
La bombinette anglaise dans sa version JCW (John Cooper Works) revient en 2015 sur le devant de la scène avec la bagatelle de 231cv, ce qui lui vaut le titre de la Mini de série la plus puissante de l'histoire. Plus luxueuse et plus tendance que jamais, cette Mini d'essai dans sa robe rouge est à tomber ! Bodybuildée à souhait avec ses pare-chocs spécifiques, sa double sortie d'échappement centrale, ses jantes 18 pouces tout juste assez grandes pour accueillir les immenses étriers de frein, son empattement court, ses voies larges, elle s'assimile plus que jamais à un karting !
Au volant, l'ambiance sportive est assurée avec le cuir, les touches de rouge et de simili-carbone ci et là, sans oublier la classe british par laquelle se distingue la marque Mini. Le design intérieur, tout en rondeur, reprend les codes esthétiques des millésimes précédents. Avec le paquet d'options total, on se retrouve avec une multitude d'accessoires et de particularités qui font de cette JCW d'essai un modèle d'exception : sièges en cuir et alcantara, boîte de vitesses séquentielle à six rapports avec palettes au volant, écran tête haute, système hifi Harman-Kardon, GPS, ... Nous ne demandions pas autant ! D'ailleurs, ceci dit en passant, cette Mini JCW du parc presse de l'importateur pourrait aussi se targuer d'être la Mini de série la plus chère de l'histoire... avec son prix affiché à plus de CHF 50'000.-. Avec la liste d'options dont elle est équipée, cela se justifie.
Des aspects pratiques, on regrette la taille du coffre, un poil limite lorsque l'on souhaite s'évader durant quelques jours. Habitués à voyager léger par la pratique de la moto limitant drastiquement le volume maximal des bagages, nous n'emportons que le minimum. Toutefois, il fallait encore emmener ordinateurs portables et matériels photographiques, bagages que nous souhaitions impérativement loger à l'abri des regards indiscrets... Avec les bagages de deux personnes, y compris le matériel professionnel, il a fallu tasser et bourrer quelque peu pour fermer le coffre de la Mini. Voyager à deux, c'est réalisable sans souci ; à trois, il sera nécessaire d'occuper l'un des sièges passager ; à quatre, optez pour la Paceman (qui est également proposée en JCW) !
Facile. Il suffit d'appuyer sur un petit levier pour que le quatre-cylindres de 1'998cc turbocompressé s'ébroue. Petite cylindrée et sonorité costaude. Dans l'habitacle, ça ronronne bien, sans excès.
On passe le levier de vitesses sur D, la position automatique. Ce sera idéal pour s'extraire de l'infernale circulation genevoise. Le système stop'n'start est autant pratique pour limiter la consommation dans les bouchons qu'agaçant lorsque nous manoeuvrons à basse vitesse ; par chance, nous pouvons facilement le desactiver ! Il nous a fallu pas moins d'une heure pour sortir de la ville de Genève, ce qui nous a permis de coupler le smartphone via Bluetooth à l'interface multimédia pour écouter nos musiques préférées et de bidouiller quelques fonctionnalités proposées par les nombreuses options de cette Mini. Les geeks prendront leur pied, c'est certain ! La navigation entre les différents menus est assez intuitive, bien qu'il faille un temps d'adaptation. Si l'on doit reprocher quelque chose au tableau de bord de la Mini, c'est bien la pléthore d'informations. A vrai dire, en conduisant, entre l'écran tête haute, les aiguilles du compte-tours et du tachymètre, la console centrale, ... on s'y perd, sans dire qu'au premier coup d'oeil, les informations sont guère lisibles. A ce sujet, il aurait fallu un tachymètre numérique plutôt qu'analogique et un écran tête haute plus complet, avec notamment le compte-tours sous forme de bargraphe et l'indicateur de rapport engagé. Est-ce le besoin d'un motard qui s'exprime ?
Une fois enfin arrivés sur l'autoroute de l'autre côté de la frontière, nous enfonçons la pédale au fond jusqu'au quick-down. La Mini ne tarde pas à réagir, tombe plusieurs rapports et nous catapulte rapidement à une vitesse déraisonnable. L'accélération est franche et musclée, et renforcée par une ambiance sonore comme on aime.
Les près de cinq cents kilomètres d'autoroute se feront au régulateur de vitesse à 140km/h (sur régulateur, maximum possible apparemment). D'ailleurs, bien que la vitesse indiquée par le compteur soit surestimée, elle nous a valu une tractation d'une vingtaine de minutes avec la Gendarmerie nationale (à prononcer avec l'accent du Sud, s'il vous plaît !). La constance de la Mini, malgré les montées et descentes, a mis en erreur l'appréciation des gendarmes qui eux patrouillaient en fourgonnette diesel (qui pue !). Selon eux, nous roulions à au moins 150km/h... grands fous que nous sommes ! En plus, avec le calculateur de distance entre le pare-chocs de la Mini et le véhicule qui nous précède, nous étions souvent ralentis...
Après une longue discussion durant laquelle il ne fallait surtout pas s'énerver ni défriser la moustache du pandore, nous avons eu gain de cause, faute de preuves de la gendarmerie et peut-être grâce aussi à notre étonnante bonne foi motarde (un antonyme dites-vous?).
