Reportage publié le 21 mai 2020

10 ans d'AcidMoto.ch – Les souvenirs de Phoukham

Texte de Phoukham Phothirath

Émois, et moi, et ces 10 derniers mois.

Préambule (Page 1)
Le premier essai, la première présentation presse (Page 1)
Les coups de cœur (Page 2)
L'essai qui ne s'est pas déroulé comme prévu (Page 3)
La plus belle destination pour rouler (Page 3)
Les anecdotes (Page 3)
Pour finir, un immense merci (Page 4)

Préambule

« Salut, c’est Yann, de AcidMoto ».

Voilà exactement comment ça a commencé pour moi. C’était le lundi du dernier Jeûne Fédéral… Juste un peu avant le dernier weekend de roulage de l’année, à Alès. « Crouiiiik », et ça c’était le nœud qui venait de se former dans mon tractus gastro-intestinal.

Bien sûr, il y a eu des choses avant ce coup de fil, et on s’était croisé déjà au fil des roulages, des rencontres et des discussions. Et j’étais déjà sous Acid avant même cet appel. Sous perfusion d’Acid, même ! Un coup de théorie et de lecture par ci, avec AcidMoto.ch « je chercher des informations diverses et variées », en passant par les feux AcidDays pour la partie « je cherche ma bécane et valide mon choix », et finir avec AcidTracks pour la partie (très) appliquée et circuits, genre « je cherche le point de corde et la trajectoire parfaite ».

Mais là… ce « Salut, c’est Yann, de AcidMoto », c’était une autre étape, et l’entrée dans une toute autre dimension. Pour ceux qui savent, c’est, un peu, comme de rencontrer le Boss de fin de niveau en jeux vidéo. Et se retrouver de l’autre côté du miroir. Passer de consommateur de la news, de l’événement, au statut de consomm’acteur.

Et aujourd’hui, de fil en aiguille, d’essais en news, en passant par les photos et des billets d’humeur, neuf mois après avoir rejoint cette équipe de bra…ves et preux chevaliers et tortionnaires de la poignée de gaz, leurs destriers de métal, leurs clichés millimétrés et leurs plumes inspirées, j’ai déjà plus de souvenirs que si j’avais mille ans… Avec le plaisir, l’envie de bien faire et l’humilité comme fils conducteurs.

Alors moteur !

Le premier essai, la première présentation presse

« Veux-tu aller faire l’essai de la Triumph Street Triple RS pour nous ? » Et re-« crouiiiik »…

Une présentation mondiale, un modèle phare de la gamme, merci, merci, je n’en demande pas tant. Le temps de bouger deux ou trois réunions dans l’agenda pour la mi-Octobre, et le tour est joué. Un cours à donner à Genève puis je me transporte direct à Cointrin et direction Alicante via Madrid, suivi d’un transfert de nuit avec un taxi volubile vers l’hôtel.

Arrivée vers 23h, je vois la fine fleur des journalistes francophones sortant de table, des têtes connues et l’humeur joyeuse. Il y a là Bader, PonPon, François, des accents du Sud de la France. Petit signe de tête et salutations en passant. Le temps de finir le check-in, grignoter quelque chose vite fait, regagner ma chambre. Avant de tomber comme une masse. Grosse journée demain.

Le petit déjeuner est pris en tête-à-tête intime avec le tracé du circuit de Cartagena. Puis Stuart Wood, l’ingénieur en chef, me fait un débriefing personnel de « son » bébé. Je l’écoute, prends note, opine du chef, souris, tout en sentant (déjà) poindre une petite boule au ventre.

Formalités administratives expédiées, l’autocar nous attend pour le transfert vers le circuit. Je fais connaissance avec mes « collègues » de la presse moto suisse, ainsi qu’avec ceux de la presse hexagonale. On échange, le paysage défile, je me détends. Et profite de ce trajet pour mesurer ma chance. Une boucle dans l’arrière-pays de Cartagena, des séances photos, la pause déjeuner et l’après-midi sur circuit, y’a pire forcément !

Je découvre et apprends les règles des déplacements en groupes (troupeaux ?) lors des lancements « presse », les pauses et aller-retours pour les photos, et surtout le rythme de ces roulages sur route, tout juste hallucinant. Heureusement, la moto est conciliante, elle est pêchue, elle tient la route et freine d’enfer, et je prends confiance et recolle à la meute.

