Des Suisses à la Gibraltar
Me voilà au prologue à Gdansk au guidon d’une magnifique 790 Adventure R à peine rodée prêtée par KTM Suisse. Sur les 75 participants d’une dizaine de nationalité, nous sommes quatre Suisses. J’en profite pour vous faire une petite présentation de mes compatriotes.
Dominique Durussel, c’est l’expérimenté. Valaisan et personnage haut en couleur, il venu avec sa chère et tendre. Laurence, qui s’occupe de son assistance et celle de leur ami Italien Renato Zocchi avec son fourgon. Dominique en est à sa 3ème participation, toujours au guidon de sa fidèle Honda XR400. Tout le monde le connait ici, et ce n’est pas à cause de l’odeur de la demi-meule de fromage à raclette qu’il a embarqué avec lui ! En 2017, sans expérience il termine 5ème. L’année suivante il doit abandonner sur chute et revient cette année avec l’objectif de gagner la catégorie « Motos anciennes ».
Même s’il est inscrit comme le seul français en course, Jmi Randria habite en Suisse et du coup je le considère comme un des nôtres. Globtrotter à moto et en 4x4, nous avions publié ses aventures en Afrique sur Acidmoto en 2015.
A 33 ans, il sort d’un rude combat de deux ans contre un cancer qui l’a cloué dans un lit d’hôpital pendant des mois. Il s’est fixé comme objectif de participer et terminer la Gibraltar. Il roue avec une KTM 690 Enduro, équipé d’un kit rallye et fortement rabaissée. Vous pouvez suivre ses péripéties sur son blog.
Alors qu’un être humain normalement constitué nécessite en principe une greffe d’anus après un trajet de plus de 500 km sur la selle de la KTM Adventure 790R, Miguel Sousa, s’est tapé les 1'634 km du trajet Yverdon-Gdansk d’une seule traite et ne s’est même pas plaint en arrivant! C’est un vrai roule-toujours qui enquille facilement 40'000 km par année. Pour l'occasion, il a délaissé sa GS 1200 au profit de la même KTM 790R que moi. Je l’ai rencontré sur un Hard Alpi Tour il y a quelques années et depuis on participe régulièrement à des évènements de ce type ensemble. C’est un excellent compagnon de route et un bon motivateur car il n'abandonne jamais.
Les forêts d’Europe de l’Est
En Pologne et en République Tchèque, les premières spéciales se déroulent dans d’immenses forêts. On peut directement oublier la fonction « routing » de nos GPS, car de nombreuses pistes n’existent même pas sur nos cartes. L’organisation a pris un malin plaisir à placer les points de sorte à rendre la navigation difficile et on se retrouve dans une sorte de course d’orientation. Il vaut mieux s’arrêter de temps à autre afin de s’assurer d’être sur la bonne voie car manquer un point ou les prendre dans le désordre coute cher en pénalités.
A ma plus grande surprise, je découvre que je suis 7ème au classement général le matin de la 2ème étape ! A moins de 20 minutes de mon heure de départ je suis encore en shorts en en tongs en train de me préparer des tartines avec toutes mes affaires éparpillées dans la chambre d’hôtel... Malgré une précipitation à stresser un bernois, je me pointe en retard au départ et écope de pénalités. Je réussi même à perdre ma feuille de route dans la précipitation, c’est dire si j’étais à la bourre !
Ce résultat inattendu et ce départ en catastrophe me chamboule complètement. Moi, le pseudo voyageur au long court qui étais venu ici avec comme seul objectif de terminer la Gibraltar, je me découvre soudain des ambitions compétitives insoupçonnés… Dans ma tête, je suis déjà quasiment inscrit au Dakar 2020… Enfin, jusqu’à ce que je chute à l’arrêt dans une flaque de boue devant la voiture de l’assistance médicale en voulant faire coucou à l’infirmière… Bon, le Dakar ça attendra encore un peu, n’empêche que je suis surpris en bien à quel point ma KTM 790R est facile à relever, parce qu’avec 200 kg à sec, sur le papier ça ne s’annonçait pas gagné …
Les jours qui suivent, je me mets la pression en roulant au-dessus de mes capacités, ce qui me vaut de belles frayeurs, quelques chutes sans gravité et des erreurs de navigation qui me feront perdre quelques places au classement.
C’est finalement une grosse gamelle de mon pote Miguel, juste devant moi qui me remettra les pendules à l’heure. Il s’est fait mal à l’épaule et il s’en est fallu peu qu’il ne doive abandonner la course. Il nous reste onze étapes, si on veut arriver au bout, il va sérieusement falloir baisser un peu le rythme!
Cette première partie Est-européenne se termine avec une magnifique étape au départ d’un aérodrome abandonné en République Tchèque qui nous amènera au nord de l’Allemagne, à Passau.
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