Pour la 4ème édition d’affilé, je suis à nouveau de la partie, même si je m’étais juré qu’on ne m’y reprendrait plus… Vous savez, c’est un peu comme quand on prend une cuite. Le lendemain, on dit : Plus jamais ! Et puis le temps fait son travail, on oublie et on remet une couche !
Après m’être endormi sur l’autoroute au guidon de ma Ténéré durant le retour de la 8ème édition, j’ai jugé préférable de prendre mon bus cette année. Si nécessaire je pourrai y faire une sieste avant de rentrer le dimanche soir.
Fenêtres grandes ouvertes sur 450km pour essayer de dissiper les effluves d’essence causées par un raccord incontinent sur ma moto, j’arrive à Sestriere sur le coup des 21h. Le temps de manger une morse et de profiter de ma dernière vraie nuit de semaine du weekend.
Vendredi 10h00 - Sestriere-Sanremo
Les 320 kilomètres qui séparent Sestriere de Sanremo me permettront de réaliser que si je roule plus d’une heure d’affilé en position assise sur cette moto, je risque fort de nécessiter une greffe d’anus avant la fin du weekend ! La pire selle jamais produite de toute l’histoire du 2 roues… Le plus inavouable dans cette histoire c’est que j’ai payé un sellier pour me la retravailler dans l’espoir de gagner en confort. C’est une histoire à avoir au cul au propre comme au figuré… La prochaine fois je mettrai un short de cycliste.
Heureusement, c’est aussi la moto qui offre la meilleure position de conduite debout au monde ! Du coup, droit comme un i, je maintiens un timide 100 km/h sur l’autoroute. Faut dire que la transmission tire un peu court et qu’à 5’000 tr/min je sens la cire se décoller de mes tympans sous le casque… C’est le prix à payer pour rouler avec une moto de compétition !
Chaque année, le HAT bat ses propres records de participation et l’édition 2017 n’est pas une exception avec 470 participants de 22 nations. Nul doute qu’on atteindra les 500 participants pour la 10ème édition l’an prochain... Et dire qu’ils ont commencé à 17 !
Je retrouve mon team franco-suisse sur le coup des 15h pour les formalités administratives. Suite à un désistement, on se retrouve à cinq au lieu de deux teams de trois. Miguel et Jérôme avec qui j’ai roulé l’an passé, Laurent, que j’avais rencontré lors de ma seconde participation et Olivier, un pote à Miguel.
La partie administrative s’est grandement professionnalisée depuis ma première participation en 2014, et le tout est rapidement bouclé. Il nous reste quelques heures à profiter des derniers rayons de soleil du weekend sur une terrasse au milieu des touristes en tenu de plage. En effet, les prévisions météo s’annoncent particulièrement désastreuses à partir de samedi après-midi… De la pluie pour tout le weekend…
Vendredi 19h00 – Le HAT s’embourgeoise !
Les organisateurs du HAT ont vu grand cette année. Buffet souper et briefing dans le casino de Sanremo, la grande classe ! On en est presque gêné de marcher sur ces beaux tapis avec nos bottes et nos habits poussiéreux !
Ils semblent par contre avoir totalement oublié que la majorité des participants ne parlent pas italien et par la même occasion le briefing d’une heure a pris une tournure plus axée sur les sponsors que sur les participants. On nous communique tout de même que certaines sections, spécialement pour les participants du HAT Classic, seront peut-être fermées samedi, à cause des fortes précipitations attendues…
Vendredi 23h00 - Départ du HAT Extrême
Alors qu’on retourne dans le parc fermé, impatient de commencer, Olivier réalise qu’il s’est fait voler son GPS qui était resté sur la moto ! La dèche ! Il roulera toujours en 2ème ou 3ème position afin qu’on ne le perde pas.
Sur le coup de minuit, en 53ème position, notre team s’élance dans la nuit, avec Miguel et sa GSA 1200 en tête, comme l’année passée. Miguel c’est un vrai de vrai, le gars qui enquille 40’000km par année au guidon de son énorme BMW GSA. Non seulement il est à l’aise dans toutes les situations, mais en plus c’est un excellent meneur, parce qu’il a toujours le bon rythme. On roule une dizaine de kilomètres, le temps de sortir un peu de la zone urbaine de Sanremo, quand enfin arrive les premiers chemins.
Autant le dire tout de suite, les organisateurs nous offrent directement du lourd ! Des chemins bien cassants dans des forêts avec beaucoup de grosses pierres. Au guidon de la 690 Rally, c’est un jeu d’enfant, les suspensions encaissent tout sans broncher et ma transmission assez courte me permet de jongler entre la 2ème et la 3ème là où les autres sont entre la 1ère et la 2ème. Franchement je m’amuse vraiment et je ne me retrouve jamais en difficulté, ma monture est vraiment top ! Mon seul vrai souci avec cette moto est quand je dois la mettre sur la béquille. Malgré mon mètre 82, je touche le sol de la pointe des pieds et la béquille est mal foutue... il faut la pencher dans le sens opposé pour réussir à la poser.
A 3h45 on atteint le premier check point. Notre commandant Miguel nous accorde 15 minutes de pause, le temps de boire un coup et de s’enfiler des pâtisseries avant de reprendre la route. Jusqu’à présent tout se passe bien, on commence à dépasser de plus en plus de participants, ce qui, pendant quelques instants flatte nos égos avant de réaliser qu’on a perdu Jérôme, suite à des soucis de bagages sur sa Super Ténéré 750. On se refait dépasser à notre tour… Tant pis, de toute façon on en a encore pour une quarantaine d’heure, rien n’est encore joué.
On continue quasiment sans s’arrêter jusqu’au petit matin, aux alentours de 8h30 quand on arrive dans un petit village près de Garessio où se trouve la prochaine pause gustative d’après nos GPS.
Samedi 08h45 – Le concert le plus improbable au monde !
Dans le minuscule bistro quasi vide, on tombe sur deux autres participants. Sales, l’air fatigué, le regard plongé dans leur café, on ne doit certainement pas avoir meilleur mine qu’eux… Contre toute attente, c’est pourtant ici que j’assiste à une scène cultissime et totalement surréelle compte tenu de l’endroit et de l’heure.
Dans une pièce au fond de ce petit café, éclairé tel un sapin de Noël par des spots clignotants bon marchés genre disco de village, un papi, la septantaine entamée nous accueille armé d’une guitare électrique. Après une reprise de Santana avec solo de gratte digne de ce nom soutenu par un accompagnement midi, il continue avec d’autres tubes des années 70 avant de troquer la guitare pour l’accordéon. C’est à ce moment qu’on reprend la route, mais franchement il m’a fait chaud au cœur. Je l’ai filmé et applaudi et me disant qu’à son âge j’espère que je pourrai faire pareil… A une différence près... Je mettrai le volume à fond !