L’origine du Hard Défi Tour
C’est après avoir participé au Hard Alpi Tour en 2015 que James Simonin a l’idée de créer le Hard Défi Tour en Auvergne, une région qu’il connait comme sa poche puisqu’il y officie comme guide de randonnée moto et quad. Il veut son épreuve plus axée tout-terrain que le Hard Alpi Tour.
L’itinéraire, plus technique, est également plus court (340 à 390 km suivant les éditions) et il est prévu que les participants parviennent à terminer l’événement en une quinzaine d’heure, ce qui implique une conduite de nuit uniquement pendant quelques heures contre toute la nuit sur le HAT.
Contrairement au HAT, Le Hard Défi Tour n’a pas de limitation concernant le poids des motos, les enduros pures et dures sont donc les bienvenues également pourvu qu’elles soient immatriculées.
La première édition voit le jour en 2017 et attire une trentaine de participants. L’année suivante ils sont 150 et cette année les 200 inscriptions (maximum définit par l’organisateur) sont atteints quelques mois avant l’événement, preuve que James avait vu juste en créant ce nouvel évènement pour les amateurs de sensations fortes !
Vendredi 15 juin : départ pour l’Auvergne
Je termine les préparatifs de ma moto le matin même du départ, dans l’urgence comme d’habitude... Le Hard Défi Tour c’est un peu l’excuse pour me bouger le cul et préparer la BMW X-Challenge qui traine au fond de mon garage depuis déjà 4 ans en attente d’un projet de voyage qui ne se concrétise pas.
Cette année je ne suis pas gâté par la météo ! Après avoir passé tout le weekend sous la pluie lors du HAT Pavia San-Remo un mois plus tôt, je m’apprête à réitérer ça pour le Hard Défi Tour... Cette fois par contre, je charge la moto dans mon Jumpy histoire de me farcir les quelques 550 km du trajet au sec.
J’arrive au camping « Le Moulin de Serre » à Singles (63) en fin d’après-midi. Bon nombre de participants sont déjà en train de s’installer, sous la pluie… Les démarches administratives sont rapidement bouclées, l’équipe de James est efficace.
Ma motographie aïgue me pousse rapidement dans le parc fermé où je vais reluquer un peu les montures des autres participants. J’ai également le temps de faire causette avec une bonne brochette de types sympas que j’ai connu au fils des ans sur ce genre d’évènements.
Sur les 200 motos, la moitié sont des enduros pures et dures… AJP, la petite marque Portugaise est bien représentée avec une demi douzaine de PR7, son trail 600 cm3, qui semble taillé exactement pour ce genre d’événement. D’ailleurs elle a même un stand, tout comme les marques Kilm et Kriega.
La diversité des motos est impressionante. De l’Africa Twin 650 en passant par la Dominator 650, les Suzuki DR jusqu’aux Husqvarna 701, GS 1250 et KTM 790 R flambantes neuves, on trouve quasiment toute la palette de trails de la production des années 80 à nos jours, avec quelques raretés comme une Yamaha WR 450 Rally, une Aprilia Tuareg 600 ou encore une Barigo 600 !
Durant le briefing et le souper, les précipitations redoublent d’intensité, heureusement que les organisateurs avaient prévu le coup en montant des tentes pour qu’on soit à l’abri. Et dire que pendant ce temps, mon coéquipier Miguel est encore sur la route au guidon de sa KTM 790R… Il arrivera peu avant minuit.
Samedi 16 juin : Départ pluvieux
Hier, les prévisions météo nous annonçaient du sec jusqu’à 11 heures puis de la pluie non- stop jusqu’à dimanche… Il a plu toute la nuit.
A 7h, les premiers partent et à 7h11, on prend le départ à notre tour sous une pluie battante, ôtant toute illusion de rouler quelques heures au sec. Maigre consolation, on a l’avantage indéniable d’être dans les premiers. Je n’ose même pas imaginer l’état des chemins pour les derniers à partir... Je roule avec Miguel, avec qui j’ai participé à de nombreux autres évènements et Olivier avec qui j’avais fait un Hard Alpi Tour également.
