Le jour de repos signifie également la fin ou le début de la Gibraltar pour certains. Une demi-douzaine de participants ayant choisi de faire la formule « Express » de sept jours nous quittent et sont remplacés par de nouveaux arrivants ayant également choisi cette option pour la seconde moitié.
En route pour Carcassonne, la seconde étape française totalise près de 100 km d’off-road pour un total de 400 km. C’est beau et varié et surtout c’est plus roulant et facile qu’en Italie. Je dois rouler à 100% de ma capacité pour réussir à quasiment terminer les spéciales dans les temps.
L’Espagne : l’eldorado du tout-terrain
Dès le moment où l’on franchit la frontière espagnole, le ratio de tout-terrain augmente drastiquement pour atteindre 50% des étapes journalières. Le terrain de jeu change également et les pistes deviennent moins cassantes et encore plus roulantes à l’exception de l’étape Prullans-Barbastro qui me donnera bien du fils à retordre.
Mon GPS commence à me causer des soucis. Je perds le signal durant toute la première spéciale et je n’ai plus aucun moyen pour me diriger. Heureusement que mon pote Miguel est juste devant moi et qu’il s’assure que j’arrive à le suivre à chaque bifurcation.
Les spéciales qui suivent sont les plus techniques de toute la Gibraltar. Elles sont vraiment typée « enduro » et c’est un vrai chalenge de se lancer dans ces pierriers aussi bien sur des montées que des descentes hyper raides. Si on m’avait montré ça avant mon inscription j’aurais dit que je n’y arriverais pas avec une si grosse moto ! Pourtant, la 790 passe partout, et moi je la suis comme je peux.
Depuis le début de la course, il y a des abandons quotidiens pour cause d’accident et de casse. Cette étape aura raison de la mécanique du leadeur au classement général, l’allemand Jens Behling qui avait posé la barre haute avec un pilotage quasi parfait. Au guidon de sa BMW R100 HPN Rally, une moto de 30 ans, il représentait le parfait gars sympa et humble qu’on aurait aimé voir gagner la course.
L’étape suivante commence directement avec une méga spéciale de 100 km où je suis victime d’une crevaison qui me fait perdre une bonne demi-heure. C’est ma première réparation d’un pneu tubeless, heureusement que j’avais regardé une vidéo sur YouTube avant de partir…. Mon compresseur chinois ne fonctionnant pas, j’attends le passage de deux Finlandais en Husky 701 qui me prêtent une pompe à main. Comble de l’ironie, quelques kilomètres plus tard, c’est eux qui seront arrêtés au bord de la route avec un plat…
Je me donne à fond pour essaye de rattraper comme je peux mon retard quand mon GPS refait des siennes... Je suis condamné à suivre d’autres participants pendant une bonne heure avant qu’il décide de fonctionner à nouveau et de pouvoir rouler à mon rythme.
Durant les étapes 12 et 13, qui nous mènent à Zamora, puis à Orense, on a perdu près de 10°C, ce qui rend la conduite bien plus agréable. On se fait même une petite incursion au Portugal, où l’on roule sur les crêtes de collines pendant des dizaines de kilomètres. C’est magnifique.
Ces derniers jours, on traverse de nombreux petits villages où les maisons tombent en ruines et plus aucune âme ne semble y vivre. On dirait que le temps s’y est arrêté il y a un siècle et seuls quelques détails ça et là attestent d’une présence humaine récente. Le contraste est saisissant avec les pistes qui longent les collines où des centaines d’éoliennes, symbole de l’énergie du futur, ont été érigés.
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