
Sur une moto de cross depuis l’âge de quatre ans, il transpire la passion de la moto. Et c’est un doux euphémisme au vu des températures qui l’attendent dans les dunes péruviennes. Je suis allé à la rencontre, un étouffant samedi du mois d’août sur le terrain de cross des Meyrinos, à Sézegnin, de celui qui veut se donner les moyens de vivre son rêve.
Hugo Lopes : Je suis genevois, j’ai 28 ans et je suis enseignant à l’école primaire. J’ai découvert le motocross lorsque j’avais quatre ans et cela ne m’a depuis plus quitté. J’ai commencé sur un Pee Wee 50, puis je suis passé sur un 65cm3. A 8 ans, j’ai attaqué le Championnat Suisse dans cette catégorie et je me débrouillais pas mal. A 11 ans, en 2001, j’ai été vice-champion Suisse en catégorie Kids 65cm3. Ensuite, ce fut le parcours classique dans cet univers qui me plaisait tant : 85cm3, puis Junior 125. Malheureusement, à 18 ans, j’ai dû faire un choix et mes études ont été la priorité. J’ai arrêté la compétition au niveau national et je me suis contenté de continuer à rouler pour le plaisir et à faire des courses régionales, principalement avec une 250cm3 4-temps.
Hugo Lopes : En fait, il y a deux courses qui m’ont toujours passionnées : l’enduro du Touquet, et le Dakar. Avec mon père, on est passionnés de motos tous les deux. Alors dès que j’ai pu, je me suis engagé au Touquet. Je l’ai fait trois fois. Et crois-moi, ça donne une bonne expérience du sable. Par exemple, tu ne t’en rends pas forcément compte quand tu regardes la course mais le type de sable change d’un bout à l’autre de la plage. La 1ère année, je suis très bien parti, et dans l’euphorie du moment, lorsque je suis revenu après la première boucle, je n’y ai plus pensé. Le sable est beaucoup plus mou que de l’autre côté, et j’ai planté l’avant. Avec le réservoir plein, autant te dire que ça n’a pas pardonné. Mais ça m’a donné le goût du sable, au sens propre comme au sens figuré. Le Dakar, c’est un peu pareil. On n’a jamais manqué une édition à la télévision. Et j’ai toujours su qu’un jour, j’y serai. Et ce jour, c’est le 6 janvier prochain !
Hugo Lopes : J’ai un ami, un de mes meilleurs amis, qui s’appelle Julien Gertsch, et que j’ai connu au terrain de cross de Sézegnin. Dès 2009, on a commencé à penser au Dakar. Julien est un mécanicien hors-pair, il maîtrise parfaitement son sujet et est passionné comme moi. En 2013, on a décidé de partir rouler au Maroc et de faire un raid sur les traces des premiers Paris-Dakar. On a vraiment accroché, on a adoré, c’était fantastique ! On a géré le sable, les dunes, et la navigation – qu’on découvrait alors. Je me suis dit : on y va. On va faire le Dakar. Ensemble ! Mais Julien a eu des soucis de santé et on a dû faire une croix sur ce projet commun. En tout cas en tant que pilotes. A partir de là, ça a été clair pour moi : je pars, et il m’assiste. Mais là aussi, ça n’a pas été possible. Entre les frais d’inscription pour le mécanicien et le chauffeur, le véhicule qu’il faut acheter ou louer – et également inscrire -, et le coût pour faire venir l’assistance au Pérou, cela aurait coûté pas moins de 15 à 20’000€ supplémentaires, sans compter les pièces de rechange.
Hugo Lopes : C’est ça. C’est la catégorie Original, communément appelée « Malles moto ». En gros, j’ai une malle de 90 litres pour l’ensemble de la course. Tout doit y rentrer. Mes affaires personnelles, l’équipement moto, les pièces de rechange, les outils… Tout ! Et le soir, c’est bien sûr à moi de faire ma propre mécanique. Autant dire que ce sera étape marathon tous les jours pour moi. Mais ça me va très bien : en octobre passé, sur le Rallye du Maroc, j’ai terminé 1er de cette catégorie.
