Le modèle dont nous allons faire le test appartient bien à la famille des VN, la catégorie des cruisers chez Kawasaki. Sa cylindrée se monte à 1’700cc. La moto offre deux valises latérales. La style est bien celui des customs. Tout cela pour conclure du petit nom de la Kawasaki : VN1700 Voyager Custom !
Maintenant que nous avons levé le voile sur ce modèle, attardons-nous sur les détails et la description des différents éléments qui composent cette moto pour le moins originale.
Avant tout, le VN1700 Voyager Custom se distingue de tous les deux-roues par sa démesure. Opulente et élégante, elle fait partie d’une catégorie réservée aux initiés. Cette VN est une sorte de nirvana dans la catégorie des customs. Ce n’est pas la moto que l’on achète sur un coup de tête en début de saison ; c’est plutôt après quelques années de pratique dans le monde des customs que l’on aspire à passer à plus cossu, plus technologique, plus confortable et plus… voyant, osons le dire ! Du haut de ses CHF 23’990.- et au vu de l’équipement proposé, ce bagger est une alternative intéressante à la concurrence de Milwaukee.
La VN est une invitation au voyage peinard. Sa selle large et moelleuse est complètement disproportionnée à mon maigre (pas si maigre!) séant. Installé à son guidon, on regretterait presque un dossier, tant la position de conduite est agréable. Les pieds confortablement installés sur les immenses marchepieds. Les mains s’agrippent aux – presque grotesques – poignées au diamètre adapté à des paluches d’ours. Les jambes sont légèrement écartées autour du réservoir de 20 litres en forme de goutte d’eau. La tête de fourche présente un design musculeux mais surtout garantie de protéger du vent et des intempéries (les apparences sont parfois trompeuses, à vérifier !). Le tableau de bord n’est pas sans rappeler celui des anciennes voitures américaines ; des cadrans cerclés de chrome au design de la belle époque. Cerise sur le gâteau, la VN est équipée d’une radio avec adaptateur (en option) pour lecteur MP3. Sur les commandes au guidon (très nombreuses!), on aperçoit un régulateur de vitesse parmi la multitude de boutons de la radio. Et, finalement, comme tout vrai bagger, une paire de valises souligne ce style intemporel. Décidément, cette Kawasaki représente un véritable appel à l’évasion ! On regretta l’absence de poignées chauffantes…
La finition globale est plutôt bonne bien que l’on regrette quelques détails un poilcheap tels que quelques caches en plastique dur couvrant le réservoir et d’autres parties du tableau de bord ainsi que des plastiques chromés.
Maintenant !
Vers l’avant du réservoir se trouve le Neiman. Tout de plastique chromé comme il se doit, il fait bien mastoc, tout comme le véhicule. Un quart de tour et le tableau de bord s’illumine, l’écran LCD de la radio confirme que nous chevauchons bien une Kawasaki (il est vrai que nous aurions pu nous y méprendre!), la radio se met de suite en marche… Nous sommes dans l’ambiance ! Un coup de démarreur suffit à lancer le gros twin 1700cc à 45° (semble-t-il!). Cette VN a les dimensions d’un paquebot et le bruit qui va bien avec ! Des deux échappements émane un bruit sourd, intimidant et pour le moins très présent !
Les bagages entassés dans les valises (pas si volumineuses car un casque n’y prendrait pas place), quelques réglages de la radio et la mémorisation des postes favoris, un regard sur la carte et une mémorisation rapide des routes à emprunter, le sac de sable (comprenez « passager ») installé, le temps de passer le premier rapport est venu.
Le talon gauche écrase la pédale d’embrayage et le premier rapport se verrouille dans un grand « clong » typique et rassurant. A défaut de devoir tirer le levier vers le haut pour monter les rapports, il est également possible d’appuyer sur un levier à l’aide du talon à l’arrière du marchepieds gauche. Système confortable et appréciable, que vous montiez ou tombiez les rapports, il suffit d’appuyer sur un levier… parfois et volontairement avec la poigne d’un bûcheron.
Le premier rapport est court et permet de catapulter efficacement la masse du VN1700. Le bruit à l’échappement est musclé et viril. Le twin tambourine et vous fait vibrer les tripes. Pas très expressif en termes de performances pures et avare en sensations mécaniques, le twin du VN a pourtant l’avantage d’avoir du coffre et d’intimider pilote et passager à la moindre accélération, tant ses vocalises sont puissantes et envoûtantes. Les rapports s’engagent et se succèdent sans effort et en toute quiétude. La plage de régime est rapidement parcourue ; en pleine accélération, le bicylindre cogne sous les 2’000tr/min et tracte puissamment jusqu’à 4’000tr/min (le couple maximal de 136Nm étant atteint à 2’750tr/min). Au-delà, il s’essouffle et semble souffrir du sur-régime. On apprécie ainsi cruiser sur le 6e rapport. Tant que le moteur ne passe pas sous les 2’000tr/min, la balade est paisible et n’est pas ternie de vibrations parasites inhérentes à la vie d’un twin. L’équipage peut ainsi se décontracter, profiter du paysage et de la sono embarquée.
