Quand certains constructeurs font la course à la puissance et à l’exclusivité de leurs modèles, d’autres, comme Honda, adaptent leur offre au marché et aux nouvelles législations. Ces dernières années, nous observons une nette recrudescence des petites cylindrées. Elles ont pour principaux avantages d’être économiques, faciles et polyvalentes. A l’heure où les villes s’engorgent et la répression routière fait rage, ces petites cylindrées arrivent comme un fruit mûr !
L’an dernier, Honda dévoilait sa NC700, une moto multi-usages et référencée parmi les modèles low-cost du marché. Cette année, Honda poursuit dans sa lancée et propose les nouvelles CB500F, CBR500R et CB500X. Toutes trois partagent les mêmes châssis, moteur et partie-cycle. Honda fait dans la standardisation pour réduire les coûts de production (et donc, in fine, le prix catalogue) tout en préservant l’identité et le caractère de chacune des trois variantes. Du roadster au trail, en passant par la sportive, Honda couvre ainsi une large palette de motards.
Loin de vous l’idée qu’Honda produise des petites cylindrées en négligeant la dotation en équipements et en technologies, ni même l’aspect esthétique de ses machines. Honda propose justement, et grâce à la standardisation, une moto aboutie au look flatteur et à un prix abordable.
Un bicylindre en ligne, pour plus de couple et de légèreté qu’un quatre-cylindres ; c’est la formule gagnante, selon Honda, pour cette catégorie mid-size. Ce 500cm3 concilie performances et préservation de l’environnement ; côté chiffres, le motoriste annonce 35kW (47cv) à 8’500tr/min (permis européen A2 oblige!) et 43Nm à 7’000tr/min pour une consommation moyenne de 3.5L pour 100km. Avec un réservoir de près de 16L de capacité, parcourir plus de 400km avec un seul plein est envisageable. Quelle prouesse !
Ce moteur est de conception entièrement nouvelle et regorge du savoir-faire Honda hérité de l'activité du constructeur et motoriste en compétition. Il a été pensé dans un souci de légèreté, mais aussi de centrage des masses et d’abaissement du centre de gravité. Positionné au plus près de l’axe de pivot du bras oscillant, il participe à l’agilité de la petite CB.
Le châssis est de type Diamant, à l’instar de la grande soeur sportive, la CBR1000RR. Il se distingue par sa rigidité. Aussi, le moteur et ses fixations au châssis contribuent à la rigidité de l’ensemble. Nous pouvons ainsi nous attendre à un bon feeling en roulage, favorable à la précision de pilotage et à une conduite sûre.
Du côté de la partie-cycle, Honda n’a pas lésiné sur les moyens en équipant cette petite 500 d’une fourche de 41mm de diamètre et 120mm de débattement et d’un mono-amortisseur de type ProLink avec neuf possibilités de réglage en précontrainte. Au niveau du freinage, on trouve de très design disques en pétales. A l’avant, un disque de 320mm de diamètre mordu par un étrier flottant à deux pistons ; à l’arrière, un disque de 240mm de diamètre et un étrier à simple piston. Evidemment, le freinage est doté du système ABS, pour pallier à la sécurité en toutes conditions. Pour couronner le tout, Honda a pensé aux esthètes en montant des jantes de 17 pouces à branches en Y, look repris de celles de la CBR1000RR. Les pneumatiques, des Metzeler Interact Z8, ont des dimensions généreuses (120/70-17 et 160/60-17).
Et si l’on parlait du design ! C’est bien lui qui fait chavirer les coeurs ! Cette lignée CB(R) 500cm3 doit son coup de crayon du designer Kiyoshi-Katagiri. La R ne cache pas ses origines sportives et ses traits de famille qu’elle partage avec la CBR1000RR ; des jantes aux coloris, en passant par la découpe du carénage, la petite R en jette et séduit. Quant à la F, on retrouve le style naked, avec un phare imposant et un carénage minimaliste.
Outre leur design particulièrement réussi, ces petites CB se targuent d'une qualité de finitions remarquable. Ce sont bien des Honda !
Comme ces CB sont destinées à une utilisation polyvalente, Honda a bien garni la liste d’accessoires. On notera des poignées chauffantes, un système de bagagerie complet comprenant valises et top-case, une bulle haute, etc.
