Seul bémol dans ce monde de douceur : la boite de vitesse. Elle est un peu lente et bruyante. Ça me rappelle les « schlonk » de feu ma R100 GS. Je n’ai pas eu la chance de rouler d’autres Guzzis, mais d’après des personnes bien plus avisées que moi, c’est un sacré bond en avant par rapport aux anciennes générations. Pour ma part, je dirai qu’il reste encore une marge d’amélioration, mais ce n’est pas un point rédhibitoire. Ceux qui roulent en BMW Boxer ne seront pas choqués.
La nouvelle bulle : top… si vous mesurez moins d’1.78 m
C’est parti pour un Fribourg-Milan sur l’autoroute avec le cruise control réglé à 130 km/h, confortablement installé, les poignets relâchés, l’esprit vagabond, le tout accompagné de ces satanées turbulences dans mon casque comme ambiance de fond…
La nouvelle bulle, plus imposante que l’originale est réglage en deux position au moyen d’une clé Allen rangée sous la selle ! On ne règle pas sa hauteur, mais son inclinaison. En position la plus verticale, c’est presque bon. Avec mes 1.82 m il manque peut-être 20-25 mm de hauteur ou quelques degrés d’inclinaison supplémentaires pour que les turbulences passent par dessus mon casque. Je ramasse toujours les turbulences dans le casque, même si c’est déjà nettement mieux qu’avec l’originale.
Pour les grands, je conseille fortement de rajouter un déflecteur sur la bulle ou de la remplacer par une plus haute. Quand on sait que Moto Guzzi possède sa propre soufflerie pour ses essais d’aérodynamisme, on se dit qu’ils n’ont probablement pas testé la bulle de la V85TT Travel avec un hollandais au guidon !
Le topo sur la bagagerie
J’en profite pour ouvrir une petite parenthèse sur les accessoires. Les valises en plastique avec ce recouvrement en aluminium sur les couvercles sont assez belles. Toutefois, je ne les trouve pas très pratiques à l’utilisation. En les fermant, j’ai plusieurs fois un cache en plastique du système de verrouillage interne qui est tombé. Il ne tient pas vraiment en place et si on l’enlève on risque de coincer quelque chose dans le verrouillage.
De plus, pour enlever les valises de la moto il faut utiliser une 2ème serrure. La valise côté échappement n’offre qu’un volume restreint de 27.5 litres contre 37 litres de l’autre côté.
Dans son catalogue d’options, Guzzi propose également des valises en alu que je préfère, du fait qu’elle s’ouvre sur le dessus et non sur le côté, ce qui évite de semer la moitié de ses affaires sur la chaussée à chaque fois qu’on les ouvre, du moins pour ceux qui comme moi se contentent de tout balancer dedans. Par contre, celles-ci nécessitent un rack en métal pour valises, pas forcément très joli.
Le modèle fourni avec la V85 TT Travel à l’avantage de se passer de rack métallique. Les fixations des valises sont très discrètes et on ne les remarque à peine une fois qu’on a ôté les valises de la moto. C’est tout à son avantage pour le look quand on ne voyage pas.
Son terrain de prédilection : les routes sinueuses
Je suis allé à deux occasions en Sardaigne pour des lancements presses, mais je dois avouer que jamais je n’ai eu l’occasion de rouler sur des routes pareilles jusqu’à ce jour. Les organisateurs du Sardegna Gran Tour nous ont concocté un itinéraire de rêve avec au choix un itinéraire 100% routier ou 70% routier et 30% tout-terrain. La partie routière étaient un concentré de tout ce dont un motard peu rêver au guidon de son engin, autant pour la qualité du revêtement, que la quantité incroyable de courbes et le tout sur des routes quasiment désertes durant les trois jours sur place.
J’ai roulé seul les deux premiers jours, à un rythme assez tranquille, en profitant du couple généreux pour la cylindrée (80 Nm à 5'000 tr/min). La V85 TT est très agile et ne demande quasi pas d’effort pour basculer d’un virage à un autres. Le choix de l’équiper d’une jante de 19 pouces n’y est pas étranger. Mon GPS rendant l’âme le 2ème jour, je fais équipe avec Klaus, un journaliste allemand testant le Honda X-ADV de Renato Zocchi préparé par Honda Italie pour la Gibraltare Race 2019.
Le bougre, il roule fort ! La balade est finie pour moi… Du coup, je découvre que la V85 TT est tout aussi sympa en conduite sportive. Pour tenir le rythme de Klaus, j’ai dû taquiner le rupteur. Le V2 prend les tours sans broncher et même si les vibrations commencent à se faire ressentir fortement dès 7'000 tr/min, il atteint sans problème 7'500 tr/min avant de baisser les armes à 7'750 tr/min lorsque le rupteur intervient.
En conduite sportive, la boite à air dégage un grondement sourd assez jouissif qui contraste avec le côté très (trop) discret de l’échappement en dessous de 5'000 tr/min.
Ses suspensions sont plutôt souples, ce qui lui donne un côté « tapis volant » très confortable sur les aspérités du bitume. N’allez pas croire que c’est une moto de papy, le châssis et le freinage permettent sans problème d’encaisser une conduite sportive et pourrait très certainement contenir une vingtaine de chevaux de plus.
Un point qui me dérange et que j’avais déjà relevé lors du lancement presse en 2019 est l’emplacement des repose-pieds passager. Dès le moment où l’on veut attaquer et qu’on se place avec la pointe des pieds sur les cale-pieds, l’arrière de la botte bute sur le cale-pied passager. Du coup, on se retrouve avec le pied un peu de travers. Pas très agréable.
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