Venant compléter le vaste choix de motos Honda, ce nouveau roadster à priori facile se destine à tous les motards, du débutant au pilote chevronné. C’est la moto que l’on voudra pour se rendre au travail ou pour se balader à un rythme plus ou moins effréné sur des routes sinueuses.
Un look valorisant et dynamique, des finitions au top, un comportement routier sans faille, économique à l’usage comme à l’achat, ... lors de la conférence de presse, le staff Honda promet beaucoup avec son nouveau joujou !
Avant de sauter sur sa selle, prenons quelques instants pour la détailler. A prime abord, cette "petite" 650 en jette avec son look de streetfighter. Les masses sont concentrées vers l’avant au profit d’un arrière effilé et relevé. Vue de fasse, cette CB joue les gros bras avec des "épaules" bodybuildées. Son phare avant caractéristique des CB, ses magnifiques jantes à six bâtons dédoublés et disposés en spirale, son large pneu arrière (180mm), son bras oscillant en alu travaillé, ses disques de freins avant de 320mm en pétales, son silencieux d'échappement en position centrale, son bloc-compteur au look sportif, ... la CB 650F soigne les détails. Quant au combo de couleurs HRC (Honda Racing Corporation), on craque ! Du blanc et du rouge avec quelques touches de bleu... et on finit par s’extasier devant les jantes dorées. Honda fait fort !
Côté motorisation, on trouve un nouveau bloc quatre-cylindres de 649cc développant 85cv à 11’000tr/min et 63Nm à 8’000tr/min. Bien que la consommation d’essence soit annoncée à moins de 5 litres pour 100 kilomètres parcourus, le moteur ne néglige pas pour autant les performances et l’agrément de conduite. D'ailleurs, les motoristes ont souhaité qu'il développe l'essentiel de son couple dans les bas et mi-régimes... améliorant ainsi les reprises et favorisant les économies de carburant.
Un châssis de type Diamant supporte le moteur et assure la rigidité de l'ensemble. Au châssis s'agrippe un bras oscillant en alu ultra-léger. Quant aux éléments de suspension, il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Ce sont une fourche standard de 41mm de diamètre et, à l'arrière, un amortisseur réglable en précontraire sur sept niveaux. Rien de transcendant ! Enfin, si c'est pour réduire les coûts de production, ces choix profitent à l'acheteur, et c'est tant mieux !
D'ailleurs, à ce sujet, la CB 650F est affichée CHF 8'960.-... pile à mi-chemin entre ses concurrentes Kawasaki ER-6n (L2) et Yamaha XJ6 (L4) et au même prix que la Suzuki Gladius (V2). Honda attaque donc le marché violemment, le couteau entre les dents, avec la ferme ambition de voler la vedette aux marques concurrentes ! Seulement, il faut penser à l'entrée de gamme Yamaha MT-07 (L2) qui ne passe pas inaperçue avec sa conduite "fun" et son prix plancher.
La "petite" CB s'enfourche sans effort. Sa selle culmine à 810mm et présente une étroitesse raisonnable qui permettra aux plus petits gabarits d'avoir les pieds au sol tout en bénéficiant d'un réel confort.
Avant même de démarrer la machine, la position surprend par son naturel : le dos droit, les jambes repliées sans excès, les bras allongés. Le guidon tombe naturellement sous les mains, de même que les commodos. Honda n'a pas lésiné sur l'ergonomie. Ce confort se confirme encore dès que l'on scrute le tableau de bord ; entièrement digital, ce dernier est lisible en un clin d'oeil peu importe la luminosité et d'un design flatteur. Toutes les informations attendues de l'ordinateur de bord y sont. On ne regrette que l'absence d'un indicateur de rapport engagé... élément quasi-indispensable pour les apprentis conducteurs.
D'un bref coup de démarreur, le quatre-cylindres s'ébroue sans fracas. Discret, ce n'est pas l'échappement d'origine qui réveillera les voisins de quartier. Enfin, il suffit de donner quelques coups de gaz pour que le 650cc se mette à japper dans un feulement typique des quatre-cylindres en ligne.
