Grimper est le bon terme, puisque la selle culmine à 860mm (position basse) ! Une fois à son bord, je m’y sens bien ! Les commodos tombent idéalement sous les doigts (et peuvent être déplacés) et j'apprécie l’attention portée à l’ergonomie. Lorsque je m’aventure dans les menus de l’écran digital de gauche, je navigue facilement de l’un à l’autre et aussi, le paramétrage des différents modes de conduite et comportement moteur se fait sans difficulté, bien que j'aie eu quelques appréhensions. Sur la droite, un deuxième écran digital informe des données impératives à la conduite (trips, jauge d’essence, température du liquide de refroidissement, rapport engagé et tachymètre). Au centre, je trouve l’aiguille rouge du compte-tours avec, en prime, un shift-light.
Le saute-vent est orientable en deux positions (plus 25mm de hauteur). Malheureusement, la manoeuvre n’est réalisable qu'à deux mains, donc à l’arrêt.
L’ergonomie du triangle guidon/selle/repose-pieds est personnalisable aisément : les repose-pieds ont plusieurs positions (diagonale 10 mm haut et arrière), le guidon peut s'élever de plus ou moins 10mm, et la selle est réglable sur deux positions faisant varier la hauteur de 15mm. La plupart des gabarits seront à leur aise !
Côté volume de rangement, ce n’est pas luxueux, mais toujours mieux que rien. Sous la selle passager, on peut facilement loger un socle de béquille (pour éviter que cette dernière s'enfonce dans le sol), les papiers de la moto, une petite trousse de secours. J'estime le volume à quelque 0.5 litre. De plus, dans la partie avant droite du carénage, un petit volume étanche reçoit sans problème carte de crédit, ticket de péage, un peu de monnaie, ... Seulement, avec les vibrations du twin, il a la fâcheuse tendance à s’ouvrir de manière intempestive.
L’ambiance à bord est plutôt bonne et je trouve rapidement mes marques, tant la KTM s’adapte à mes besoins.
Quant à la passagère, elle se retrouve bien positionnée sur l'épaisse (mais ferme) selle. Les poignées sont longues et à la bonne hauteur ; s'y tenir n'oblige pas à courber le dos ou avoir les bras trop tendus. Les jambes sont repliées à l'équerre, naturellement. Seul le doseret de top-case gêne au confort parfait ; il mériterait d'être moins pointu dans sa partie supérieure.
Les itinéraires, planifiés à l'avance (voir à la fin de cet article), sont enregistrés dans le GPS. Plusieurs journées du voyage comportent des parcours de plus de quatre cents kilomètres, représentant près de sept heures en selle. Avec des arrêts toutes les nonantes minutes, les jours de roulage sont bien remplis.
La KTM est très chargée. A l'arrêt, sur la béquille latérale (qui s'enfonce parfois dans l'asphalte lorsqu'il fait chaud), la moto menace de basculer tant les deux valises et le top-case pèsent sur l'arrière train. La suspension est pourtant réglée au niveau le plus élevé (deux personnes et bagages). Dans cette configuration, l'assiette de la moto est aussi sensiblement rehaussée ; poser la moto sur la béquille centrale est alors impératif. Pour cette manoeuvre, l'aide de ma passagère est nécessaire.
Les premiers tours de roue surprennent. Chargée comme une mule, la KTM voit son train arrière se tasser et son train avant s'alléger (merci à l'anti-wheeling lors des accélérations soutenues !). En roulant, je ne ressens pourtant pas de louvoiement de la roue avant et la stabilité en virage comme à haute vitesse, sur autoroute par exemple, est exemplaire. La suspension arrière, notamment, gomme l'excès de chargement sans que la conduite soit mise à mal. S'oser à l'arsouille dans cette configuration est envisageable, seulement, il faudra prêter attention à la garde au sol réduite par le poids ; dans les virages, la béquille centrale frotte rapidement !
Quant au twin, il bénéficie de bien assez de couple pour emmener énergiquement l'équipage dès les bas régimes. Certes, ne lui demandez pas de reprendre au-dessous de 3'000tr/min sans provoquer de vibrations ! Son comportement reste typique d'un twin. C'est un phénomène qu'on déplore à 80-90km/h, sur le sixième rapport ; dans cette configuration, impossible de relancer la bête sans être secouer comme un prunier ! Le sixième rapport est destiné à être utilisé au-delà de 100km/h.
Les trois premières journées du voyage nous mènent dans les Landes (Sud-Ouest de la France), en traversant le Massif central et sa magnifique région des Volcans d'Auvergne. Michel et sa maman nous reçoivent à bras ouvert dans leur chambre d'hôtes 4 épis de Monségur. Un havre de paix au milieu de la campagne landaise. On jouit sans ménagement de la piscine d'eau salée et des talents culinaires de Michel. La moto, c'est bien ; les vacances aussi. Les vacances à moto, c'est mieux !
On profite d'être dans cette belle région pour une escapade en direction de San Sebastian, en Espagne, sans oublier d'emprunter la route du mont Jaizkibel surplombant l'Océan atlantique. Nous ne garderons pas un grand souvenir de cette région d'Espagne peu accueillante et très orientée vers l'industrie touristique.
A ce moment, près de 2'000km ont été parcourus sur la selle de la KTM. Bien qu'elle soit une moto facile, l'apprivoiser pleinement ne se fait pas en quelques centaines de kilomètres. Connaître parfaitement son moteur, sa sensibilité et ses performances, apprécier sa partie-cycle, ses différentes possibilités de réglages et ses réactions, pouvoir rouler (presque) les yeux fermés tant elle met en confiance... Rageuse et douce, extrême et confortable, j'apprécie ses multiples facettes qui se contredisent comme se complètent.
Cinq nuits passent et il est temps de quitter Michel et sa maman. Nous n'avions jamais joui de pareilles prestations en chambre d'hôtes. Le niveau de service était exceptionnel et tenons à recommander particulièrement cette adresse. Un détour par les Landes vaut la peine !