Chez les Verts, depuis 2006, l’ER-6n est un cheval de bataille. Accessible, abouti et doté d’un grand coeur, ce petit roadster a su séduire motardes et motards aux quatre coins du monde. Il est apprécié pour son agilité, sa facilité, son caractère, mais aussi pour son prix (moins de CHF 10’000.-) ! En 2012, l’ER-6n peaufine ses acquis et revient sur le marché pour contrer les Gladius, NC700S, XJ6 et autres CBF600... La bataille peut commencer, ou continuer !
Le roadster ER-6n a été revu de fond en comble mais garde tout de même son allure si typique. Son cadre périmétrique à doubles tubes parallèles et sa suspension arrière déportée l’identifient clairement parmi la concurrence. Sa nouvelle tête de fourche plongeante aux lignes fluides et agressives surplombée d’une casquette fumée et ses écopes de radiateur galbées soulignent son style de roadster moderne. Son réservoir bombé présente des enjoliveurs plastifiés du plus bel aspect. Le Neiman prend place à l’avant du réservoir. Sa selle est dorénavant en deux parties pour un look plus sportif. Son silencieux d’échappement est maintenu en position basse avec une sortie latérale ; le centrage des masses et l’abaissement du centre de gravité est donc recherché. On notera des détails de finition très plaisants tels que des clignotants à cabochon transparent, un feu arrière à diodes lumineuses, un sabot-moteur, un lèche-roue, des disques de frein en pétales de 300mm, des jantes à six battons fins et des caches de protection des tubes de fourche.
L’ensemble compteur/instruments sort la carte de la séduction. Rarement, d’oeil de journaliste, nous n’avions vu un aussi bel ensemble, homogène et esthétique ! Un écran multi-fonctions bleuté surmonté d’un compte-tours à aiguille bleue rétroéclairé par des LED blanches. De nuit comme de jour, la lisibilité est parfaite. Sur l’écran multi-fonctions sont indiquées de nombreuses informations : le niveau de carburant, le compteur de vitesse à affichage digital, la montre, le totaliseur kilométrique et les deux partiels. De plus, il affiche l’autonomie restante, la consommation moyenne/instantanée et le fameux témoin de conduite économique découvert sur la routière GTR 1400.
Le souci du détail et d’excellentes finitions au profit d’un esthétisme sans reproche, Kawasaki nous a sorti le grand jeu !
Côté mécanique, Kawasaki a pensé au plaisir de conduite dans toutes les situations. Le moteur bicylindre en ligne de 649cm3 est conservé et ses caractéristiques améliorées. Sur le papier, on perd un poil de performances, mais en réalité, les Verts ont revu la courbe de couple pour offrir plus de souplesse à bas et mi-régimes. Un vrai plus pour la conduite urbaine et la balade à deux !
L'ER-6n n'est pas seulement nouvelle de par son design, mais aussi de par son châssis et sa partie-cycle. Le châssis périmétrique à double tubes est étroit et léger, sa partie centrale adopte le type mono-poutre pour plus de finesse. Un bicylindre compacte, un châssis du même acabit et une selle svelte et basse, les petits gabarits et la gente féminine seront à l'aise !
La suspension a bénéficié d’une cure de jouvence. La nouveauté réside principalement dans l'augmentation du débattement, 2mm à l'arrière et 5mm à l'avant. La fourche s'allonge de 15mm. Les ressorts sont ainsi plus souples. Il en résulte un combiné de suspensions plus confortable sans perdre de leur précision. Toujours au menu des éléments de confort, la selle se scinde en deux pour cette édition 2012. Aussi, sa mousse gagne en épaisseur.
Un bicylindre, ça vibre, on ne vous apprend rien ! Les ingénieurs Kawasaki ont pensé à réduire les vibrations générées par le bicylindre. Ainsi, la selle est montée sur des silent-blocs. Il en va de même pour les platines de repose-pieds, conducteur comme passager.
Confort, ergonomie et plaisir ont été les maîtres-mots de ce nouveau cru !
Troquant la Kawasaki Versys 1000 contre cette ER-6n, la transition est violente ! La Versys, c'est haut, c'est large, c'est lourd, ... l'ER-6n, c'est tout le contraire ! Svelte, légère, athlétique, esthétique, fluide, ... Les premiers tours de roue sont déroutants. Un vélo ! Son très bon rayon de braquage et son faible encombrement facilitent clairement les manoeuvres à basse vitesse. Idéal pour l'apprentissage et pour passer le fameux gymkhana imposé à l'examen du permis de conduire.
