Quand on reprend la route vers les 13h30, il nous reste plus de 130 kilomètres à parcourir. On pensait rallier le bivouac vers les 17h00-30, mais c’était sans compter sur un gros bourbier qui nous a donné du fil à retordre... Enfin, surtout aux possesseurs de tanks teutons !
Alors qu’on arrive à l’endroit en question, il y a déjà une GS bien embourbée. Miguel la contourne par la droite et reste planté. Patrice tente la gauche avec une grosse louche de gaz et se plante également, non sans avoir au préalable projeté quelques dizaines de kilos de boue derrière lui ! Avec mon Africa Twin, je passe presque les doigts dans le nez.
Une fois la GS de Miguel tirée d’affaire, on s’occupe de celle de Patrice qui est en bien plus mauvaise posture... Enfin, quand je dis "on", je dois préciser que je m’inclus uniquement comme soutien moral puisque je me suis contenté de prendre des photos pendant que les autres mouillaient la chemise. Ce n’est bien entendu pas une excuse pour ne pas me salir les bottes, mais par pur professionalisme journalistique que je me devais de documenter l’opération pour vous en faire profiter.
La moto de Patrice a nécessité un peu plus d’efforts que celle de Miguel, mais la suivante, c’était encore pire... Au fur et à mesure que les participants arrivent, il y en a de nouvelles motos qui se plantent. On décide de partir et de laisser les nouveaux arrivants se débrouiller entre eux, sans quoi, on ne sera jamais de retour. Ça peut paraître un peu salaud comme ça, mais ils sont bien bien assez nombreux !
Quand on boucle enfin les 260 kilomètres du tracé extrême, il est 18h30 passé et la plus grande partie des participants est déjà installé sur le bivouac. Il y a vraisemblablement beaucoup de monde qui a coupé la fin, on aurait dû arriver dans les premiers autrement.
On se dépêche de monter nos tentes alors qu’il commence à pleuvoir avant de se mettre à l’abris dans le restaurant. En plein souper débarque un trio de Suisses : André avec sa Dominator, Frank en Transalp et Laurent en KTM 1190 Adventure. Je les avais interviewés sur le Hard Alpi Tour l’année passée. Ils étaient dans la région pour suivre un cour de tout-terrain chez le fameux Jean-Pierre Goy et ont décidé de prolonger le plaisir en participants aux deux derniers jours de la Vercingétorix. Tout comme pour les autres événements, Cocoricorando offre également la possibilité de s’inscrire pour deux jours ou seulement un jour, ce qui est très pratique puisqu’on évite de payer le prix fort si on ne peut profiter des trois jours.
Un copieux orage va arroser la région pendant une bonne partie de la nuit. Une chose est sûre... on aura au moins pas de poussière demain !
Alors que je range ma tente, J’aperçois des gars en train de changer la fourche d’une vieille Suzuki DR 600. Son propriétaire a été percuté hier par une voiture. Sous le choc, la fourche a cassé, mais par chance, lui n’a rien eu. Pendant que l’assistance dépannage de l’organisation lui transporte la moto, avec ses potes il parvient à trouver une casse moto à 40km du bivouac qui possédait justement une fourche pour sa brêle. Si c’est pas la classe !
Miguel en tête, aujourd’hui, il envoie du lourd par rapport à hier. Malgré l’orage d’hier soir, il n’y a pas trop de boue et surtout plus de poussière. Le tracé est fantastique, beaucoup plus roulant qu’hier et je me régale comme jamais au guidon de l’Africa Twin. Par moment, je me prends un peu pour Marc Coma sur les pistes du Dakar, avant de me rappeler que je suis sur un chemin de forêt théoriquement limité à 40 km/h avec une moto qui n’est pas la mienne et une caution de 2000 balles à payer en cas de dégâts...
D’ailleurs, le bloc compteur de l’Africa Twin est totalement illisible ave le soleil et la poussière. C’est bien le seul défaut que je puisse lui trouver, avec le bouton pour des poignées chauffantes, que j’active à plusieurs reprises involontairement. Plus je roule avec, plus je suis dingue de cette Africa Twin. Sur papier, elle ne vend pas du rêve avec une puissance largement en retrait par rapport à la concurrence et un poids à peine plus léger. Il faut vraiment rouler avec en tout-terrain pour réaliser à quelle point elle est bien foutue. A aucun moment je n’ai eu à faire face à la moindre situation où je me suis dit, si seulement elle faisait 20kg de moins… J’ai l’impression que je passerais partout où je passe avec ma KTM 640 Adventure qui pèse bien 40kg de moins.