C'est dans la partie inférieure du tout nouveau bâtiment de Moto Line, dédié aux équipements Alpinestars et casques Arai, que nous sommes reçu par une équipe d'experts du fabricants italien venus spécialement de l'usine. Aujourd'hui c'est le système Tech-Air qui est à l'honneur: c'est le premier système totalement autonome qui protège l'intégralité du buste de son utilisateur et ce dès le premier impact.
Le projet a démarré en 2001 et en 2004 la marque a commencé à enregistrer les données d'accéléromètres placés sur les pilotes de GP sans pour autant les équiper d'airbag. Jusqu'à 2009, les analyses ont permis de poser les lois de déclenchement du système pour équiper les premiers pilotes de MotoGP et de WSBK la même année. Sur le marché depuis 2011, la technologie a continué d'évoluer sur route et sur piste pour en arriver au 2 versions actuelles présentées en 2016.
Alpinestars fait la différence sur de nombreux points, le plus important étant que le système est tout intégré, la moto ne demande aucun pré-équipement. Ensuite il y a la facilité d'utilisation, il vous suffit de charger la batterie (25h d'autonomie en mode détection de chute, remisé dans l'armoire plusieurs jours sur ON), fermer la veste et jeter un oeil à la LED pour s'assurer que le système est actif.
La protection offerte est intégrale : épaules, dos, côtes et poitrine. Les cervicales ne sont volontairement pas immobilisée car cela placerait la colonne dans une position idéale à un tassement ou cisaillement des vertèbres causant plus de dégâts qu'une flexion. Le déclenchement est décidé en compilant les informations de 3 accéléromètres tridimentionnels et d'un gyroscope placé dans le gilet. Ceci rend un déclenchement intempestif quasiment impossible. En effet la moto peut énormément guidonner, votre buste n'affolera pas suffisament les capteurs. Ce n'est qu'une fois que vous serez désarçonné que le gonflage aura lieu.
A l'inverse, ces capteurs sont aussi plus fiable en cas de chute où vous ne vous éloignez pas suffisament de votre moto pour tendre un cable par exemple. Enfin, vous n'êtes pas tributaire de la réception d'un signal externe comme un GPS qui ne capte pas dans un tunnel et se coupe à l'arrêt pour des raisons de sécurité.
Selon les nombreuses analyses d'Alpinestars, lors d'un choc le premier impact du pilote a lieu après 100 ms. C'est le temps maximum que s'est autorisé la marque pour : détecter la chute, déclencher la charge et gonfler totalement le dispositif. Ensuite, les coussins sont gonflés au maximum pour 5 secondes. Cela vous semble court ? Sachez que depuis 2004, une seule chute a duré plus de 5 secondes et il s'agissait de Loris Baz à Sepang.
La norme EN 1621-4 est celle qui est dédiée aux équipement de protection gonflables pour motocyclistes (-1 pour les protections épaules et coudes, -2 pour le dos, -3 pour la poitrine). Celle-ci teste séparément le temps de gonflage maximum de l'équipement et l'absorbtion de choc à gonflage maximum. Ce test est pratiqué pour chaque zone déclarée protégé, pour Tech-Air : épaules, dos, poitrine. Les côtes ne sont pas testées car pas de norme établie. Alpinestars pousse la norme 1621-4 plus loin en testant les deux simultanément. Dans leurs laboratoires ils actionnent la chute de l'objet test sur l'équipement en même temps que la mise à feu de la cartouche.
Les deux modèles utilisent la même technologie mais ne sont pas identiques. Leur forme et leur fonctionnement sont logiquement adaptés. Au coeur de l'équipement on trouve un système de gonflage pyrotechnique à l'argon comportant 2 cartouches. Pour raison de norme, le changement de cartouche n'est possible qu'en laboratoire. Vous devrez rapporter votre équipement en magasin et moyennant un forfait il sera envoyé à Alpinestars qui s'occupera du changement et même des réparations nécessaires. Le prix de € 299.- nous a été indiqué comme ordre de grandeur pour cette opération.
Pour la route, ou plutôt le touring, le système est disponible sur les modèles Valparadiso et Viper Light, pour homme et pour femme. Le système Tech-Air est à ajouter à l'intérieur, en un tour de main. Il y a 2 petites fiches à brancher : une pour le témoins lumineux de la manche et une pour le contact de fermeture de veste. Le gilet se fixe à la façon d'une doublure avec deux fermeture éclair de couleur jaune et une ceinture lombaire qui ajuste la protection du dos.
L'espace à l'intérieur de la veste est plus important que dans un cuir, c'est pourquoi le dispositif déclenchera ses 2 cartouches pyrotechniques simultanément pour totalement déployer le dispositif. J'ai pu expérimenter le gonflage au moyen d'un compresseur qui semble déjà rapide, mais la réalité est encore plus rapide. On sent très vite le haut du dos puis les épaules. Au niveau des côtes c'est moins flagrant comparé à l'étreinte sur la poitrine.
En fermant la veste, 2 velcro jaune se supperposent et font contact pour activer l'airbag. Les capteurs font alors un contrôle que c'est bien un humain qui porte la veste (et non un mannequin en magasin) puis allume sa LED verte. Le système est prêt, même à l'arrêt en cas de percussion par l'arrière.
Dans les vêtements cuir GP Pro et GP Tech, blouson ou combinaison, c'est le gilet Race qui s'installe. La coupe bien plus proche du corps n'offre pas la place nécessaire au gilet street pour se déployer, voilà pourquoi il y a deux modèles. Ici la protection s'étend un peu plus bas sur les bras tandis que les capteurs adoptent une calibration "course".
Tout aussi orienté course, en cas de chute ce n'est qu'une seule cartouche qui est mise à feu pour un gonflage maximum. Déjà parce que le volume de gaz nécessaire est suffisant, ensuite parce qu'en course il n'est pas rare de voir un pilote chuter et de se remettre en piste immédiatement ! C'est aussi un plus pour les pilotes loisirs qui ne se retrouvent pas sans protection après une petite glissade en début de week-end.
Ce gilet Race n'est pas actif à l'arrêt, une fois la combinaison fermée, il faut rouler quelques mètre pour que la LED s'allume en vert. Il peut évidement être reprogrammé en mode route par son utilisateur, mais seulement via un ordinateur qui laissera une trace du changement. Le gilet vous protégera à l'arrêt et prendra en compte une chute selon les paramètres route.
L'offre se démocratise entrainant une baisse des prix, mais il faut savoir ce qu'on achète. Alpinestars Tech-Air débute à CHF 1'250.- sans vêtement ce qui représente une combinaison cuir à lui tout seul. Mais c'est à mettre en perspective avec les performances d'un système développé depuis de nombreuses années et utilisé week-end après week-end en compétition au plus haut niveau.
Le premier modèle déposé de casque date de 1953, on peut dire qu'on a aujourd'hui 64 ans de recul sur son développement. 16 ans depuis les débuts ce n'est qu'un quart, nous ne sommmes qu'au début de l'histoire de l'airbag moto !