore reste élevé et vous rappelle qu'entre vos jambes somnole une bête prête à rugir à la moindre rotation de la poignée des gaz. Côté vibrations, le Testastretta sait se montrer discret. Même à la relance, à peine en sous-régime, la Diavel bondit sans hésiter et, surtout, sans cogner.
Les motoristes de Ducati ont su conférer au Testastretta un comportement digne d'un twin hargneux tout en gommant les fameuses tares que l'on reproche toujours à l'architecture bicylindre (à-coups à bas régime, manque d'allonge et vibrations).
De la partie mécanique, je ne reproche que l'imperfection de la boîte de vitesses. Les premiers rapports crochent et peinent à correctement verrouiller, sans parler des faux points morts si je ne prends pas garde à tirer le sélecteur jusqu'en butée.
Dès que j'accélère le rythme, je remarque que la Diavel jouit pleinement de son poids contenu. Son agilité, pour un cruiser visuellement imposant, est un réel atout face à sa concurrence représentée par les Triumph Rocket III et Yamaha V-Max. Malgré son boudin arrière de 240mm, la Diavel se laisse balancer d'un angle à l'autre sans devoir donner des coups de rein démesurés. La partie-cycle est d'excellente facture et permet de passer fort en virage comme accélérer tel un "goret" alors que la moto est encore sur l'angle sans que le contrôle de traction ait à se soucier. Le bon compromis entre confort et performances a été trouvé pour des capacités dynamiques de premier ordre.
Quant au freinage, c'est du Brembo : des étriers monobloc à fixation radiale et quatre pistons enserrant deux disques de 320mm de diamètre pour l'avant, et, pour l'arrière un disque de 265mm et un étrier flottant à deux pistons. Alors que le frein arrière est un honnête ralentisseur, le frein avant est digne des performances d'une supersportive. L'attaque est très puissante et la progressivité très dosable. Freiner nonchalamment avec un doigt est désormais possible sans se fatiguer l'index ! Du jamais vu pour une moto à vocation touring !
N'oublions pas que la Diavel, dans sa version Strada, a été étudiée pour satisfaire aux motards avides de longues balades ! D'ailleurs, pour parfaire le test, demandons à ma passagère de prendre place sur le mini-fauteuil qu'offre la Strada. Bien rembourrée et dotée d'un sissy-bar, cette selle passager semble accueillante au premier coup d'oeil. Hormis l'encombrement des valises qui gêne au moment de s'installer (peu d'espace entre la moto et la valise), la place passager est royale : les jambes repliées comme il le faut pour une bonne circulation sanguine, le sissy-bar suffisamment haut pour s'y reposer et donc décharger le pilote, une selle bien large et moelleuse... Ce n'est pas ma passagère qui s'est plainte après plus d'une heure trente de route !
Quand Ducati a présenté cette déclinaison embourgeoisée de sa Diavel, beaucoup se sont questionnés sur les prétentions des Rouges souhaitant percer dans le marché des GT. Finalement, après un essai prolongé de plus de mille kilomètres, je dois avouer que la Diavel Strada a convaincu par son grand charisme, ses performances de permier ordre et par ses facultés au touring. Avec cette Ducati, c'est une manière unique de voyager différemment. Coup de coeur garanti !