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Publié le: 14 février 2021 par Patrick Schneuwly
Patrick’s Story – Je suis infidèle à ma moto, m’en voulez pas…

En ce 14 février 2021, je dois me confier. Ma (mes) moto(s) ne sont pas seule(s) dans mon cœur.

Avec 10 ans d’AcidMoto.ch à mon actif, vous me croyez sur parole si je vous dis que j’aime la moto. Seulement mon chemin a croisé une machine qui m’a touché au point de tout remettre en question.

ESSAI

Au mois d’Août dernier, un autre site où j’officie comme rédacteur me confiait une nouvelle “boîte à roues”. Eh oui, j’aime bien les bagnoles aussi. Mais tout ce qui entoure la moto est tellement plus agréable, plus ouvert, plus accessible ; vous pouvez accepter cette infidélité ?

Cette voiture qu’on m’a prêtée remet tout en question. Je serais prêt à vendre 2 de mes 3 motos pour acheter cet engin qui m’a tant marqué. Cette voiture n’est même pas un bolide ni quelque chose de spécialement beau. C’est 2 tonnes de tôle, un moteur diesel et une boite auto… Prenez tout ce que j’ai, laissez-moi la R6 et donnez-moi le VW T6.1 California.

Début de l’idylle

Le temps est compté, j’aurais 10 jours avec une version très bien équipée à ma disposition. Je sais d’avance qu’il y a un attelage, c’était donc tout à fait logique de réserver un roulage sur circuit dans la période. J’ai jeté mon dévolu sur le Pôle Mécanique d’Alès dont la région des Cévennes est superbe pour un peu de tourisme.

Au programme, 2 jours de roulage, un jour de repos et à nouveau du roulage mais spécialité Alésienne : en sens inverse. Quatre jours à deux entre circuit et tourisme, mettre tout le matériel dans le California demande du temps : la cuisine et les placards prennent de la place, mais avec de la patience tout trouve une place et les caisses Rako aident. Les deux motos et les pneus sont solidement attachés sur la remorque.

Faire 300km d’autoroute pour aller sur circuit, le plus souvent on le fait dans un utilitaire ou avec la remorque, pas sur la moto. Avec un régulateur de vitesse actif et le suivi de voie même avec la remorque, on fait le voyage en première classe. J’ai que 150 ch. mais sur la nationale entre l’A7 et Alès la VW s’en sort bien.

Arrivé sur les lieux, place à la routine du déchargement avant d’installer le mini camping-car. Niveau à bulle numérique intégré à l’écran tactile, c’est facile de le mettre à niveau avant de le brancher et déployer le toit qui est électrique pour l’occasion. Même les stores intégrés à toutes les vitres, c’est le summum du pratique. Mais c’était sans compter sur la soufflerie au-dessus du bloc sanitaire entre les box 8 et 9, qui ne s’arrête jamais. Le placement pour les nuits à venir est à revoir.

Le niveau électronique est très utile pour se garer le plus à plat possible.

Pour midi, on déploie l’auvent de la voiture pour accueillir tous les occupants du box à l’ombre. Le soir, les bières sont déjà à la température idéale dans le petit frigo embarqué. Le California n’a pas encore livré tous ses secrets. Le premier roulage est fini, on met la remorque en sécurité et cap sur un plateau isolé (aérodrome de Florac) que j’avais repéré pour profiter de l’autarcie possible avec ce bus magique.

Le coup de foudre

Difficile de s’installer à l’intérieur quand il y a des béquilles, des pneus et des caisses de rangement partout. Mais si on s’est rendu à l’aérodrome de Florac, c’est pour avoir un ciel étoilé sans la pollution lumineuse des villes. On sort la table de la porte latérale et les chaises du hayon du coffre : nous voilà installés. Contraint d’utiliser le lit dans le toit, on avait oublié qu’à 1000 m d’altitude il fait vite plus froid et la toile n’isole pas super bien.

Même si le California est imposant, on s’en sort bien sur la N106 et les gorges du Tarn. Les camping-car traditionnels qu’on croise avancent bien plus lentement. Premier plein du réservoir de 80 l. de diesel, avec une moyenne de 9.8 l/100km on s’en sort très bien. Retour au circuit où on change de box. Au bout du bâtiment, point de soufflerie (retenez-le comme un conseil si vous vous y rendez). On est en 5 minutes comme à la maison, avec table, chaises, toit déployé, câble électrique branché etc.

Décharger, installer, rouler, ranger, repartir. C’est tellement simple que je n’ai plus envie de faire autrement. 3 nuits à bord et je suis accro. Tout est tellement astucieux, chaque détail a un sens. Une prise 230V, des prises USB, plus de 30h d’autonomie de batterie auxiliaire (oui, vous ne pomperez jamais sur la batterie du fourgon !), des rangements, des tables, l’auvent, le confort de conduite…

Il faut déjà rentrer en Suisse après ce 3ème jour de piste à découvrir Alès dans le sens anti-horaire. Mais on ne doit pas rendre la voiture pour autant ! Cap sur les grands cols suisse pour faire le Nufenen, le Gothard, l’Oberalp, la Furka et le Grimsel. La nuit est déjà tombée en arrivant aux Grisons, je me rappellerais toujours du plat de pâtes cuisinées dans le véhicule, avant de pouvoir s’installer dans le lit inférieur sans déperdition de chaleur de la toile du toit. Le lendemain on a mangé à côté de l’hospice du col du Grimsel puis aller se baigner dans l’eau turquoise, mais fraîche, du lac de Brienz.

“Rendez la voiture Monsieur !”

Tel aurait pu être le coup téléphone que me passe VW, mais on n’en est pas arrivé là. J’ai tellement aimé, pas seulement me déplacer, mais vivre avec le California. Et je ne suis de loin pas le seul. Prêtez un peu attention à combien de ces vans sont garés sur votre route. En un week-end dans les Alpes j’en ai vu pas loin d’une centaine !

Pour un motard, c’est peut-être la voiture de rêve. Elle sait à peu près tout faire, sauf aller en ville, là elle est nulle. Mais avec 1.99 m de haut elle a une chance d’entrer dans les souterrains. Si vous commandez un California sans cuisine, vous aurez quand même de nombreux atouts et la place de transporter 2 motos sans remorque. Vous préférez Mercedes ? Pas grave, ça s’appelle un Marco Polo à Stuttgart.

J’ai tout simplement rien à lui reprocher, prenez ma Super Duke et ma Nuda, rendez-moi les 2 tonnes d’astuce de mon VW California. (À toutes fins utiles, le modèle essayé coûte 82’000.- avant rabais. Ça explique pourquoi mes deux motos ne suffisent pas à m’en acheter un.)

BILAN

ON A AIMÉ :

+ Un California déborde d’aspects pratiques
+ 300, 500, 1000km dans la journée ? Facile.

ON A MOINS AIMÉ :

Pourquoi je l’ai rendue ?
J’aurais dû partir avec…
…changer de nom et pas revenir.

GALERIE