Départ à 07h15 avec les bottes encore mouillées de la veille pour une très longue étape de 400km qui commence dans la vallée du Dadès jusqu’au col Tizi n’Ouano à plus de 2’900m d’altitude. Nous traversons la barrière de l’Atlas et les paysages sont à couper le souffle. Occupé à suivre tant bien que mal le rythme de mes compatriotes, je n’ai même pas eu le temps de dégaîner mon appareil photo une seule fois. Aucune difficulté à signaler sur les 300 premiers kilomètres puisque c’était de la route. Sur les 100 derniers kilomètres, les choses se corsent, avec un oued bien trialisant qui va nous faire mouiller les bottes (et les aisselles) à de nombreuses reprises et pour finir, cerise sur le gâteau, le magnifique canyon de Jaffar.
Ma première chute aujourd’hui, je perds l’avant dans un virage et me retrouve au sol sans me faire mal, mais en laissant de belles griffures sur les réservoirs hors de prix de ma chère moto.
Arrivé à Midelt après une très longue journée, je commence par me commander une bière et une frite avant de m’attaquer à la mécanique. Les journées sont chargées et mon téléphone ne me manque plus vraiment. Impossible de trouver un câble de remplacement pour mon tripmaster qui déconne depuis le début du raid, je vais devoir utiliser le compteur kilomètre du GPS, sans pouvoir faire de correction. Tous les soirs sur le bivouac un camion atelier est présent avec trois jeunes apprentis mécanos et leur prof, qui sont là pour donner un coup de main à qui en a besoin. Si ce n’était pas assez, on a même droit à un service d’hostéopathes gratuit, avec quatre étudiants en dernière année. C’est du grand luxe !
Aujourd’hui, changement de décor radical. Les paysages montagneux laissent place à des forêts en début de journée. Depuis le premier jour, mes coéquipiers ont tous choppé la tourista à tour de rôle et ont dû procéder à quelques vidanges d’urgence au bord de la piste... Ma hantise absolue ! Essayez de descendre vos pantalons quand vous avez des bottes de motocross, des protection de genoux et un short de protection sur votre calebard !
Moi je croise les doigts en ingurgitant du Bioflorin matin et soir préventivement, mais pour l’instant tout va bien. J’aurais pu faire des photos très drôles mais je n’ai pas osé de peur que le destin se retourne contre moi...
Sur un raid, comme sur un rallye, il y a des checkpoints qui valident que l’ont soit passé au bon endroit. Sur un rallye, les gens n’ont pas deux secondes à perdre et se ruent pour faire tamponner leur carte et repartir aussitôt. Ici, comme il n’y a pas de contrainte de temps, l’ambiance est cool. On est attendu avec du café, thé et des petits biscuits et la plupart des participants s’arrêtent pour faire un brin de causette. C’est l’occasion de faire plus ample connaissance avec les autres car le reste du temps je roule toujours avec les mêmes personnes.
Après un gros passage à gué, la moto d’Alex commence à poser des problèmes. A de nombreuses reprises, son moteur cale dès qu’il ouvre les gaz. Nous rejoignons vers 17h00 le checkpoint où l’on doit prendre le départ pour la dernière spéciale avant 17h30, faute de quoi, nous devons rentrer par la route. Après moins d’un kilomètre, la moto d’Alex ne veut plus rien savoir, on commence à démonter les réservoirs pour atteindre la bougie, tout semble fonctionner correctement, mais toujours le même problème, elle cale dès qu’on ouvre les gaz. Finalement, sur le coup des 17h30, Alex décide de retourner au checkpoint pour voir s’il peut avoir de l’aide et rentrer par la route.
De notre côté, on se dépêche d’attaquer la dernière boucle qui passe dans un magnifique canyon avant de rejoindre l’hôtel. Alex est déjà sur place quand on arrive, sa moto a finalement bien voulu partir après qu’il ait soufflé avec de l’air comprimée dans le capuchon de bougie.
Mauvais calcul de ma part que de vouloir finir le Michelin Enduro qui équipait la roue avant de ma moto à l’achat... En trois jours, il s’est complètement consommé au milieu, et ce soir en arrivant au camp, je n’ai pas eu d’autres choix que d’acheter et faire monter un nouveau Michelin Desert. Et paf, € 150.- dans les dents...
Une journée non pas éprouvante par sa difficulté technique, mais surtout par la poussière, qui nous oblige à laisser beaucoup d’écart encore les véhicules si l’on veut y voir quelque chose. Aujourd’hui, j’ai décidé de rouler seul, afin de la prendre un peu plus cool, parce que pour suivre mes compatriotes je dois vraiment rouler au max de mes capacités, et eux m’attendent toujours, et même s’il ne m’ont jamais fait une remarque, ça me met la pression, parce que je n’aime pas être à la traîne.
Nous passons à travers des villages de montagne isolés de tout, probablement sans eau courante ni électricité, où les nombreux enfants sont toujours très enthousiastes au bord de la route. De temps en temps, il y en a un ou deux qui nous balancent quand même des cailloux, mais c’est assez rare, heureusement.