Le fin de mot de l'histoire révélera que nous roulions dans une voiture pour le moins tape-à-l'oeil et qu'en France, tard dans la nuit, elle ne passe pas inaperçue avec ses projecteurs à LED et au xénon... Aussi, nous soupçonnons que les Gendarmes cherchaient quelque peu à occuper leur soirée et à épater la charmante (et jeune) fliquette qui les accompagnait.
Sur autoroute, on apprécie le mode "Green", qui gère le moteur de manière plus écologique, limite le bruit à l'échappement et adoucit la voiture dans son ensemble. Associé à la bonne insonorisation du véhicule, l'autoroute est une formalité.
Pour le fun, à l'approche de chaque gare de péage, nous passions en mode "Sport". La direction se durcit, l'accélérateur est plus sensible, la boîte est plus réactive, l'échappement est plus bruyant... on retrouve l'esprit kart évoqué plus haut. Mais surtout, à la décélération, l'échappement ratatouille ! On reste sur ce mode également pour l'accélération 0-140km/h de l'après-péage. C'est l'occasion de constater la bonne gestion de la motricité du train avant. Les 320Nm dès 1'250tr/min et la puissance maximale de 231cv à 5'200tr/min sont digérés avec brio. A cet exercice, on regrette que la zone rouge soit trop vite atteinte... Nous devons malheureusement nous porter responsables d'une série de rupteurs (à la zone rouge, en mode manuel, la boîte ne passe pas automatiquement au rapport suivant).
Durant les quatre jours dans la région du Castellet, nous avons l'opportunité d'arsouiller sur les petites routes de la Région PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur), tout en tenant compte de la présence policière accrue. Evidemment, rares ont été les fois où nous dépassions les 90km/h, le but étant de tester les capacités de cette Mini JCW reconnue pour être un "kart routier".
Mode Sport sélectionné, les deux mains sur le volant avec les doigts reposant sur les palettes. En restant dans le cadre des limitations de vitesses autorisées, soit sur les trois premiers rapports, la Mini offre des accélérations jouissives et sonores. Sans être scotché au fond du siège, on apprécie la vigueur du moteur. Comme révélé plus haut, on regrette que ce 1.6 turbo ne monte pas plus dans les tours. Souvent, en décélération, à l'approche d'un virage, la boîte empêchait de passer le rapport inférieur car le moteur était encore trop haut dans les tours ; comme en accélération, le moteur ruptait trop rapidement (vers 6'000tr/min), à notre goût. Il faut dire que notre dernière expérience d'une vraie voiture sportive était une Honda S2000... ceci expliquerait peut-être cela !
Quant à la rapidité des changements de rapports, on n'égalera jamais une boîte de vitesse à double embrayage. Autrement dit, bien que le changement des rapports soit d'une honnête rapidité, plus de spontanéité aurait satisfait pleinement le côté sportif de la Mini JCW. A se demander alors s'il n'est pas plus amusant d'opter pour la boîte manuelle (d'origine) ?
Finalement, parlons du châssis ! Est-ce nécessaire de développer si nous vous disons "un vrai kart" ? Les voies larges de la Mini JCW, couplé à l'empattement court, confèrent un excellent comportement dynamique. L'arrière est très joueur ; par chance, la motricité sur le train avant est très bonne et permet de ramener les roues arrières sur le droit chemin. On aime cette arrière mobile et cet avant scotché à la route. Ce n'est que lorsque la chaussée n'est pas parfaitement plate que la Mini louvoie lorsqu'elle est en appui en virage ; la faute au poids et/ou une suspension encore trop souple ?
Les freinages sont virils. La direction est d'une précision chirurgicale. On évolue sur les routes viroleuses à très bon rythme, et surtout avec le sourire aux lèvres. Quant au passager, tout pâle, il ne demande qu'à ouvrir la fenêtre pour une bouffée d'air frais revigorant.
Notre escapade sur les petites routes de la région du circuit Paul Ricard a rapidement pris des airs de spéciale de rallye, les harnais et les arceaux en moins. A un moment, les collègues lui ont même donnée le surnom de "Mini F1", c'est dire ! Les limites de la voiture ont été atteintes à quelques reprises tout en ayant une parfaite maîtrise de la situation, tant la Mini JCW est facile à prendre en main.
Sportive à sensations, elle sait aussi se muer en parfaite citadine, pratique qui se faufile partout et se gare dans les plus petites places de parc. Evoluer en ville, en mode automatique, est un jeu d'enfant. Seul son rayon de braquage peut gêner quelques manoeuvres dans les endroits exigus.
Oui, la Mini JCW est une vraie petite sportive, à l'image des GTI des années nonantes, celles dont nous rêvions alors que nous étions encore ados, boutonneux pour certains. Bien qu'elle se soit embourgeoisée avec le temps et qu'elle ait pris quelques kilos sur la balance, la Mini JCW fait partie de l'élite des petites voitures à vocation sportive. Quand beaucoup de la concurrence s'aseptisent, la Mini a su garder son côté très fun, surtout lorsque les virages sont légion !