La Catalogne offre un terrain de jeu idéal pour les essais moto durant la période hivernal. Un climat doux et sec, un ensoleillement optimal et un réseau routier parfaitement entretenu, pourrions-nous espérer mieux ?
Le départ est donné. Nous nous élançons en direction des petites routes. Des virages à perte de vue s’offrent à nous. A peine chevaucher la petite CBR500R que nous nous sentons à notre aise. Une position légèrement inclinée vers l’avant, à la façon d’un streetfighter. Rien de radical, juste ce qu’il faut pour se sentir sur une moto sportive, sans pour autant grever le confort. La bulle et le carénage protègent efficacement contre la pression de l’air. Les petits gabarits apprécieront la finesse du châssis et du réservoir ainsi que la hauteur de selle (785mm).
Nous enroulons d’un virage à l’autre sur le couple généreux du bicylindre. En effet, le petit 500cm3 accepte sans rechigner les relances à bas régime. Pas de cognements, ni de vibrations, nous saluons sa souplesse. De plus, la boîte présente un étagement relativement court (180km/h max), ce qui permet de belles accélérations. Ne vous imaginez pas non plus des accélérations tonitruantes, mais comptez plutôt sur une conduite énergique sans entrer dans l’excès. D’ailleurs, le moteur aurait tendance à s'essouffler au-delà de 7’000tr/min. Inutile donc de le cravacher, contentons-nous de sa souplesse !
A l’approche d’un virage, nous tirons avec vigueur le levier de frein avant. Facilement dosable et d’attaque progressive et rassurante, nous n’oserions critiquer le système de freinage choisi par les ingénieurs Honda. Bien que présentant une endurance discutable en usage intensif, il suffira à la majorité. L’ABS n’est pas trop intrusif et ses interventions ne déstabilise pas l’équilibre de la moto. La fourche confère à la moto une étonnante précision, pour une moto de cette catégorie.
S’il y a un point à relever, c’est bien son agilité et sa légèreté perçue. Balancer la bécane d’un angle à l’autre se fait instinctivement. Elle fait preuve d’une grande stabilité en virage. La suspension travaille parfaitement, et particulièrement l’amortisseur arrière de type ProLink. Elle pardonnera les erreurs de pilotage des débutants. Mais, gaffe aux excès de zèle ; freiner en plein virage risquerait de verrouiller la direction ! Cependant, nous nous trouvons sur une moto saine.
La CB500F se distingue de la CBR par son plus haut niveau d’agilité (encore!). Grâce à son large guidon, elle fait fi des virages. De même, la position est légèrement plus droite. Nous devons avouer notre faible pour la version naked. Peut-être moins adaptée aux déplacements sur autoroute et voie rapide et moins aguicheuse esthétiquement, elle demeure une excellente alternative, d’autant plus que son prix est inférieur de CHF 500.-.
En conduite très sportive, la consommation moyenne indiquée sur l’ordinateur de bord n’a pas dépassée les 5.2L/100km. Intéressant ! Ceci dit, il serait nécessaire de vérifier la marge d’erreur que s’accorde l’ordinateur de bord.
Un bref passage sur circuit a permis de confirmer les qualités de la CBR500R, mais aussi ses quelques défauts. Comme évoqué plus haut, nous remarquons que le bicylindre n’affiche pas des performances remarquables à l’approche de la zone rouge. Aussi, on constatera que le freinage montre rapidement ses limites, dès que l’on "tape dedans". Dans tous les cas, la CBR500R s’impose clairement comme une moto-école pour la piste. Saine et suffisamment puissante, elle ne craindra pas un détour sur l’asphalte d’un circuit. Notez qu’on privilégiera les circuits tortueux aux rapides !
Deux motos faciles, polyvalentes et homogènes, c’est ainsi que nous pourrions conclure notre essai. Mais aussi, elles ont de nombreux atouts pour séduire un large public : le débutant qui découvre les joies de la moto comme le motard de longue date qui cherche une moto de tous les jours.
Et, finalement, ravisons-nous, son moteur a assez de watts pour se faire plaisir sans mettre en danger le précieux sésame !