Pour s'extraire de la ville, la petite verte se faufile avec agilité et sans difficultés entre les "boîtes à roues". Le moteur est d'une douceur exemplaire pour un bicylindre. Bas dans les tours, le petit 649cm3 tracte sans peine et sans cogner. Rapidement, on prend l'habitude de se caler sur le quatrième rapport à 50km/h... et pourquoi pas sur le cinquième, si la circulation est fluide. Douce et facile, on prend plaisir à rouler en ville !
La ville est un jeu d'enfant, c'est un fait. Mais en bon et vrai motard, l'appel de la campagne et des virolets s'impose ! Les quelques kilomètres effectués révèlent déjà de nombreuses qualités. Outre son agilité et sa facilité à prendre en main, l'ER-6n se distingue clairement par son confort. La position de conduite est idéale ; on est légèrement incliné vers l'avant, les jambes repliées juste comme il se doit. On se retrouve dans une position prêt à l'attaque tout en restant à un niveau de confort de haut niveau, pour un roadster de petite cylindrée.
Ce petit bicylindre en ligne est un régal. On se plaît à rouler sur le rapport supérieur. Contrairement à la majorité des 600cm3, il n'a pas besoin d'être cravaché pour déplacer l'équipage avec vigueur. La bande son, on aime. C'est viril, rauque et expressif, ce bi' est bien vivant ! Kawasaki a su tirer le meilleur du bicylindre (du couple!) en gommant ses tares (à-coups à bas régime) ! A haut régime, on ne s'exalte guère, le moteur tracte, mais sans plus... comme tout bicylindre. Ceci dit, sa puissance modérée (72cv à 8'500tr/min) permet de tirer les premiers rapports sans trop se soucier des limitations de vitesse. Avec l'augmentation générale de la puissance des motos, jouir de toute la quintessence du moteur devient rare ; cette ER-6n le permet !
Les virolets se dessinent à l'horizon. Bien que raisonnable dans sa motorisation, l'ER-6n est déjà lancée à des vitesses inavouables. La faute à qui ? A son pilote, évidemment, passionné par ce tonique bicylindre ! Le premier virage s'approchant, la prise de frein est imminente. A deux doigts, on saute sur la poignée. L'attaque est douce et progressive. Ensuite, le feeling est excellent, on dose le freinage de manière intuitive. Cependant, on notera une petite faiblesse. En pleine arsouille, plus de puissance n'aurait pas été de refus. L'ABS présent d'origine se montre très discret sur le frein avant. Très sécurisant, il s'enclenche au bon moment, ni trop tôt (pas d'effet "je te gâche ton plaisir"), ni trop tard (jardinage en vue si tu maîtrises pas ta force de freinage). L'ER-6n confirme son homogénéité ; le freinage est à la hauteur de sa motorisation.
A l'attaque du virage, on s'étonne par sa facilité, mais aussi par la précision de sa partie-cycle. Attention toutefois sur les revêtements routiers dégradés, la moto est légère et la suspension orientée "dynamique" ; ça sautille quelque peu. Le débutant comme l'habitué de grosses motos parcourront quelques kilomètres pour s'habituer. La moto s'inscrit dans le virage naturellement. Au guidon, au regard, par la position du corps, peu importe, l'ER-6n se jette à la corde avec engouement. Pas d'efforts, ni de contraintes, le pilotage de cette "Kawette" est un réel plaisir !
En sortie de virage, la remise des gaz peut se faire en grand, sans arrière-pensées ! Campé sur ses Dunlop Roadsmart II, un pneu sport-touring, vous ne craindrez pas les décrochages brutaux et les roulages sur sol humide. La monte pneumatique convient très bien à la philosophie de la moto : sécurisant, préventif et facile.
Des aspects pratiques, la petite verte s'en sort plutôt bien. On précisera un emplacement sous la selle passager permettant de loger un antivol en U et des crochets discrets pour arrimer toutes sortes de paquetage. Aussi, les esthétiques poignées de part et d'autre de la selle passager raviront les sacs de sable ! La balade à deux n'est pas à exclure du champ d'activités de l'ER-6n.
Kawasaki, la marque verte, joue également la carte de l'écologie. La consommation mesurée s'est montée à 4.3 litres/100km durant la durée de notre essai.
Tandis que d'autres modèles font la course à la puissance, la Kawasaki ER-6n peaufine ses acquis et travaille son offre. Aboutie, homogène, facile et ludique, elle a convaincu ! Elle trouvera preneurs tant auprès des novices comme des motards de la veille. Pour certains, elle sera la moto "apprentissage", pour d'autres, la moto amusante de tous les jours. Peu importe son utilisation, cette Kawa' a un grand coeur et un caractère très fun !
Assurément, ce nouveau millésime de l'ER-6n fera un carton ! Kawasaki n'a pas manqué sa cible.