Après ces quelques jours de repos (bien mérités?), nous continuons notre route dans les Pyrénées en direction de Castejón de Sos (E). Nous profitons des beaux panoramas pour une séance photo.
Kilomètre après kilomètre, les paysages changent. Nous sommes maintenant en Espagne, en plein coeur des Pyrénées aragonaises. Les roches rougissent. La température de l'air augmente et frise les 35°C. Heureusement, nous sommes équipés de veste et pantalon en Mesh pour une ventilation extrême.
Bien que les routes soient très sinueuses et que nous franchissons de nombreux cols à rythme soutenu, la consommation moyenne d'essence ne dépasse pas les 6.0 litres pour 100km parcourus et se stabilisera entre 5.4 et 5.8, suivant le rythme imposé par ma main droite. L'autonomie est alors portée à plus de 400km ! Rassurez-vous, la fermeté de la selle contraint à des arrêts plus fréquents !
Nous arrivons à Castejón de Sos, localité proche de la frontière Aragon-Catalogne. Le ciel menace et s'assombrit au fur et à mesure que l'orage approche. Le vent souffle de plus en plus fort. Nous avons à peine le temps de récupérer nos bagages que le dieu Taranis abat ses foudres sur la région. Des torrents d'eau envahissent les rues. La nature se déchaîne et nous observons avec émoi l'orage d'une spectaculaire violence. L'hôtel "Diamo" nous offre un bon accueil et les prestations sont bien à la hauteur de ses trois étoiles. On déplorera que les Espagnols peinent à s'exprimer dans une autre langue que... le castillan. Ce soir-là, c'est jamón pour l'apéro et paella pour la suite. Et becs à sucre que nous sommes, nous ne pouvons faire l'impasse sur une crème catalane pour le dessert.
Après une nuit réparatrice, nous reprenons la route en direction de l'Est. Quelques heures de shopping nous attendent à Andorre-la-Vieille, avant de passer le col d'Envalira qui nous mènera à nouveau en France, dans le département des Pyrénées-Orientales. Andorre est une petite principauté à part, gérée à moitié par la France et reconnue pour être un paradis fiscal. Aussi, elle est réputée dans le milieu motard pour ses nombreux commerces d'équipement moto à prix (très) cassé. Toutes les grandes marques y ont pignon sur rue.
Nous poursuivons notre route vers le village touristique de Font-Romeu et traversons les impressionnantes Gorges de St-Georges, peu avant Quillan. Nous arrivons en fin d'après-midi à Villedubert, à côté de Carcassonne. Nous profitons de la rafraîchissante piscine de la chambre d'hôtes "La Gallinette" avant de nous rendre à Trèbes pour le repas du soir, à la "Poissonnerie Moderne". Ce village est essentiellement connu par ceux qui empruntent le Canal du Midi, en pénichette.
La nuit tombée, nous n'hésitons pas un instant à découvrir la cité médiévale de Carcassonne située à un petit quart d'heure. De nuit, c'est comme si le temps s'arrêtait lorsque nous contemplons les remparts de la cité. Amateurs de belles pierres chargées d'histoire et de romantisme exacerbé, Carcassonne est pour vous !
Le lendemain, nous longeons toute la côte méditérannéenne pour rejoindre le Luc-en-Provence, deuxième destination des vacances. A nouveau, nous avions choisi une chambre d'hôtes 4 épis avec piscine pour y séjourner quelques jours. Le Luc-en-Provence est idéalement situé sur la Côte d'Azur, à mi-chemin entre Marseille, Arles et Nice. Aussi, en retrait de la côte, nous évitons le tourisme de masse inhérent à cette période de l'année.
Durant cette étape en Provence, nous avons profité de rayonner sur les départementales de la région. Et je noterai particulièrement la D558, entre Le Luc et Grimaud.
Cette départementale a été un terrain de jeu idéal pour tester les capacités dynamiques de l'Adventure. Des petits virages serrés parsemés d'imperfections aux belles courbes où "y'a tout qui frotte" et aussi des chemins de terre battue, l'Adventure a subi, tant je l'ai poussée dans ses derniers retranchements.
Je dépouille la KTM de sa lourde bagagerie et ne conserve que le top-case. Je switche la gestion moteur en mode Sport (qui restreint également l'action de l'antipatinage) pour une réactivité extrême de la moto. Le moteur se montre de suite plus rageur et prend plus rapidement les tours à la moindre rotation de la poignée. Les premiers rapports s'enchaînent et j'apprécie la douceur et la précision de la commande d'embrayage hydraulique. La boîte ne souffre d'aucun faux point mort et les rapports se verrouillent sans forcer. Jusqu'au troisième rapport, la roue avant ne cesse de se délester et se fait rappeler à l'ordre par l'anti-wheeling qui agit avec grande discrétion et efficacité. Le twin délivre toute sa puissance avec constance et propulse la moto comme le ferait un élastique. J'ai l'impression que la mécanique ne subit pas le poids de la moto ; imaginez, une moteur, un guidon, deux roues et vous ! Sa sonorité est typique des bicylindres avec un timbre métallique très racing. Je n'ose imaginer ce que délivre l'échappement Akrapovič disponible dans la liste des options de KTM.
Les virages approchent. Il ne suffira que de deux doigts pour faire plonger la fourche à grand débattement et freiner violemment la moto. La tombée des rapports à la volée est assurée par l'embrayage anti-dribble. La stabilité est excellente pour une moto haute sur pattes. Le freinage combiné ne vient en aucun cas gêner à la conduite sportive que j'impose à la moto ; au contraire, il apporte un gain en stabilité lors des freinages de trappeur. Un coup de guidon et me voilà sur l'angle. La béquille centrale frise l'asphalte. Ce ne sont pas les dépressions et les imperfections de la route qui gêne la KTM ; je dirais même que les excellentes suspensions WP, associées à l'amortisseur de direction, gomment à merveille les inégalités du revêtement et permettent de passer fort en courbe sans se soucier de l'état de la route. Avant la sortie de chaque virage, poignée des gaz au taquet, l'antipatinage autorise une légère glisse pour optimiser l'accélération tout en conservant une marge de sécurité avant la dérobade. Bien que la fourche se tasse de manière prononcée au freinage, l'amortisseur, lui, digère sans broncher le couple important et l'avalanche de puissance du LC8 lors des relances en sortie de courbe. Les gommes, des Continental TrailAttack 2 (120/70 ZR 19 et 170/60 ZR 17), sont collés à l'asphalte et offrent une belle progressivité en limite d'adhérence. Ils mettent en confiance et permettent une légère glisse "saine" avant le décrochage complet.
Cette KTM Adventure est une vraie (grosse) supermoto "électronisée" ! Les moins frileux s'amuseront à jouer sans les assistances électroniques mais devront faire face aux 230kg de la bête.
J'arrive à Grimaud, dans la circulation estivale. Je me fraie un passage entre les camping-cars et les caisseux. Avec l'adrénaline résiduelle provoquée par les derniers kilomètres, j'avoue que virevolter dans le trafic est une affaire que je gère les doigts dans le nez !
Port-Grimaud, la Venise de la Côte d'Azur, sompteux village quasi-lacustre à quelques pas de St-Tropez. L'architecture respire le Sud, je me croirais en Italie. J'adore ! Le temps de faire quelques pas, de franchir quelques ponts joignant les quartiers de Port-Grimaud et de m'attarder à contempler les allées et venues des bateaux dans la marina en sirotant un soda, je chevauche la KTM et prends le chemin du retour. Un Rosé de Provence glacé m'attend au bord de la piscine...