
Apparu en 2014, ce moteur a commencé sa carrière dans la MT-07. Ce roadster d'entrée de gamme a immédiatement fait un carton sur le marché et 6 ans après, avec une petite mise à jour, elle truste toujours le haut du classement des ventes de nombreux pays dont la suisse.
En 2015 a suivi une XSR 700, roadster au look plus vintage avec pour base la… MT-07. Yamaha n'a changé que quelques ingrédients à sa soupe, pour en vendre un grand nombre là aussi. Un succès qui a été aussi soutenu par la facilité de customiser la XSR, de grands noms comme Shinya Kimura ou Roland Sands Design ayant collaboré au lancement.
Le premier trail routier est apparu en 2016, la Tracer 700. Pour 2020 elle a droit à une mise à jour esthétique avec une face avant très inspirée des sportives.
La dernière-née avec un coeur CP2 est la Ténéré 700. Après une longue période de gestation avec de longs tests et une grande dose de teasing, Yamaha a mis sur le marché une aventurière pur et dur en 2019.
Avec ce CP2 comme organe moteur, on pourrait croire que la Tracer et la Ténéré sont 2 trails équivalents, mais alignées côte à côte, les différences sont déjà visibles quant à leurs destinations et utilisations, et vous allez découvrir dans le guide d'achat qui suit qu'elles ont chacune leurs points forts qui leurs sont propres.
Elles partagent un moteur certes, mais ce qui est autour diffère pas mal. Au premier coup d'œil la différence de hauteur de selle est saisissante. C'est en partie dû aux suspensions, la Tracer est équipée d’une fourche conventionnelle réglable, la Ténéré ayant une fourche inversée à grand débattement. Son amortisseur est monté verticalement au moyen de biellette comme sur une moto d'enduro tandis que l'autre modèle a un amortisseur horizontal boulonné directement du moteur au bras oscillant.
Côté freinage, on découvre des étriers Brembo à l'avant et à l'arrière de la Ténéré, tandis que la Tracer a les habituels périphériques non marqués de Yamaha. La taille des disques change significativement d'un modèle à l'autre aussi, à l'avantage de la plus routière des deux.
Le look en outre un élément majeur qui distingue les deux motos. La Tracer arbore un look très urbain, avec une face avant moderne dotée de deux lignes de phare LED et deux lenticulaires. Un saute-vent réglable en hauteur sans outils est un atout de poids, tout comme le large réservoir en métal de 17 litres de contenance.
En face, sur la Ténéré, une tout autre ambiance. L'inspiration vient cette fois des motos du Dakar avec une poupe élancée, haute et avec peu de carrosserie. Le phare est entouré de déflecteurs en plexiglass, deux caches noirs vont du bas du radiateur jusque sur la partie haute du réservoir. Le pack Rallye d'une valeur de CHF 1'700.- orne la moto d'une protection de radiateur, un support de plaque court et une protection de chaîne tout marqué « Ténéré 700 ». La selle plus ferme est spécifique, enfin le silencieux Akrapovic achève de reproduire le look qu'avait le prototype.
Au départ on allait écrire ce guide à 4 mains, mais on a renoncé quand aucun des deux pieds de mon collègue ne touchait terre juché sur la Ténéré (gabarit gros nain jaune). Plutôt que prendre un risque de verser à l'arrêt, on opte pour le plan B où seules mes impressions sur la moto seront exprimées.
A la sortie de la concession, j'enquille tout de suite avec 200 kilomètres de route en tout genre. On ne s'attarde pas sur des modes de conduites et un grand nombre de sous-menus, la moto n'en a pas et surtout pas besoin. Même si elle n'a "que" 73 chevaux, les sensations qu'elle procure sont très satisfaisantes. Je suis assis bien haut, avec les jambes moins pliées que la moyenne. Je note vite le comportement assez raide de la moto, avec ses suspensions tarées très fermes.
