A peine quelques kilomètres plus loin, on tombe sur nos coéquipiers arrêtés au bord de la route en train de bricoler à la lueur des lampes frontales sur la Super Ténéré de Jérôme. Ils ont découvert une fuite de liquide de refroidissement qui a coulé jusqu’à son capuchon de bougie et qui a eu pour conséquence de la faire tourner que sur un cylindre.
Jérôme trouve un moyen de fortune pour réparer ça avec du scotch, mais après réflexion il doit se résoudre à abandonner ici, parce que s’il tombe en panne quelque part dans la montagne, ce sera une vraie galère pour rapatrier sa moto. Il ne reste plus que Miguel et moi-même du team Meteor original. On continue à six avec Remo et les trois autres qui nous ont accompagnés depuis le début.
J’ai des moments difficiles. Par moment, j’ai l’impression que j’ai dormi en roulant ou alors que je n’ai aucun souvenir de certaines parties tellement j’étais fatigué. Heureusement, les organisateurs ont mis la plus grande partie des routes goudronnées au beau milieu de la nuit, ce qui nous permet de nous reposer un peu, bien que sur la totalité de l’itinéraire il y ait rarement plus de quelques centaines de mètres de routes sans virages !
Quand le soleil commence à se lever, on peut enfin commencer à admirer les magnifiques paysages qui s’offrent à nous. C’est également là qu’on attaque les passages les plus techniques, notamment une montée bien raide dans de grosses pierres. Il y a beaucoup de monde arrêté, et quelques gars sympas qui prêtent main forte à ceux qui sont en difficulté.
Je passe les difficultés sans problème au guidon de ma Ténéré, mais pour nos amis en GS 1200, c’est une autre histoire. Ils semblent avoir des problèmes. N’ayant pas la force de redescendre pour voir, je laisse lâchement aller Miguel et profite de dormir quelques minutes à même le sol, à côté de ma moto, tout comme Remo.
Quand on me réveille, une bonne demi-heure plus tard, l’équipe est au complet et on peut repartir.
Vers les 08h00, on rejoint le restaurant prévu pour le petit déjeuner. Je tombe sur mes amis du Raid Passion Désert qui sont venus avec leurs KTM 690 Quest. Manque de bol pour eux, le mécano de KTM Basel est en rade avec la sienne. Problème d’injection, il doit abandonner.
On attaque enfin les derniers 70 kilomètres. Après le col de l’Assiette qui est magnifique mais où j’arrive à perdre Miguel et Remo au sommet en partant dans la même direction que lors des précédentes éditions...
Cette année l’itinéraire nous faisait en fait redescendre de l’autre côté de la montagne. Quand je réalise mon erreur, je fais demi-tour, mais avec un retard conséquent sur mon équipe, je termine les derniers 30 kilomètres seul. Cette nouvelle section comporte certains passages bien techniques avec notamment une descente ultra raide dans une terre très sablonneuse. Ici, j’ai serré les fesses à plusieurs reprises, je dois bien l’avouer. Je reconnais une partie des pistes sur lesquelles j’avais testé la CCM GP 450 lors de l’événement "In moto oltre le nuvole" en 2015. Dommage que cette fois, j’étais trop fatigué pour y prendre le moindre plaisir.
J’atteins enfin l’arrivée vers les 14h00, soit 38 heures après mon départ vendredi soir ! Si l’on enlève le temps mort entre l’arrivée à Sestriere samedi matin et le départ du Classic dans l’après-midi, cela représente tout de même près de 30 heures.