Enfin! Même après l’avoir vue aux salons de Cologne et de Milan, l’avoir vue à l’essai dans les publications de nos confrères, je peine à croire que la GSR 750 est là, devant moi. Pourtant, posée sur sa béquille, ramassée sur son train avant, c’est bien elle qui m’attend. C’est qu’avec son phare très bien dessiné, sa fourche de gros diamètre et ses écopes de radiateur ciselées, la Suz’ la joue gros-bras! La finesse de sa partie arrière accentue cet aspect « tout sur l’avant », malgré l’échappement volumineux et la bavette proéminente.
D’ailleurs, si on la regarde de plus près, la GSR avoue une finition un rien légère qui tranche avec son look très moderne. Le bras oscillant basique, le bas-moteur très exposé aux projections ou l’espace béant derrière les cylindres… Bon, la finition n’est pas le point fort de cette GSR. Mieux vaut aller voir ce que la Suzuki a dans le ventre et dans les pattes!
Dès les premiers tours de roue, on retrouve un comportement très neutre, tout comme la position de conduite. Si la moto en elle-même semble basculée sur l’avant, son pilote est assis assez droit et jouit d’un confort appréciable. En bonne japonaise, la GSR se fait douce pour le quotidien… et ajoute à cela un agrément moteur vraiment bienvenu. Ce n’est pas pour rien que la quasi-totalité des constructeurs nippons ont augmenté la cylindrée de leurs roadsters mid-size! Le gain de couple change presque la vie au quotidien: plus besoin de tricoter avec la boîte de vitesses, les relances sont appréciables dès les mi-régimes.
Un moteur très rond, un look sexy et un comportement urbain exemplaire… La GSR n’est pas une réplique de Z 750 pour autant! Surtout au niveau du châssis. Si son aspect n’est pas des plus reluisants (on repense surtout au bras oscillant tout simple…) et que les réglages possibles sont réduits, c’est par son comportement qu’il se distingue. On sent immédiatement une agilité supérieure à la Kawa, avec un train avant virevoltant et une légèreté de tous les instants. La moto ne se désunit pas et se montre très agréable à conduire. C’est au moment de hausser le rythme que la GSR surprend et se distingue, en deux points.
Tout d’abord, le moteur. Et quel moteur! Dès les mi-régimes, le quatre-cylindres vous tire copieusement les bras et vous remue les tripes! Il souffle surtout très fort dans les tours et il faudra surveiller le compteur pour éviter de se faire surprendre: à part le vent qui secoue le casque, l’impression de vitesse reste limitée malgré la santé du bloc moteur. Cela, c’est au châssis qu’on le doit…
Car l’autre point fort de la GSR 750, c’est bel et bien sa partie-cycle! L’avant, comme aux allures plus raisonnables, est d’une vivacité étonnante et se laisse placer à l’envi. La stabilité est également au rendez-vous, même avec un pilotage musclé. Le sport, la GSR adore! On remet les gaz très tôt, la moto supportant très bien la charge et maintenant sans peine son cap.
Les suspensions, réglables uniquement en précharge, offrent un bon compromis entre confort et rigueur. La position de conduite très naturelle met à l’aise et permet d’oublier la moto pour se concentrer sur son pilotage. Un comportement naturel qu’on peine à retrouver sur une Z 750 dans sa configuration d’origine, par exemple. La GSR est facilement exploitable et permet aux plus sportifs de se faire vraiment plaisir à son guidon. Le freinage se montre largement à la hauteur, sans se montrer trop mordant. L’ensemble du châssis de la GSR se montre cohérent et permet d’attaquer la route très en confiance et d’exploiter sans crainte le moteur.
Sans surprise, la GSR 750 est une très bonne moto. Venir empiéter sur les plates-bandes de la Z, on ne le fait pas sans être prêt! Justement, Suzuki a mis le temps pour développer son arme anti-Z 750. Une arrivée tardive qui pourrait pénaliser la GSR, qui doit rivaliser avec une Kawasaki déjà très bien implantée sur le marché. Avec des qualités dynamiques et un look largement à la hauteur, le nouveau roadster Suz’ pourrait bel et bien détrôner la reine… Le combat sera rude!