La nouvelle Ténéré 700 a-t-elle gardé les gênes qui ont fait de la 600 sortie en 1983 et sa lignée un mythe aujourd'hui? J'ai embarqué la bête sur un petit trip off-road en Italie pour m'en convaincre.
Une approche à contre-courant
Niveau électronique, la nouvelle Ténéré 700 ne possède que le strict nécessaire pour satisfaire la législation ; une injection électronique et un ABS déconnectable. Même la commande de la poignée de gaz est gérée par câbles, comme il y a une bonne dizaine d’années.
Cette simplicité voulue et assumée par la marque nippone a non seulement un impact positif sur le prix, puisqu’à CHF 11'590.-, la Ténéré 700 est le trail le moins cher du marché, mais a également de quoi rassurer tous les techno-sceptiques et ceux qui recherchent une moto simple et fiable pour partir avec au bout du monde.
Mon collègue Carlito ayant déjà couvert en détail les spécifications techniques de la belle lors du lancement presse au Maroc, je vous laisse consulter son article pour plus d’information à ce sujet.
Cet énième article sur la Ténéré 700 n’a d’autres prétentions que de vous donner mon avis de voyageur et d’amateur de tout-terrain, mais surtout un fan de la 600 originale, dont je possède les trois modèles que je roule à diverses occasions comme sur les HAT ou le Rally des Pionniers, par exemple.
Yamaha Suisse m’a gracieusement mis une Ténéré 700 à disposition pour ma participation au Alps Tourist Trophy, une course de régularité tout-terrain se déroulant au nord de l’Italie.
La moto est équipée du pack d’accessoires Explorer (grand sabot moteur, béquille centrale, portes valises et valises en alu, protections de réservoir et porte paquet remplaçant la selle passager). Pour une raison que j’ignore, c’est une version rabaissée (-18 mm).
Que vaut la Ténéré 700 en tout-terrain ?
La raison d’être de la Ténéré 700 prend vraiment tout son sens une fois qu’on quitte les routes goudronnées. Pour une conduite principalement routière, la roue avant de 21 pouces (dimension sacro-sainte du monde du tout-terrain) nuit à l’agilité de la moto. Sa sœurette la Tracer 700, avec sa jante avant de 17 pouces sera nettement plus agile à ce jeu. D’ailleurs, si vous hésitez entre les deux modèles, jetez un œil au comparatif de mes collègues Patrick et Phoukham.
Mais revenons à nos moutons. Après une longue étape autoroutière où je découvre la fermeté de la selle et avec surprise également l’efficacité du petit saute-vent, deux journées de tout-terrain m’attendent dans la région de Saluzzo en Italie à l’occasion de la première édition du Alps Tourist Trophy.
Nous avons enchaîné 350 km de pistes de montagnes, pistes en forêt, sur un mélange de chemins de terre, de pierriers et quelques single trails de VTT que je n’aurais pas forcément empruntés de mon plein gré avec une grosse moto si l’itinéraire de l’événement ne m’y obligeait pas…
Je baisse la pression à 1.8 bar et m’élance sur la première étape du Alps Tourist Trophy non sans appréhension, vu qu’il a plu tout la nuit et que tous les autres participants ont des montes plus adaptées que moi. Les Pirelli Scorpion Rally STR d’origine ne sont pas forcément très adaptés pour du tout-terrain sérieux... et encore moins quand c’est mouillé.
Assez rapidement je réalise, à mon grand étonnement d’ailleurs, que finalement je passe partout assez facilement, enfin presque…. Une petite erreur de navigation me conduit dans du trialisant où je plante sur le sabot. Difficile de me sortir de ce pétrin. LA photo ci-dessous ne rend pas vraiment justice à la situation. Heureusement, je peux compter sur l’aide précieuse de mon pote Miguel, qui m’a suivi sur la fausse piste à ses dépens. Si on oublie vite son poids en mouvement, lorsqu’il faut la tirer ou la pousser, on redescend vite sur terre…. 200 kg, c’est quand même lourd !
Je ne la lâche qu’à une seule occasion, sans grandes conséquences. Les solides arceaux de protections du réservoir ont parfaitement fait leur job. Cette fois j’étais seul pour la relever. C'est lourd, particulièrement à cause de son centre de gravité haut placé.
La modeste puissance du moteur CP2 est tout à son avantage en tout-terrain. Le bicylindre est tellement souple et linéaire, que la traction de la roue arrière est en tout temps optimale, le tout sans nécessiter la moindre aide électronique. Il est clairement plus facile à dompter et moins fatiguant que l’étalon fougueux de sa concurrente autrichienne. Ce qui me surprend avec la Ténéré, c’est que même avec un moteur très haut et un réservoir haut perché, elle est très agile et on ne prête que peu d’attention à son poids tant qu’on roule.