
Logé dans une zone industrielle comme il en existe partout en France, le siège de Furygan (prononcez Furigant!) ressemble à beaucoup de ses bâtiments voisins. Pourtant, le logo à la panthère visible dans le parking annonce la couleur. On ne s’est pas trompé d’adresse!
Nous sommes reçus par Jean-Marc Autheman, directeur marketing de l’usine. Après avoir jeté un oeil à la gamme 2011 dans la salle de réunion, nous le suivons pour une visite guidée de l’usine française. Au travers de la visite, le fonctionnement de Furygan devient clair: c’est un travail de fourmi par rapport aux grandes marques d’habillement motard!
Après avoir dessiné et défini un produit, un prototype est réalisé et porté par… Jean-Marc, qui valide ensuite le produit. Le cuir adéquat est ensuite acheté, généralement en Amérique du Sud. A leur arrivée, les peaux partent à l’atelier découpe. Là, des employés marquent les défauts des peaux « brutes », qui sont ensuite enregistrés par un ordinateur. Un coup de crayon blanc: cette partie du cuir est à supprimer. Une marque bleue? Le cuir présente un défaut mineur, qui peut être masqué à l’intérieur d’une couture ou bien sous un logo. L’ordinateur collecte ces données et définit quelle peau va servir à découper quelle pièce d’équipement.
Le but? Minimiser les « chutes ». En d’autres termes, perdre le moins de centimètres carrés de peau possibles! Une belle quantité de peaux est entreposée dans les locaux, en attendant d’être découpée. Selon Jean-Marc, le stock n’est pas encore plein car la saison n’a pas encore commencé… Eh bien!
Une fois les pièces découpées par les deux machines, elles sont envoyées en Tunisie, sur le site de production. Les ouvriers locaux assemblent les blousons, pantalons et autres gants, qui sont ensuite renvoyés à Nîmes pour le contrôle qualité. Là, les produits sont contrôlés un à un. Au moindre défaut, c’est poubelle! Chaque pièce d’équipement passe ensuite par une phase de « moulage », où elle va prendre sa forme prédéfinie. Les équipements sont ensuite stockés dans un grand hangar… un très grand hangar! Au niveau des quantités? Furygan produit environ 1’200 cuirs par semaine: une broutille par rapport à des marques comme Alpinestars ou Ixon!
Dans la dernière section de l’usine se trouve d’abord l’atelier retouches et personnalisation. C’est ici que les combinaisons des pilotes professionnels équipés par la marque sont modifiées. Logos des sponsors ou imprimés personnels sont cousus main. C’est également dans cet atelier que sont réalisés les prototypes des nouveaux produits. Juste à côté, deux penderies où sont accrochées les combis des célèbres pilotes de la marque à la panthère. C’est le musée Furygan! Des combinaisons à l’aspect improbable des années 80 au dernier modèle porté par les pilotes de pointe ; du cuir Ducati de David Muscat à celui de Scott Redding, en passant par Alexis Masbou ou Adrien Chareyre… les pilotes y sont presque tous aussi!
A côté, un laboratoire permet à Furygan d’effectuer ses propres tests d’homologation CE. Chaque matériau est testé par un staff spécialement formé. La résistance à l’abrasion et le mode de montage (placement des coutures et des inserts, design) sont pris très au sérieux pour l’homologation.
Jean-Marc conclut la visite par une démonstration du matériau D3O, qui est appelé à remplacer les coques de protection classiques grâce à sa faculté de déformation, sa finesse et sa résistance aux chocs. Furygan est le premier manufacturier à collaborer avec D3O, qui profite de l’expertise de la marque dans le domaine motocycliste. Ils travaillent par exemple main dans la main au développement d’une protection pour les clavicules, deux os très exposés en cas de chute…
Il est déjà temps de prendre congé et de repartir à Genève. L’image d’une très grande entreprise et de chaînes de production délocalisées a volé en éclats. Bien qu’elle équipe un nombre conséquent de pilotes, en France et dans le monde, ainsi que beaucoup de motards, la marque a su préserver un fonctionnement quasi-familial. Un gage de qualité et un esprit « à l’ancienne » préservé. Bravo la panthère!