Depuis déjà quelques mois, les rumeurs allaient bon train à son sujet. Signe que cette petite supersportive attirait les convoitises, avant même d’être commercialisée ! Le marché a mis la pression à Kawasaki, la petite Ninja a dû répondre aux attentes toujours plus exigeantes de la jeune clientèle.
A notre grande surprise, cette nouvelle Ninja est dorénavant motorisée par un bicylindre de 296cm3. Nous parlerons ainsi de la Ninja 300 ! Autres nouveautés importantes à relever : le moteur est doté de double papillons d’injection et l’embrayage présente un système anti-dribble développé en compétition. La puissance culmine à 39cv (29kW) à 11'000trs/min et le couple maximal (27Nm) est atteint à 10'000trs/min. Kawasaki joue le grand jeu ! La concurrence, essentiellement la Honda CBR 250R, n'affiche que 26cv (19kW) et 23Nm.
Le design n'est pas en reste et reprend le style de la famille Ninja et plus particulièrement celui du fleuron ZX-10R. Des lignes tendues et une silhouette taillée à la serpe, une face avant qui en dit long sur les performances, des jantes dont le look est emprunté à celles de la ZZR 1400, des coloris qui se limitent au sobre noir Ebony ainsi qu’au traditionnel vert flashy propre à Kawasaki, ... Le gabarit est généreux et tromperait facilement les non-avertis. Cette Ninja prend des allures de petite 600 !
La famille Ninja, chez les Verts, c’est toute une philosophie et une marque de fabrique.
Kawasaki ne s'est pas simplement contenté d'une mise à jour de l'esthétisme et de la motorisation. Le châssis gagne en rigidité en adoptant des poutres principales en acier à haute limite d'élasticité. Le pneu arrière s'élargit (140cm). La suspension reçoit de nouveaux réglages pour pallier à la rigidité du cadre. Un gain de précision et de stabilité est annoncé !
Il ne faudra pas nous prier de s'installer sur la selle ergonomique de la Ninja 300. La position de conduite est toute naturelle, ni trop inclinée vers l'avant, ni trop droite ; elle est comparable à celle d'un roadster. Bien que le guidon prenne le style "bracelet" des sportives, il n'en a pas la géométrie et c'est tant mieux ! De longs trajets seront donc envisageables sans avoir à souffrir de douleurs aux poignets, à la nuque ou même au dos. La selle offre un look sportif, tout comme celle du passager ; son rembourrage est plutôt orienté confort.
Les commodos tombent sous les doigts sans devoir les chercher ; petite nouveauté, la Ninja 300 est dorénavant équipée d'un "pass" (appel de phare). Les rétroviseurs, quant à eux, auraient mérité d'être plus grands ; de plus, l'angle de vision n'est pas idéal.
Dès que l'on passe le premier rapport, la douceur de la commande d'embrayage et sa proximité à la poignée surprennent. Les frêles petites mains seront à l'aise, nul doute ! Les rapports s'enchaînent et le petit bicylindre ne cesse de tracter. Très souple, il accepte sans broncher les trajets urbains sur les quatrième et cinquième rapports. Au-dessus de 30km/h, même sur le sixième rapport, le moteur reprend dans un doux son typique des bicylindres en ligne. Aucun à coup, si ce n'est votre indélicatesse à la rotation de la poignée des gaz. Une ambiance sonore agréable et peu envahissante, bien que l'on flirte rapidement avec les hauts régimes. Par contre, les vibrations du bicylindre ne sont pas autant contenues que sur le 600cm3 du roadster ER-6n… la petite Ninja gratifie de quelques vibrations aux mains et aux pieds.
Quand le trafic se densifie, la Ninja 300 se faufile avec aisance ; son large guidon, son excellent rayon de braquage et sa légèreté n'y sont pas pour rien ! Les rétroviseurs apportent une certaine largeur à la moto, mais rien d'excessif… toutefois, gare à l'excès d'optimisme !
