Tous les essais se sont bien déroulés, stop. Pas de casses à déplorer (même si j’ai bien essayé), stop.
Ben, ce serait vraiment dommage de casser déjà des motos, si jeune dans l’activité (là, je touche le bois de mon slider), si vieux dans l’âge. Tout juste avons-nous raté la correspondance Lisbonne-Faro parce l’avion a décollé avec trois heures de retard de Genève… Et du coup, trajet Lisbonne-Faro en voiture de loc et expédié tambour battant et sous une pluie toute aussi battante, pour arriver en temps et en heure au briefing de la Thruxton RS – chapeau bas, Yves.
Les essais m’ont fait voyager dans deux pays européens : l’Espagne et le Portugal. Du côté de Girona et vers Almeria, aux contreforts de la Sierra Nevada pour les essais en terre ibérique, et en Algarve pour ceux qui se sont déroulés au Portugal. J’ai vraiment, vraiment adoré les paysages traversés et les magnifiques routes de l’Algarve, la gastronomie locale. Et cette ambiance et cette lumière, qui sont vraiment magiques. J’y retournerai, je reviendrai. En road trip. Promis.
En fait j’en ai trois à partager avec vous, pas juste une : la première concerne l’achat de ma Speed Triple RS en février 2018 (photo). Coup de foudre sur le compte-rendu de Steve (Gonzo). La lecture finie, j’ai filé direct chez le concessionnaire et passé commande. Sans l’avoir essayée. Merci Steve ! Bon j’avais testé la R de 2017, pas transcendé, mais là… Il y avait quelque chose. Un raffinement so british, la première livrée en Suisse, m’a-t-on dit. Deux ans de bonheur ont suivi cet achat, par monts et par Vaud, de la route aux circuits, avec un égal bonheur. Aujourd’hui, sa petite sœur l’a remplacée. Et c’est moi qui ai eu l’honneur d’aller la tester en Espagne.
La seconde anecdote, c’est le brouillard à Portimao, pour l’essai de la très kolossale et très bestiale KTM SuperDuke R 1290 2020. Cette fois-ci la séance de test sur circuit a lieu le matin, sur un circuit inconnu qui ferait passer le Lédenon pour petit toboggan tout plat (j’exagère un peu le trait, là. Le Lédenon me fait toujours autant flipper). Un brouillard dense. Et une bande de furieux devant, emmené par Chris Fillmore... Et j’ai le cul posé sur un baril de poudre, un truc bestial qui ne demande qu’à t’éjecter à la moindre accélération trop optimiste, à la puissance et au couple qui débordent de partout et qui ne pense qu’à te satelliser au moindre geste inconsidéré. Et du coup, les virages en aveugles sont négociés… vraiment à l’aveugle. Flippant.
Enfin, la dernière anecdote concerne la grêle à Almeria, pendant les essais BMW (F900R, F900XR et S1000XR). C’était à bord du roadster F900R, en descendant des contreforts montagneux et de Lucainena de las Torres. Sous un ciel bas et lourd comme un tombeau, et menaçant comme un taureau de combat. Chargé et sombre.
D’abord une pluie fine, qui s’intensifie lorsque nous rentrons sur l’autoroute. Avant de se transformer en une énorme, inouïe averse de grêle. L’autoroute est blanche, les grêlons sont de la taille d’une bille. On roule sur des œufs. Je serre les fesses, je regarde loin. J’essaie de me calmer. Les voitures, les camions, les camping-cars, tous roulent au ralenti. On se suit, on ne dévie pas de la trace. Véhicules de travers. On double les camions. Dans les voitures, on nous regarde passer avec des gros yeux.
Pas tomber. Regarder loin. On se détend. On a roulé comme ça cinq, dix kilomètres. Je ne sais plus. Je suis trempé. Je commence à flipper. Et puis quelqu’un a soulevé ce couvercle apocalyptique, laissant filtrer la lumière et la chaleur. On arrive à l’hôtel, on se regarde, on se tape dans les mains. On se marre comme des glands. On est vivants.