Rapidement la trace nous emmène dans la forêt et Olivier au guidon de sa Honda CFR 450 nous sème à tout jamais, non sans nous balancer une salve de cailloux dans la tronche en nous dépassant…
Les premières difficultés arrivent rapidement avec un sol très gras. La KTM 790R équipé de pneus mixtes de Miguel pose quelques problèmes dans certaines montées bien boueuses, ceux-ci n’offrant pas assez de grip. Mon pneu arrière à moitié usé n’est pas terrible non plus, mais du fait que ma X-Challenge pèse bien 50 kg de moins que la 790, ça passe encore pas si mal. Je suis agréablement surpris par cette moto, elle est légère et la souplesse du moteur Rotax est une bénédiction en comparaison du LC4 de ma 640 Adventure. Par contre la hauteur de selle est très pénalisante, et je la mets à terre à deux reprises pour n’avoir par réussi a rattraper une glissade. Au moins elle est facile à relever !
On progresse assez bien, sous la pluie et le froid et après environ deux heures de routes, je passe le point de non-retour, à savoir quand les premières infiltrations d’eau dans mon calebar se font ressentir... C’est toujours une étape difficile, surtout quand on sait qu’il nous reste une dizaine d’heures de moto à se coltiner sous la flotte…
La gamelle
Contre toute attente, vers 12h30, il arrête de pleuvoir et on a même droit à quelques rayons de soleil ! C’est fou l’impacte immédiat que ça a sur le moral. C’est à ce moment-là, alors qu’on roule sur un chemin d’herbe mouillée, que Miguel se prendre une belle gamelle juste devant moi, à près de 50 km/h ! Ouch !!! Sa moto glisse et tape sur le côté gauche puis effectue une rotation avant de s’immobiliser.
Heureusement il n’a rien, mais après avoir repris ses esprits et relevé la moto, elle ne veut plus partir… En voyant l’essence couler sous la moto quand il presse sur le bouton du démarreur, on découvre que la protection en plastique du réservoir a tapé sur le raccord d’essence de la pompe sous l’impact de la chute. Le choc l’a sectionné net, sans faire aucun autre dégât. Le verdict est sans équivoque : le Hard Défi Tour est terminé pour Miguel.
Par chance, un Marshall arrive à peine quelques minutes plus tard. Il est équipé d’une corde et nous aide à remorquer la moto de Miguel quelques kilomètres en amont jusqu’à un village où il devra attendre que l’assistance vienne récupérer sa bécane. Il en profite pour appeler le concessionnaire KTM le plus proche, mais il n’a bien évidemment pas cette pièce en stock. Un collègue de travail fera l’aller-retour depuis la Suisse pour venir le chercher avec sa moto dans la nuit de samedi à dimanche. Le mercredi, la moto est prête à repartir (merci Adrenaline Moto !), et jeudi, Miguel part en direction de la Pologne pour la Gibraltar Race, mais ça c’est une autre histoire ;-)
L’aventure en solo
Je décide de continuer seul puisqu’il n’y a pas grand chose que je puisse faire pour Miguel. On avait parcouru 110 des 390 km et il est déjà plus de 13 heures quand je repars. Le beau temps ne fut que de courte durée et la pluie et le froid vont rapidement revenir à la charge.
J’atteins le premier Check Point vers les 14 heures, le moral un peu au fond des bottes… J’ai les doigts gelés et j’ai beau avoir une veste et un pantalon Klim Kodiak sensés être 100% étanche, je suis trempé dessous. Le problème, dans des conditions pareilles est que l’eau pénètre par capillarité par les manches et par le col…
A l’abri dans une grange, l’organisation a dressé des tables et on nous sert un repas chaud qui fait autant de bien que la bonne humeur des gens qui nous accueille.