On passe le premier rapport qui se verrouille sans sourciller. La commande d'embrayage à câble est légère et il n'est pas nécessaire d'avoir une poigne de bûcheron pour l'actionner. On relâche doucement l'embrayage tout en donnant un soupçon de gaz et la CB s'élance tout en douceur. Pas d'à-coups ni de vibrations ! Le moteur est souple et doux. On apprécie les qualités du quatre-cylindres signé Honda. On passe les rapports à la volée sans dépasser les mi-régimes. Idéalement étagée sur les premiers rapports, la boîte de vitesse se marie avec la souplesse du quatre-cylindres. En ville, on se délecte à slalomer entre les voitures, même si le jeu est interdit. Sans même dire que le rayon de braquage est ridiculement petit, l'épreuve urbaine est remportée avec brio !
Bien que traverser la ville soit fait avec aisance, on préfère se diriger vers des routes plus sinueuses. Aussi, à force de rouler sur le couple, la main droite démange et les quatre-vingt-cinq chevaux de la CB demandent à s'exprimer. Tombons quelques rapports, histoire de stabiliser le moteur à 5-6'000trs/min ! A ces régimes, la poignée des gaz se montre un poil trop sensible et aura tendance à provoquer un à-coup gênant au moment de la remise des gaz, notamment dans les virages, sur l'angle. Heureusement d'ailleurs que les pneus, des Dunlop RoadSmart 2, présentent un profil rond favorisant une bonne stabilité sur l'angle. Ceci dit, il faut avouer que ces pneux ont été un bon choix et se sont montrés en adéquation avec le comportement (et la vocation) de la machine.
Revenons à nos moutons ! Nous disions : moteur, main droite, puissance, virolets... ça vous parle ? Tenons-nous au deuxième et troisième rapports de boîte pour tirer tout le potentiel de la CB dans les petits lacets et enfilades. Les montées en régime sont franches tout en se distinguant par une parfaite linéarité. Ni creux, ni avalanche de couple. Le 650cc est facilement exploitable et son comportement met vite en confiance. A tel point que l'on ne se gênera pas de mettre plein gaz en sortie de virage. Les Dunlop décrochent progressivement sans surprendre. En selle, on sent une légère dérive qui n'est pas malsaine.
On ne se lasse pas d'enchaîner les virages. Pif-paf-pif ! La CB se laisse guider aisément d'un virage à l'autre sans brutalité ni surprise. La moto est dans son élément et met en confiance à tout instant.
Ce n'est qu'au freinage que l'on déplorera un enfoncement prononcé de la fourche. Il sera nécessaire de relâcher gentiment les freins avant de se jeter dans le virage, au risque d'être déstabilisé par des mouvements de fourche indésirable.
L'amortisseur ne brille pas non plus sur les déformations prononcées de la route. Autant il se montre ferme sur les petites imperfections, autant il est mollasson lorsqu'il s'agit d'amortir de gros chocs. Enfin, ce n'est qu'en usage (vraiment) intensif et sportif que l'on trouvera à redire au roadster Honda. Finalement, la CB n'a pas été conçue pour l'arsouille pure et dure !
En critiques que nous sommes, les freins n'ont pas fait l'unanimité. Bien que suffisamment puissants en utilisation routière, les freins avant ont pêché par leur manque de feeling. Chercher la limite d'adhérence en freinage extrême, ou tout simplement juger la puissance, n'a pas été évident (on cherche encore !). Le système ABS serait-il a l'origine ? Enfin, même en pilant sur les freins, la moto reste stable et saine.
Pour ne pas finir sur une note négative, il faut se mettre à l'évidence que la CB 650F n'a pas les prétentions d'une streetfighter, comme les a une certaine Triumph Street Triple R...
A son avantage, elle a le design, la facilité, un comportement sain et un moteur aux performances généreuses pour s'amuser sur route ouverte. Au final, Honda livre une moto aboutie et parfaitement homogène que les jeunes permis adoreront !
Elle sera la bonne copine du novice, du jeune motard et du pilote chevronné qui cherche une moto au design valorisant, facile en ville et exploitable sur nos routes de campagne.