Qu’est-ce qui m’arrive ? Après un été passé sur des motos puissantes, innovantes, sidérantes voire effrayantes, je me retrouve en extase devant… un roadster 600 tout simple, avec quatre cylindres et un logo japonais sur le réservoir. Au moins elle n’est pas bridée, c’est déjà ça : 78 chevaux à 10’000tr/min. Pas mal, mais pas décoiffant comme puissance… Mais bon sang, qu’est-ce qu’elle a de plus que les autres ?
Elle est jolie, ta copine!
A bien la regarder, il faut avouer que la XJ6 est mignonne. Surtout dans ce coloris blanc crème, qui suit la mode tout en se distinguant de la masse. La ligne est plutôt réussie et donne une bonne petite bouille à la Yamaha. Elle a l’air très douce, avec peut-être un soupçon de malice dans son regard, grâce à un phare avant au design affûté. Le bras oscillant, à tubes rectangulaires, n’est pas le plus joli de la production, mais il faut bien faire des économies quelque part. L’ensemble coque arrière-feu stop aurait également pu être un peu plus travaillé. Bah, un petit support de plaque «taille-basse» et on n’en dira plus que du bien !
Se regarder avec un air émerveillé c’est bien joli, mais l’envie d’aller plus loin se fait pressante. Les mains trouvent naturellement le petit guidon, idéalement cintré. On pose les yeux sur un bloc compteur bien étudié et sympa à regarder. On se sent bien sur la XJ6, comme si on l’avait toujours connue. Nous voilà ensemble, prêts à partir où bon nous semble. Eh bien, allons-y !
En se promenant dans la ville, la XJ6 est de bonne humeur et moi aussi. Quand on s’entend aussi bien, traverser la ville devient vite un plaisir. Légère et douce, la Yam’ s’accommode très bien du trafic et sait s’en défaire si son pilote perd patience. A basse vitesse, l’échappement débouchant sous le pied droit s’occupe de la bande son. Une jolie petite voix qu’on perd une fois que l’allure augmente. Bah, un peu de discrétion ne fait de mal à personne. A l’arrêt, la XJ6 attire le regard de quelques badauds, sensibles à son charme discret mais présent. Les asiatiques, ça en fait craquer plus d’un… En la manoeuvrant, on retrouve la même facilité grâce à ses dimensions contenues. Zéro faute en ville pour la copine ! Mais il est temps de trouver un coin moins fréquenté pour savoir jusqu’où elle veut bien aller…
Une fois sur les routes cantonales, c’est un retour aux sources qu’offre la XJ. Je me revois des années plus tôt, lors de mes premières virées en solo sur ma vieille Bandit. Ma moto, un plein d’essence et aucune destination précise, juste l’envie de rouler. La XJ6, comme beaucoup de ses cousines basiques, goûte à tout avec un plaisir sans limite. La petite Yam’ n’excelle nulle part mais est bonne partout. A un rythme tranquille, on ne pense même plus à son pilotage, tant elle est facile à emmener. Une qualité rassurante pour les débutants, à qui elle s’adresse en priorité. Le confort de la selle et des suspensions permet de longues virées sans craindre trop de fatigue.
La promenade tranquille, ça va un moment, mais la jeunesse d’aujourd’hui a besoin de sensations fortes, d’adrénaline ! Mieux que le coup de la panne, l’astuce du col de montagne ! Les sorties à l’improviste, sans destination précise, mènent souvent en ces lieux propices aux ébats motocyclistes. En haussant le rythme, je constate que les 78 chevaux annoncés sont bel et bien présents ! Le quatre-cylindres est vif dans les tours et offre une poussée idéale pour s’amuser sans se faire peur. Dès les premiers freinages, j’apprécie le mordant des étriers avant et la présence rassurante de l’ABS (en option).
La fourche subit un peu, mais l’avant suit le mouvement une fois qu’on relâche la pression pour entrer en courbe. La XJ6 aime le sport et, pour autant qu’on ne la brutalise pas, fait des merveilles entre des mains expérimentées! Un vrai régal ! Passer d’un angle à l’autre en un éclair, ouvrir en grand dès le point de corde sans aucune appréhension, on ose beaucoup sur la petite Yam’ !
En augmentant encore la cadence, l’arrière commence à pomper un peu. La XJ6 met gentiment fin à notre petit jeu du «jusqu’où iras-tu ?». Faisant bien mieux que se défendre, elle est plus à l’aise dans les petites enfilades que dans les courbes rapides. Derrière son allure de petite moto bien sage se cache une teigne qui surprendra plus d’un audacieux ! Une bien bonne surprise ! Il est quand-même temps de revenir à un rythme plus sage et de rentrer à la maison après cette belle balade.
Les plaisirs les plus simples sont souvent les meilleurs. Une maxime qui convient bien aux roadster mid-size, donc à la XJ6. Si on n’oserait pas la qualifier de «dépouillée», son design étant très bien étudié, on se permettra de la juger «authentique» et «adorable».
Authentique car elle fera certainement vivre leurs premières émotions motocyclistes à de nombreux débutants. Adorable car elle rappellera peut-être aux plus expérimentés des motards ces émotions de leurs débuts, sûrement vécus sur une machine de son genre. Décidément, le monde serait bien triste sans des bonnes copines comme la XJ6 !