Hugo Lopes : Pas vraiment. J’avais une autre moto pour le Rallye du Maroc, que j’ai dû revendre pour acheter celle-ci. Cette KTM 450 Rallye Replica – achetée d’occasion – est un modèle 2015 et a déjà fait trois éditions du Dakar. A la fin du mois, je vais donc complètement la démonter et la réviser. Cela me permettra également de cibler précisément quels outils seront nécessaires une fois sur place. Le cadre va partir en peinture, comme les carénages, et je vais changer le moteur. Il peut sans problème encaisser les 5000km du rallye, mais je préfère mettre toutes les chances de mon côté. Et puis, de faire cela moi-même sera un bon entrainement pour les deux semaines de course. Au niveau de la préparation de la moto, il faut être minutieux. Chaque détail peut compter une fois sur place. Il y a plein de petites astuces à mettre en place. Tiens par exemple, j’ai un sélecteur et un levier de freins qui sont attachés de part et d’autre du roadbook. Comme ça, en cas de chute et de casse, je peux facilement repartir !
Hugo Lopes : Déjà, c’est énormément de moto. Depuis le mois d'avril, je roule déjà le plus possible avec la moto de rallye à Sézegnin. Ce n'est pas réellement une moto conçue pour rouler en cross mais cela me permet de me familiariser avec ma nouvelle monture et surtout de savoir comment elle se comporte dans des portions plutôt techniques. Dès la fin du mois d'août, j'axerai mes entraînements sur de longues sessions de roulage. Ici, le terrain ouvre à 13h30. Ce qui veut dire qu’à 13h30, je serai prêt et j’enchainerai les tours jusqu’à 19h sans m’arrêter, à part pour faire le plein d’essence. Deux fois par semaine minimum. Il faut que je travaille mon endurance, quelles que soient les conditions. Ensuite, c’est pas mal de vélo. Route ou VTT, là aussi, on travaille le cardio et la résistance. Je fais aussi du squash ou du tennis, pour le côté explosif. Je suis aussi suivi par un coach sportif qui va m’aide dans ma préparation physique.
Hugo Lopes : J’ai reçu la lettre confirmant ma sélection pour le rallye le 18 juillet seulement. Donc maintenant, je peux avancer ! J’ai beaucoup économisé ces dernières années pour ce projet je me suis auto-financé au maximum. Il faut savoir que faire un Dakar coûte dans les 65'000 à 70'000.- CHF. Je suis donc à la recherche de sponsors pour m’accompagner dans cette aventure. J’en ai déjà quelques-uns, comme Scott, qui me fournit l’équipement, ou Swiss Graphics, qui va s’occuper de la déco de la moto. J’en profite d’ailleurs pour les remercier pour leur soutien. Mais il reste beaucoup de frais qui ne sont aujourd’hui pas couverts. La couleur de la moto, par exemple, n’est pas définie, et pourrait être celle d’un gros sponsor qui recherche de la visibilité. J’ai également lancé un projet de crowdfunding, afin que des personnes touchées par le projet puissent me soutenir, même symboliquement. Ce financement participatif via le site Ibelieveinyou.ch me permettra, s’il aboutit, de payer le moteur nécessaire à ce challenge. Ensuite, si le résultat dépasse les espérances et qu’on arrive à trouver plus de financement, je pourrais emmener Julien avec moi pour qu’il suive la course. Les deux ensembles sur un Dakar : faire de ce rêve une réalité serait fantastique !
--------
Je vous laisse admirer Hugo à l’entrainement dans la galerie photo ci-dessous. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il met du gaz ! Le mot de la fin revient à Armando, son papa. Lorsque je lui demande comment il vit, en tant que père, le fait que son fils prépare son premier Dakar, il me répond du tac au tac : « C’est dur… J’aurai préféré pouvoir partir avec lui ! ». Une famille de passionnés, je vous dis !
AcidMoto.ch croit fermement en ce projet et soutient Hugo, financièrement comme médiatiquement. Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant des prochaines étapes de son aventure. Si vous aussi, vous voulez le soutenir, c’est par ici que cela se passe : site Internet I believe in You Hugo Lopes
Infos et contact sur la page Facebook d'Hugo Lopes