Quelques jours plus tard, je découvre à l'occasion du shooting photo la Tracer. Je suis surpris, elle fait plus petite en vrai qu'en photo ! En quelques kilomètres, je l'ai rapidement en main. Pour être honnête, je serais incapable de vous dire qu'elle a 2 chevaux de plus. En revanche, je suis frappé par l'agilité de la moto en courbe, et difficile en revanche de ranger mon mètre quarte-vingt cinq sur la moto.
S'en suivront plusieurs jours de balade avec l'une puis avec l'autre pour vous livrer deux profils-type des clients potentiels de ces deux motos.
En termes de look, elle est plus virile, moins distinguée, son côté très sport (voire grand raid) prend le dessus. Cet aspect impacte l'ergonomie, et il faudra pas mal de confiance ou de routine à un pilote d'un mètre septante pour se sentir à l'aise. Quelqu'un de grand envisagera cette moto même sans correspondre au profil.
Pour satisfaire la Ténéré, il faut lui montrer de grands espaces. L'emmener sur un autre continent, si possible une fois par an. Elle est apte à voyager loin, pourvu que ce soit une piste qui s'y rende et non une route goudronnée tortueuse. Ses pneus, des Scorpion Rallye STR, la pénalisent pour un usage routier intensif, tout comme ses freins ne sont pas armés pour les sollicitations de plusieurs cols enchainés rapidement. La protection au vent enfin calmera vos envies d’autoroute pour arriver plus vite à destination.
Le moteur CP2 garde sa souplesse et son caractère unique, plébiscité dans chaque modèle où il est installé. Doté de pneus plus typés route, elle pourrait reprendre quelques longueurs à la Tracer sur un usage routier. Mais avec ses jantes à rayons de 21 et 18 pouces, inutile de se voiler la face, telle quelle la Ténéré subira le bitume.
En effet, c'est en dehors de la route qu'elle s'exprime le mieux. Bien qu'avec son bicylindre elle ne remplace pas totalement la XT660 Ténéré, elle offre suffisamment de couple à bas régime pour évoluer à vitesse modérée sans changer inlassablement de vitesse. Tout dans sa conception encourage au tout-terrain, jusqu'au sélecteur et pédale de frein repliables (utile en cas de chute).
A contrario du sud où on trouve l'Afrique et ses grandes étendues sauvages, au nord le réseau routier est bien plus développé. Pour se rendre au Cap Nord la Tracer serait un choix bien plus judicieux. Mon collègue Foux en a figé l'essence avec une comparaison fondée. La Tracer 700 est la Fazer des temps modernes. Version deux cylindres. Mieux : c’est la TDM des temps modernes, pour rester chez les bicylindres et chez Yamaha. Le hurlement du 4 cylindres et les hauts régimes en moins, mais le « poup poup » enjoué du bicylindre en plus. Et toujours autant de polyvalence.
Un débutant s'y sentira bien installé, relativement bien protégé du vent. C’est une moto légère (on parle de 196 kg tous pleins faits), maniable, vive et facile à vivre, prévisible et prévenante. Mais c’est là que réside le tour de force, car la Tracer 700 pourrait aussi plaire à ceux qui veulent une rouleuse, pratique, allègre et avec suffisamment de caractère pour ne pas être ennuyeuse. Sans pour autant être caractérielle.
En étant exigeant, bien que réglables les suspensions sont trop souples. Alors que j'étais content d'avoir de bonnes performances de freinage, j'ai dû composer avec une courte plongée de la fourche. Seulement on parle là d'une moto affichée CHF 9'490.- (contre CHF 11'590.- la Ténéré 700 sans le pack Rallye).
...la Tracer 700, c’est une bécane prête aussi bien à vous amener tous les jours chercher le pain, aller chercher votre blé quotidien (au boulot), qu’à vous transporter par monts et par vaux à l'extrémité du continent. Sa sœur est plus difficile à vivre, il faut prendre le temps, se créer les occasions d'exploiter pleinement son potentiel. C'est lors du voyage de l'année qu'elle vous procurera tout le plaisir d'une saison à moto.