Car il faut voir la vitesse avec laquelle on a enquillé les routes de l’arrière-pays, et le rythme avec lequel on a abattu le trajet du retour vers le circuit. Les motos sont rendues. Ça « clic clic » de partout. Pause déjeuner. Et d’autres Street Triple RS nous attendent sagement dans les box pour la partie circuit…

Les sessions de l’après-midi se sont déroulées comme dans un rêve. Deux ans de pratique aident à organiser le sac, se poser sur une chaise dans un coin pour s’équiper en vitesse et se concentrer sur les sessions qui s’enchaînent, les automatismes de deux saisons pleines sont là.

Briefing, en cuir. Je vois Moto Revue, Moto Journal, Moto et Motard, High Side, Moto Magazine, et nos confrères helvétiques. Cartagena est une piste pas facile à mémoriser, mais fluide et très variée. Ça roule fort, ça roule propre, ça déboule de partout. Ça filme, ça GoProte, ça immortalise à tout va. Dans le hurlement du trois cylindre. Jubilatoire. Il fait chaud, les techniciens font un travail remarquable, les motos sont bichonnées, elles sont sous couvertures chauffantes dès le retour au box.

Afin de fixer des sensations, je prends des notes sur mon petit carnet noir, à l’ancienne. Dernière session, on se lâche, j’évite de peu un tout droit dans le gravier sur la double droite qui suit la rectiligne, et replaque la moto in extremis… Vraiment pas le moment de se vautrer… L’ambiance se détend et le retour à l’hôtel se fait sur un petit nuage…

Les photos de la journée sont disponibles en fin de soirée, magique. Je commence à rédiger, comme pour fixer mes souvenirs. Pour ne pas oublier. Comment le pourrais-je, d’ailleurs ? Grosse journée, grosses sensations. A jamais gravées dans mes souvenirs.

Comme si c’était hier. Même neuf mois après.

Les coups de cœur

Mes coups de cœur, ce sont surtout les rencontres avec les gens, les pilotes, les journalistes. L’envers du décor est peuplé de bonnes intentions, de bonnes âmes, de crispations parfois, mais toujours avec cette envie que tout se déroule bien. Que l’expérience soit la plus positive et la plus informative possible.

Je voudrais donc remercier les responsables marketing des marques respectives pour leur professionnalisme, leur flexibilité et toute leur bienveillance : Yves (Triumph), René (Kawasaki), André (BMW) et Patrick (KTM). Mais également « leurs » pilotes, humbles, talentueux…

Avoir des coureurs du Tourist Trophy tels que Joe Akroyd ou Gary Johnson comme ouvreurs sur les routes de l’Algarve est une expérience hors du commun. Tout aussi inoubliable est celle d’avoir Chris Fillmore et Jeremy McWilliams vous montrant les trajectoires à Portimao lors de l’essai piste de la SuperDuke R 1290... Tout comme d’avoir pu être témoin d’un Chris Fillmore enquiller trois tours du tracé de Portimao de nuit et à la seule lumière de ses phares. Grand moment, respect.

Tout cela n’a pas de prix et fait oublier les heures de transit, le stress, les levers tôt et les couchers tard.

L'essai qui ne s'est pas déroulé comme prévu 

Tous les essais se sont bien déroulés, stop. Pas de casses à déplorer (même si j’ai bien essayé), stop.

Ben, ce serait vraiment dommage de casser déjà des motos, si jeune dans l’activité (là, je touche le bois de mon slider), si vieux dans l’âge. Tout juste avons-nous raté la correspondance Lisbonne-Faro parce l’avion a décollé avec trois heures de retard de Genève… Et du coup, trajet Lisbonne-Faro en voiture de loc et expédié tambour battant et sous une pluie toute aussi battante, pour arriver en temps et en heure au briefing de la Thruxton RS – chapeau bas, Yves.

La plus belle destination pour rouler

Les essais m’ont fait voyager dans deux pays européens : l’Espagne et le Portugal. Du côté de Girona et vers Almeria, aux contreforts de la Sierra Nevada pour les essais en terre ibérique, et en Algarve pour ceux qui se sont déroulés au Portugal. J’ai vraiment, vraiment adoré les paysages traversés et les magnifiques routes de l’Algarve, la gastronomie locale. Et cette ambiance et cette lumière, qui sont vraiment magiques. J’y retournerai, je reviendrai. En road trip. Promis.