En parlant de sono, les haut-parleurs de 40watts chacun sont audibles et performants jusqu’à 80km/h ; d’ailleurs, pour l’anecdote, le volume s’adapte à la vitesse. A des vitesses plus élevés, les sifflements du vent viennent perturber la qualité sonore.
Finalement, la balade s’apprécie à des vitesses raisonnables… à travers la campagne et sur les routes pittoresques de nos régions. Une prise accessoire est présente dans le rangement du côté droit ; elle permet la connexion , via un adaptateur (en option), d’un iPod et sa recharge.
De l’aspect dynamique, on retirera que la belle de la firme d’Akashi s’en sort plutôt bien. Le large guidon permet de belles manoeuvres à basse vitesse sans que le poids vienne surprendre. Toutefois, à très basse vitesse, lors des déplacements « pieds au sol », il ne faut pas oublier l’encombrement et le poids de la machine (plus d’une demi-tonne à deux!).
Lors des déplacements urbains, on se refusera le slalom et les remontées de colonne ; la bête est large de partout, devant comme derrière. Mis à part sa taille et son empattement (1’665mm), le VN1700 ne rechigne pas à l’épreuve urbaine grâce à sa relative maniabilité et à la souplesse de son moteur.
Le terrain de prédilection de ce bagger est bien les routes secondaires (nationales). Le confort y est royal ! Calé sur le 6e rapport, l’affichage LCD indique bien OD comme overdrive, on se plaît à cruiser et à bénéficier du couple du twin. Le double-balancier supprime quasiment toutes les vibrations du moteur. Le régulateur de vitesse jumelé à l’accélérateur électronique est un accessoire d’origine très apprécié de ceux qui voyagent loin, très loin. La suspension arrière, pneumatique, filtre les imperfections de la chaussée avec brio.
La ligne droite avec le VN1700, c’est le summum !
En Suisse, vous n’êtes pas sans savoir que les routes auraient plutôt tendance à s’entrelacer qu’à garder leur droiture… Le bagger japonais ne rechigne pas à se lancer d’un virage à l’autre. Le poids fatigue vite le pilote mais le jeu reste agréable. Seule la faible prise d’angle vient castrer le plaisir. Trop rapidement, les marchepieds embrassent le bitume… D’ailleurs, en insistant un peu (trop), ce sont l’échappement et les deux arceaux chromés qui feront appui ! A ce stade, sans surprise, la réaction du véhicule est immédiate… Ainsi, les virages sont à prendre à vitesse modérée et en gardant une marge de sécurité au cas où prendre plus d’angle serait nécessaire.
Une fois de plus, la Kawasaki incite à une conduite douce et coulée et n’aime pas être malmenée…
En duo, même constat ! La moto ne change pas de comportement. En effet, ce ne sont pas les 50kg de la passagère qui pertubent l’ensemble ! La passagère, elle, se voit offrir une mini-selle typique des Customs. Le VN1700 n’offrirait donc ses charmes qu’au pilote ? Oui, c’est ce que l’on peut dire ; les passagers ne sont pas les bienvenus. Le niveau de confort du passager est clairement en retrait de celui du pilote.
Finalement, les motards sont de gros poilus égoïstes et machistes, n’est-ce pas ? Hein, on dit cela, mais on ne le pense pas nécessairement… on dira que le VN nous incite à raisonner ainsi !
Trêve de plaisanterie, parlons des éléments de sécurité ! Kawasaki a eu pour tâche d’adapter le système de freinage au poids de la moto… Mission accomplie ! Ce ne sont pas moins de deux disques de 300mm de diamètre mordus par deux étriers à quatre pistons qui freinent la roue avant. Quant à la roue arrière, c’est un simple disque de 300mm et un étrier à deux pistons qui assurent le freinage. En plus de l’ABS de série, le bagger est équipé d’un système de freinage coactif K-ACT (Kawasaki Advanced Coactive-braking Technology). Des capteurs de pression détectent l’ampleur de la force de freinage appliquée par le conducteur. Puis, en fonction de la vitesse de la moto au début du freinage, l’unité électronique centrale détermine la force nécessaire afin d’optimiser l’efficacité des freins. L’amplification se fait via des pompes hydrauliques avant et arrière qui augmentent, si nécessaire, la pression dans l’étrier avant droit (action sur la pédale de frein arrière) et/ou sur l’étrier arrière (action sur le levier de frein avant).
Ingénieux, n’est-ce pas ? En réalité, l’équipage bénéficie d’un freinage à plat et d’une puissance remarquable. La plupart du temps, l’utilisation de la pédale de frein (arrière) sera suffisante pour ralentir et stopper la bête.
Après quelques centaines de kilomètres parcourus, on s’avoue conquis par le style et l’agrément de conduite distillé par ce bagger Kawasaki. Peu gourmand en essence en jouant du couple, le gros twin apaise les ardeurs de l’équipage et incite à la balade et au voyage.
Par rapport aux concurrents d’outre-Atlantique, la Kawasaki a sa place ; son prix contenu et sa technologie embarquée seront ses avantages.
Si vous avez le blouson noir et les Santiag, n’hésitez pas à l’essayer chez votre concessionnaire Kawasaki ! Cette Kawa’ vaut l’os !