La météo ne montre pas de signe d’amélioration, et je reprends la route en compagnie d’un compatriote vaudois ayant perdu ses deux coéquipiers.
CP 2 et abandon
La difficulté est à la hausse et les montées et descentes sont de plus en plus raides avec des cailloux et des racines glissantes pour compliquer la tâche. Mon rythme loin d’être supersonique en prend pour son grade. J’atteins le Check Point 2 après 230 km vers les 18 heures. Vincent avec qui j’ai fais route depuis le CP 1 décide de jeter l’éponge et de rentrer à Singles par la route. Je dois avouer que j’en profite un peu pour me trouver un prétexte pour abandonner, le cœur n’y est plus…
Ironiquement, c’est à ce moment qu’il arrête de pleuvoir et que le soleil fait son apparition. En évitant les voies rapides, il me faudra encore deux heures pour rejoindre le camping par de petites routes sinueuses où je me fais plaisir et je m’autorise même une petite pause au soleil pour manger le pique-nique qu’on nous a donné au CP 1.
Quand j’arrive au camping vers les 20 heures et au vu du nombre de participants présents, je comprends que je suis loin d’être le seul à avoir jeté l’éponge, ce qui soulage quelque peu mon égo…
Toutes les AJP sont parvenus au bout de la totalité du parcours, ce qui est une excellente carte de visite pour la petite marque, mais qui en dit surtout long sur le niveau de ceux qui les pilotaient ! Notre coéquipier, Olivier, qui nous a semé dès le départ est également l’un des rares « finishers ». A ses dires la toute dernière section entre le CP 4 et 5 était de la folie, jamais il ne l’aurait passée avec son Africa Twin 1000.
Je comprends à présent très bien pourquoi la moitié des participants sont venus avec des enduros. Si par temps sec le Hard Défi Tour n’a déjà rien d’une balade, avec la boue, c’est carrément hardcore pour un amateur. Je ne serais pas étonné d’apprendre qu’une partie des participants ayant opté pour une enduro cette année était venu avec un trail lors d’une précédente édition.
Le Hard Défi Tour l'évément trail tout-terrain le plus dur?
Pour avoir participé a tous les Hard Alpi Tour depuis 2014, je peux vous certifier que la difficulté du Hard Défi Tour est bien deux niveaux au-dessus de son homologue italien. Je ne ferai même pas la comparaison avec les évènements de Cocoricorando qui s'adresse à un public moins pointu.
Avec des conditions météorologiques pareilles, il est probable que d’autres organisateurs eu annulé l’évènement ou tout du moins neutralisé une partie de l’itinéraire.
James n’a neutralisé que les boucles hardcore optionnelles prévu pour les enduristes chevronnées. Nul doute que cette 3ème édition du Hard Défi Tour va rester dans les annales pour sa difficulté et ses conditions météos difficiles et que les petits nouveaux seront terrifiés par les récits des survivants…
Pour ma part, comme ça à chaud après l’évènement, je vous dirais que j’y reviendrais… mais de préférence au guidon d’un vraie enduro équipée de pneus neufs, ce qui me permettrais d'abord l'évènement de façon beaucoup plus sereine, et particulièrement en cas de pluie !
J’en profite pour dire un grand merci à James et à tous ses collaborateurs qui ont permis l’organisation et le bon déroulement de cet évènement.
Vous trouvez la vidéo du Hard Défi Tour 2019 ici.
Détails pratiques
Vous trouverez toutes les informations relatives au Hard Défi Tour sur le site officiel :
L’inscription au Hard Défi Tour coute 170 euro et inclus un T-Shirt et tous les repas du vendredi soir au samedi soir.
L’emplacement pour les 2 nuits de camping coûte 21,10 euro et des cabines sont également disponibles. Vous trouverez toutes les informations ici.
Vous pouvez dors et déjà sortir votre agenda, la prochaine édition aura lieu les 5 et 6 juin 2020.