Dès que nous quittons la ville, la petite Kawasaki peut enfin s'exprimer à pleins poumons ! On ne se gêne pas de tomber plusieurs rapports afin de taquiner la zone rouge (dès 13'000trs/min). C'est alors que la philosophie Ninja prend tout son sens. Fougueux, ce bicylindre est bien présent et le montre par de généreuses accélérations tout en distillant des vocalises aussi rauques que rageuses. Sans jamais descendre sous la barre des 9'000trs/min, nous parcourons près de 200km sur les routes secondaires des environs de Francfort (DE) à des vitesses inavouables ! C'est bien ce que nous croyons jusqu'à l'instant où nos yeux consultent le tachymètre digital ; très lisible, ceci dit au passage. Nous n'étions pas tant hors la loi ! Effectivement, cette Ninja 300 permet de se défouler à des vitesses acceptables.
Sensations de vitesse, adrénaline, plaisir de conduite et fun sont à porter de main sans risquer de perdre son précieux permis de conduire.
L'embrayage a dévoilé ses qualités royales : doux et précis. De plus, l'anti-dribble veillait au grain lors de rétrogradage à la volée... pas une fois, la roue arrière ne s'est bloquée !
Le châssis, lui, a confirmé la rigidité annoncée : précision de conduite en courbe et tenue de cap à haute vitesse (vitesse maximale : plus de 185km/h sur autoroute allemande). La suspension a montré quelques faiblesses lorsque nous roulions à un rythme très soutenu ; en freinage appuyé ou sur chaussée dégradée, elle peine à amortir les imperfections de la route et son travail se solde par de secs à coups dans les poignets. Le freinage, aussi, dans les mêmes conditions, ne s'est pas montré suffisamment mordant et incisif.
Le jeune permis ne poussera sans doute pas le vice si loin et ne s'apercevra pas des petits défauts de la "Ninjette". Après tout, il ne s'agit que d'une petite 296cm3 ; le freinage ne peut être qu'en réponse à la puissance ! Nous en concluons que la Kawasaki présente un ensemble moteur/châssis/partie-cycle/freinage très homogène et adapté aux exigences et attentes de la clientèle-cible.
Les pneus sont du fabricant thaïlandais IRC ; plus précisément, il s'agit du modèle RX-01 "Road Winner". Développé conjointement avec Kawasaki et tout spécialement pour la Ninja, il aurait pour principale qualité une excellente tenue de route sur sol détrempé (mousson thaïlandaise oblige!). Lors de l'essai, nous n'avons pu constater que ses qualités sur route sèche. Effectivement, ce IRC RX-01 convient parfaitement à la moto et se montre très polyvalent. De plus, compte tenu du faible couple et des 172kg de la Ninja, nous pouvons nous attendre à parcourir plus de 10'000km avec un seul train de pneus.
La consommation d'essence est aussi un atout de cette Ninja 300. Pour cent kilomètres, elle ne demandera pas plus de cinq litres… en conduite très (très) sportive !
Aussi, son aérodynamique avantageux fend l'air efficacement ; sur autoroute, même bien au-delà des 120km/h autorisés en Suisse, nous jouissons d'une excellente protection contre le vent et les turbulences. Calé à 120km/h, le moteur ronronne à 8'200trs/min sur le sixième rapport ; la zone rouge est encore loin. L'autoroute n'est ainsi pas une épreuve redoutée par la Ninja !
Bien que carénée et déguisée d'attributs de sportive, la Kawasaki Ninja 300 se distingue par sa grande polyvalence. Seul ou à deux, elle vous déplacera en ville comme sur l'autoroute. Et, vous aurez l'opportunité de vous défouler et de faire vos armes sur les routes secondaires sans enfreindre la loi sur la circulation routière. Un look d'enfer, un moteur tout en souplesse, une partie-cycle saine, un confort appréciable, des frais d'utilisation très contenus et surtout une bonne dose de fun à la conduite… la Ninja 300 a tout pour plaire !