Sous un soleil de plomb, à 16h00, nous prenons le départ. L’itinéraire a peu changé depuis les dernières éditions et je reconnais une grande partie du parcours. Grâce à la météo exceptionnelle, on progresse bien et les routes sont toujours aussi magnifiques. C’est un vrai plaisir de rouler ici, et je me dis toujours qu’il faudrait que je retourne dans la région une fois que j’ai plus de temps, parce que de nuit, on doit passer à côté de paysages splendides.
Alors qu’on monte à plus de 2’000 mètres d’altitude, Jérôme a des problèmes avec sa Super Ténéré. Elle ne semble pas tourner correctement. Chacun y va de son diagnostic, mais au final on ne fait rien et il continue tant bien que mal.
On roule presque sans relâche et la faim commence à se faire sentir. En fait, en empruntant une partie de l’itinéraire réservé au HAT Extrême, on doit se passer du premier ravitaillement, à mon grand malheur parce que je salivais déjà en pensant aux bonnes pâtisseries qu’on y avait mangées l’année passée. Entre temps, Jean-Paul a de plus en plus de douleur à son épaule et il décide à contrecœur d’abandonner et de rejoindre Sestriere par la route.
On rejoint le second ravitaillement à Limone, celui du souper chaud, de nuit. Il est déjà passé 22h00. Je crève la dalle, et ce n’est qu’après la seconde assiette de pâtes que je serai rassasié.
Alors qu’on s’apprête à repartir, je tombe sur Remo, une connaissance rencontrée l’année précédente, qui se retrouve tout seul, parce que ses coéquipiers ont décidé d’abandonner après une crevaison du pneu avant d’une Africa Twin 1000.
Il se joint à nous pour la suite du trajet, au guidon de sa KTM Adventure 640. La nuit est longue et parfois on doit prendre un peu de distance entre nous car avec la poussière et la puissance des LEDs, on ne voit plus rien. Je suis de plus en plus fatigué et je commence à avoir du mal à suivre le rythme de Miguel, heureusement on finit par arriver à Becetto.
Becetto, c’est le resto où en général tout le monde dort quelques heures avant de repartir. Il y a déjà des centaines de motos dans le parking et comme il fait particulièrement chaud cette année, beaucoup dorment même dehors. On discute avec quelques copains genevois et vaudois avant que Romuald, Pierre et Pascal décident de continuer la route sans même dormir.
Pour moi, il est exclu de continuer sans dormir quelques heures et Remo est également de mon avis. Finalement, on arrive à faire un compromis avec Miguel, on dort une heure. Jérôme décide de continuer avec les autres.
J’installe mon sac de couchage à côté de ma moto et m’endors en quelques minutes. Quand j’entends sonner le réveil de Remo, je me dis que jamais je vais pouvoir me lever... Lui n’a pas l’air plus en forme que moi et on décide de ne pas réveiller Miguel et de profiter de dormir encore un peu. Malheureusement, c’était sans compter sur le fait que Miguel avait lui aussi mis son réveil et était fin prêt à partir.
La mort dans l’âme, je plie mon sac de couchage et, à 04h00, nous sommes prêts à repartir. Alors qu’on part, il y a encore des gens qui arrivent, et sur place il doit y avoir plus de 200 personnes qui dorment encore. On va vraiment arriver dans les premiers à ce rythme-là !