Le Hard Alpi Tour, qui a débuté en 2008 avec 12 participants, est à présent le plus important évènement d’Aventouring en Europe et fait même partie du calendrier officiel de la FIM (Fédération Internationale de Motocyclisme).
Destiné aux trails de plus de 150kg, les grandes lignes de l’évènement n’ont pas vraiment changées depuis la décision de déplacer le départ de Garessio à Sanremo l’an passé.
Sanremo, une station balnéaire huppée avec son casino, ses magasins de luxes et ses touristes russes, semble à priori aux antipodes de notre activité pleine de poussière, de sueur et de testostérone, mais quel motard digne de ce nom oserait se plaindre d’avoir la possibilité de se baigner dans la mer, de savourer une bière fraiche sur une terrasse tout en regardant passer des jolies filles sapées avec une classe typiquement italienne avant de partir s’amuser comme un gosse sur les magnifiques pistes ouvertes à la circulation motorisée que compte le pays ?
Cette cuvée 2018 propose quelques 150km de nouvelles pistes pour l’Extreme (900km), et quelques nouveautés également pour le Classic (580 km) et le Discovery (420 km).
Il va sans dire que l’évènement marquant de cette 10ème édition a été la présence exclusive de la Yamaha Ténéré 700 au départ du HAT Classic, avant même son lancement officiel à l’EICMA de Milan au mois de novembre.
Le pilote de rallye Alessandro Botturi a eu la mission de ramener le proto de la Ténéré 700 à l’arrivée à Sestriere. Pour l’occasion il est accompagné par l’exceptionnel David Frétigné et le jeune prodige italien, Manuel Lucchese, tous deux sur des Ténérés 1200.
Insolite, la marque Suisse Quadro était également au départ du HAT Classic avec un team de 11 Qooders, son scooter à 4 roues inclinables qui ont tous rejoint l’arrivée à Sestriere.
Autre fait marquant de cette édition fut la présence du pilote italien Nicola Dutto. Paraplégique suite à un accident en 2010, il roule à nouveau à moto au guidon d’une KTM enduro adaptée à son handicape et sera le premier pilote paraplégique à prendre le départ du Dakar en 2019 ! Quand il m’a dépassé, à environ 40 km de l’arrivée, je n’ai pas tout de suite voulu croire ce que je voyais. Comment est-ce humainement possible de rouler en tout-terrain sans l’usage de ses jambes ? Et surtout, au vu de son rythme, il va sans dire qu’il a un meilleur niveau que les ¾ des participants... Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de m’entretenir avec lui à l’arrivée pour en savoir plus, mais il va sans dire que ce Nicola Dutto est un super héros, et bien réel en plus !
Les femmes étant peu représentées dans le milieu, on notera la présence remarquée de l’australienne Amy Harburg, 42 ans, venue seule à moto depuis Vladivostok en traversant la Mongolie, l’Asie Centrale et l’Europe de l’Est lors d’un périple de 20'000 km et 3 mois pour prendre le départ du HAT.
Pour ma part, après quatre participations consécutives dont les deux dernières en « Extreme », j’ai décidé cette année de refaire le HAT « Classic » de 24 heures. A moins d’une semaine du départ un membre de mon team se casse le pied sur une course et on ne part finalement qu’à deux avec mon pote Alain. Pour sa première participation, il a récupéré une vieille Transalp 600 de son beau-père qu’il a terminé de préparer la veille du départ…
J’avais dans l’idée de tester la SWM Superdual ou la AJP PR7, mais je n’ai malheureusement réussi à obtenir ni l’une ni l’autre. Du coup j’ai ressorti ma bonne vieille Ténéré 600 de 1986 qui coulait une retraite paisible dans mon harem après sa participation au HAT Extreme en 2016.
A Sanremo, lors des inscriptions on décide de faire équipe avec deux autres romands, des « vieux » en Africa Twin 650 et XT 660. On en profite pour faire plus ample connaissance sur une terrasse à savourer une bonne pizza en s’abreuvant de leurs récits des rallyes auxquels ils ont participé dans les années 80, en moto 2 temps, sans GPS ni assistance… ça fait rêver !
Durant le briefing dans le casino de Sanremo, on nous dévoile la nouvelle Ténéré 700 avant d’aller assister au départ du HAT Exteme, à 23 heures.
Samedi, on se retrouve dans le dernier tiers à prendre le départ, vers 13h30. Il fait une chaleur de plomb et on n’est pas fâché de prendre la route. Les premières heures se passent sans encombres, on rattrape beaucoup de monde et tout se passe pour le mieux au guidons de nos vieilles mamies jusqu’à ce qu’on perde un des Vincent en se trompant à une bifurcation. Au final on le retrouve en perdant une bonne demi-heure et peu après, au premier checkpoint avec ravitaillement, les deux Vincent nous perdent. Comme on ne les voit pas arriver, on décider de continuer à deux.
Aucun problème mécanique à signaler, aucune crevaison, mais des ennuis avec la police italienne qui nous arrête dans un village à 23 heures. Bilan, 30 euro d’amende pour moi, mon support de plaque étant cassé et ma plaque était dans mon sac, et près de 120 euro pour mon pote Alain parce qu’il n’avait ni rétroviseurs ni clignoteurs. On a bien essayé de leur expliquer qu’en Suisse, les clignoteurs n’étaient pas obligatoires (ce qui est vrai en plus), il nous a simplement répondu : "Et là vous êtes où" ?
Cette histoire nous a fait perdre près de 45 minutes et c’est vers les 2 heures du matin qu’on arrive à Becetto. On décide de faire comme tout ceux qui sont déjà sur place, dormir un moment avant de reprendre le départ vers 4h30. Depuis les 3 dernières éditions, je trimbale un sac de couchage et un matelas gonflable avec moi, parce qu’il fait particulièrement froid pendant la nuit ici.
Les dernières heures avant l’arrivée à Sestriere seront teintées de hauts et de bas, par moment la fatigue prenant le dessus et on se retrouvait à conduire comme des zombies tandis qu’à d’autres moments on a la patate, surtout en regardant les paysages fabuleux qui s’offrent à nous lors de l’ascension du col de l’Assiette.
On franchit l’arrivée à Sestriere sur le coup de midi, soit 22h30 après notre départ. Rétrospectivement, on aurait mieux fait de dormir quelques heures de plus, parce que sur le retour en Suisse on était tellement fatigué qu’on a dû s’arrêter sur l’autoroute pour dormir un moment et reste du trajet s’est fait à grand renfort de boisson énergétique.
Après cinq participations je ne me suis pas encore lassé du HAT et je serai très certainement de la partie en 2019.
Le Hard Alpi Tour est vraiment un évènement unique qui permet non seulement de rouler sur des pistes magnifiques, de tester ses limites, mais aussi de rencontrer plein du monde qui partage la même passion en toute simplicité. Le HAT n’est pas une course et c’est peut-être aussi un des facteurs responsables de la bonne humeur et du fair play de l’évènement.
Un grand merci à l’organisation et à tous les bénévoles qui nous offre la possibilité de vivre cette magnifique expérience d’année en année.
Pour plus d’information sur le HAT, consultez le site officiel.
Vous pouvez également trouver ici les comptes rendus des éditions 2014, 2015, 2016 et 2017.