La 1050 Adventure ne déroge pas au standard des maxitrails : une selle haute ni trop dur ni trop souple, un guidon bien large et une silhouette fine permettant de tenir le réservoir entre les cuisses. Les commandes tombent idéalement sous les doigts, de même qu'il est facile de régler le petit pare-brise à une seule main.
D'un coup de démarreur, le twin s'ébroue dans une sonorité typiquement KTM. En effet, aucun doute, le timbre autrichien caractéristique est bien là. Toutefois, il se montre assez discret... et finalement peu gratifiant pour un gros 1000. Le pouce gauche fait défiler les différents menus de l'ordinateur de bord. Rapidement, le mode Street est sélectionné pour se familisariser avec la machine ; ce mode agit directement sur la réponse de la poignée des gaz de type ride-by-wire ainsi que sur la cartographie du moteur. Pour découvrir la moto ou pour les longues balades, il est généralement le mode le plus adapté.
Le premier rapport se verrouille avec une aisance surprenante, tant le sélecteur est léger et le levier d'embrayage anti-dribble à commande hydraulique est doux. Aidé par la position de conduite naturelle et le guidon bien large, l’évolution à basse vitesse est d’une évidence déconcertante. Le gymkhana urbain fait partie de son terrain de prédilection, cela ne fait aucun doute. Quand il s’agit de manœuvrer, notamment pour s'aider dans les virages très serrés, le frein arrière présente un bon feeling et se montre très utile. Seul le comportement du moteur bas dans les tours gêne quelque peu au parfait équilibre ; sous les 2’500tr/min, le moteur cogne à la manière d’un monocylindre. Au-delà, les vibrations s’effacent et laissent place à la douceur et à une bonne réponse du moteur.
Quand on s’extrait de la circulation au profit de routes sinueuses, la KTM 1050 Adventure surprend par l’élasticité de son moteur. Dès les mi-régimes jusqu’à la zone rouge, il fait preuve d’une belle vigueur ; sans parler d’explosivité car le twin ne délivre "que" 95cv. Son comportement permet d’évoluer à bon rythme en jouant des valeurs de couple intéressantes. Toutefois, il se distingue plus par son efficacité que par son caractère. La boîte surprend toujours autant par sa précision et par sa douceur.
Puis, quand le temps presse ou que l’envie d’attaquer surprend l’équipage, de quelques clics du pouce gauche, le mode Sport est sélectionné. Le moteur répond à la moindre sollicitation de la poignée de droite, à tel point qu’on a l’impression que les reprises sont meilleures. En mode Sport, le pilote fait corps avec la machine qui répond instantanément. Oui, d’un mode à l’autre, la 1050 Adventure montre son vrai visage et montre du caractère. Cependant, en duo, quelques chevaux et newton-mètres supplémentaires n’auraient pas été de refus ; les relances manquent de peps, de même qu’il est nécessaire d’essorer la poignée de droite pour accélérer franchement. En effet, dès que l’on veut augmenter le rythme, il faut oser bousculer le moteur et grimper dans les tours, ce qui n’est finalement guère agréable pour le passager. Certes, dans la plupart des situations, la puissance et le couple du moteur suffisent et c’est faire fine bouche que de critiquer les performances du twin. Une fois encore, à l’exercice des performances et du ressenti au guidon, cette KTM est très comparable à la Tiger 800 de Triumph ; puissante et coupleuse en utilisation solo et ce qu’il faut pour déplacer la passagère et les bagages.
Quant aux capacités dynamiques de la 1050 Adventure, les réglages sont orientés sport et non confort. C’est tant mieux, car chez AcidMoto.ch, on aime se déplacer à bon rythme, même en duo chargé comme une mule. La fourche n’est pas réglable, mais bénéficie heureusement de très bons réglages. Evidemment, au freinage, la moto bascule sur l’avant et la fourche se tasse comme sur la plupart des trails ; par contre, l’effet est contrôlé et la précision de la direction n’en pâtit point. L’amortisseur arrière est réglable en détente et en précontraite, le minimum vital. On regrette particulièrement l’absence d’une molette, le réglage de la précontraite gagnerait en ergonomie. En effet, pour une balade optimale, il faut à chaque fois sortir la trousse à outils (richement fournie)... Ceci dit, une fois réglé au poil, l’amortisseur arrière gratifie de belles performances.
Quand il s'agit de freiner, c'est franchement que l'on serrera le levier de droite. Les freins Brembo répondent avec précision et mortant. Chez Brembo, l'excellence fait partie du langage courant !
Ce n’est que lorsque l’on souhaite s’aventurer hors des sentiers battus que nous aurions souhaité un ensemble de suspension avec plus de souplesse. Bien que cette 1050 s’affuble de l’appellation ‘Adventure’, elle se prédestine essentiellement à l’aventure sur l’asphalte.
Pour résumer, la 1050 Adventure offre de très bonnes prestations. Que l’on se rende au travail tous les jours ou en ville pour quelques achats, ou encore que l’on parte en voyage, la KTM est une excellente mule qui se caractérise par sa polyvalence. Facile à l’usage, économe tant par ses intervalles de service que par sa consommation d’essence (mesurée sous les 6 litres aux 100km), bien dotée en équipements électroniques, les escapades d’un week-end ou plus si affinité se feront en toute sérénité. La 1050 Adventure est l’entrée de gamme des motos aventurières chez les Oranges mais ne lésine pas sur la dotation d’origine, c’est d’ailleurs pour cette raison que son prix n’est pas low-cost.
A l’achat d’une KTM 1050 Adventure, vous en aurez pour votre argent, c’est un fait. Toutefois, la réflexion est légitime quant à l’option ‘je fais péter le budget’ en lorgnant du côté de la 1190 Adventure qui, elle, est à peine CHF 2'700.- plus chère et est équipée de la suspension pilotée électroniquement (EDS), de l’ABS gyroscopique, de 150cv, d’une selle en deux parties, d’un amortisseur de direction, de jantes 'tubeless' à rayons, des clignotants à LED, ...