L’anecdote

En fait j’en ai trois à partager avec vous, pas juste une : la première concerne l’achat de ma Speed Triple RS en février 2018 (photo). Coup de foudre sur le compte-rendu de Steve (Gonzo). La lecture finie, j’ai filé direct chez le concessionnaire et passé commande. Sans l’avoir essayée. Merci Steve ! Bon j’avais testé la R de 2017, pas transcendé, mais là… Il y avait quelque chose. Un raffinement so british, la première livrée en Suisse, m’a-t-on dit. Deux ans de bonheur ont suivi cet achat, par monts et par Vaud, de la route aux circuits, avec un égal bonheur. Aujourd’hui, sa petite sœur l’a remplacée. Et c’est moi qui ai eu l’honneur d’aller la tester en Espagne.

La seconde anecdote, c’est le brouillard à Portimao, pour l’essai de la très kolossale et très bestiale KTM SuperDuke R 1290 2020. Cette fois-ci la séance de test sur circuit a lieu le matin, sur un circuit inconnu qui ferait passer le Lédenon pour petit toboggan tout plat (j’exagère un peu le trait, là. Le Lédenon me fait toujours autant flipper). Un brouillard dense. Et une bande de furieux devant, emmené par Chris Fillmore... Et j’ai le cul posé sur un baril de poudre, un truc bestial qui ne demande qu’à t’éjecter à la moindre accélération trop optimiste, à la puissance et au couple qui débordent de partout et qui ne pense qu’à te satelliser au moindre geste inconsidéré. Et du coup, les virages en aveugles sont négociés… vraiment à l’aveugle. Flippant.

Enfin, la dernière anecdote concerne la grêle à Almeria, pendant les essais BMW (F900R, F900XR et S1000XR). C’était à bord du roadster F900R, en descendant des contreforts montagneux et de Lucainena de las Torres. Sous un ciel bas et lourd comme un tombeau, et menaçant comme un taureau de combat. Chargé et sombre.

D’abord une pluie fine, qui s’intensifie lorsque nous rentrons sur l’autoroute. Avant de se transformer en une énorme, inouïe averse de grêle. L’autoroute est blanche, les grêlons sont de la taille d’une bille. On roule sur des œufs. Je serre les fesses, je regarde loin. J’essaie de me calmer. Les voitures, les camions, les camping-cars, tous roulent au ralenti. On se suit, on ne dévie pas de la trace. Véhicules de travers. On double les camions. Dans les voitures, on nous regarde passer avec des gros yeux.

Pas tomber. Regarder loin. On se détend. On a roulé comme ça cinq, dix kilomètres. Je ne sais plus. Je suis trempé. Je commence à flipper. Et puis quelqu’un a soulevé ce couvercle apocalyptique, laissant filtrer la lumière et la chaleur. On arrive à l’hôtel, on se regarde, on se tape dans les mains. On se marre comme des glands. On est vivants.

Pour finir, un immense merci

Je profite de cette occasion pour remercier tous les acteurs du monde de la moto qui m’ont accueilli avec bienveillance - je vous suis très reconnaissant. 

Un grand merci à Yann, à tous mes collègues d’AcidMoto pour toute votre confiance et votre enthousiame à l’égard de ce vieux motard que jamais. C’est un chapitre excitant de ma vie, mais c’est aussi beaucoup de responsabilités lorsqu’on se retrouve de l’autre côté de la barrière. Car si nous jonglons avec le choc des photos et le poids des mots, et vice-versa, leur orthographie, les règles de grammaire et de conjugaison, il faut savoir aussi que nous jonglons avec nos agendas professionnels respectifs et faisons cette activité avec plaisir, par passion, sur notre temps libre et nos congés.

Enfin, un grand merci à ceux qui nous lisent, et font vivre ce que nous publions en les partageant et en les commentant. Et longue vie à AcidMoto.ch !

Et on vous donne rendez-vous dans dix ans. Même jour, même heure.

Chiche ?

Foux Foux
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