La Tiger Explorer, ce n’est pas seulement des performances dynamiques, mais aussi des performances en termes de confort et d’aptitude au voyage. Du matin au soir, rouler sans compter : à son guidon comme sur sa selle passager, on ne fatigue pas. Le large guidon comme les éléments de selle ou encore le positionnement des cale-pieds, sans oublier la bulle réglable électriquement et le large bouclier avant, tous contribuent à leur manière à apporter un maximum de confort. Ainsi, plus nous nous sentons dans un grand confort, moins vite la fatigue surviendra.
Par jour, nous avons parfois roulé plus de 500 kilomètres. Hormis les quelques pauses pipi/photos, nous enroulions le ruban d’asphalte du matin au soir, inaltérables et assoiffés de découvertes. Rouler une Tiger Explorer s’assimile à du plaisir à chaque instant, peu importe le rythme qu’on lui impose. En balade, elle se fait oublier et se laisse piloter sans effort, de sorte à vous laisser apprécier les paysages. En conduite plus sportive, son trois-cylindres développe sa puissance viril assisté par une excellente partie-cycle.
Par un heureux malentendu, à savoir des prévisions météorologiques très changeantes dans le sud de la France, nous optons par une traversée d’un bout de Méditerranée, de Toulon à Bastia. Corsica Ferries sera notre partenaire pour la traversée. Il est évident que ce n’est pas le grand luxe et que l’on se sent comme du bétail dès l’embarquement, mais il y a moyen de s’offrir un moment agréable. Mettez le prix : optez pour une traversée partant en fin de soirée, accordez-vous un bon repas en bord de mer et offrez-vous une chambre « supérieure ». En embarquant le soir, cela vous évitera de fréquenter les indignes restaurants présents sur le bateau… et en prenant une chambre « supérieure », vous bénéficierez d’un grand lit double, d’un hublot et surtout du calme bienvenu de l’avant du bateau (les bruyants moteurs étant à l’arrière du bateau, accompagnés des inévitables vibrations).
Le débarquement à Bastia vers 7h du matin est une formalité. Les touristes sortent rapidement du ferry et filent vers les grands axes.
Quant à nous, nous découvrons la ville de Bastia encore endormie. Un détour par le vieux port nous mène à une adresse incontournable, l’hôtel des Gouverneurs, offrant une vue imprenable sur la vieille ville. Tôt le matin, il fait déjà chaud. Et ce jour-là, nous avions prévu parcourir le Cap corse avant notre point de chute à l’île Rousse.
Les températures dépassent les 27°C, peu importe l’altitude. Bulle en position basse, je bénéficie d’assez d’air pour ne pas suffoquer sous le casque. Quant à ma passagère, les courants d’air sont aussi suffisants. Dans tous les cas, tant que nous ne dépassons pas les 80km/h, ce qui est plutôt rare sur les routes côtières de Corse, nous ne souffrons pas de turbulences désagréables.
En flânant d’une crique à l’autre, la route du Cap corse défile. Sur un filet de gaz, le trois-cylindres enroule avec poigne. La commande des gaz électronique est d’une remarquable douceur et il est possible de doser les gaz avec précision, sans à-coup, et ce à tous les régimes-moteur. Le ride-by-wire Triumph a désormais atteint la perfection.
En fin d’après-midi, nous rejoignons l’Île Rousse. Cette petite ville balnéaire attire principalement pour ses plages et sa fameuse île rougissant lorsque le soleil se couche. Romantique à souhait, il y a la possibilité de manger « gastro », fruits de mer et autres spécialités, les pieds dans le sable… ça vous tente ?
Dans la région de Saint-Florent se trouve la plage de Saleccia, l’une des plus belles et paradisiaques de Corse. Les différents guides préconisent la location d’un 4x4 ou d’une enduro légère pour s’y rendre. Un brin téméraire, nous décidons de nous y aventurer avec la Tiger Explorer, bagagerie incluse. Aucun souci, le début du chemin n’est autre qu’un chemin blanc. Après quelques centaines de mètres, la situation se gâte et on se retrouve à passer des gués d’une profondeur allant jusqu’à environ 50 centimètres, la roue avant étant quasiment submergée. Puis, plus tard, les coulées d’eau ayant raviné le terrain, le chemin prend des allures de pierrier. A plusieurs reprises, le sabot-moteur en alu heurte les saillants cailloux et, avec la vitesse, le train arrière absorbe les chocs aussi bien qu’il peut en se ballottant parfois généreusement de gauche à droite. Il faut dire que la malheureuse tigresse a fort à faire, avec sa bagagerie chargée à ras bord et les deux occupants de sa selle. D’ailleurs, j’admets que je n’en menais pas large, avec ces plus de 500kg à déplacer sans perdre l’équilibre ni me faire emporter. Au total, ce sera 25 kilomètres parcourus dans un terrain très accidenté ; j’ai beaucoup transpiré, ma passagère a dû descendre de selle quelques fois et l’Explorer a géré cette incartade finalement avec aisance. Il suffit de mettre le poids sur l’avant en se mettant debout, trouver la bonne vitesse en relation avec le terrain et la système de suspension WP fait le reste. Enfin, c’est facile à dire, car j’ai bien dû perdre un litre d’eau durant cette exercice.
Après l’effort, le réconfort. Une mousseuse Pietra à la châtaigne nous attend dans le port de Calvi, au pied de la citadelle. La fin d’après-midi se passe en toute quiétude, posés sur une terrasse à regarder les gens passer, les pieds en éventail, la moto à proximité. Les vacances à moto, c’est aussi cela.
Les jours qui ont suivi nous ont mené le long de la côte ouest, avec ses plages sauvages et les calanques de Piana. Les paysages changent parfois radicalement au fil des kilomètres. C’est la richesse de la Corse que nous apprécions. Puis, il a bien fallu faire un crochet par Corte, la petite cité médiévale plantée dans les montagnes, au centre de l’île. L’excuse culturelle était bonne pour profiter du détour pour emprunter des routes tortueuses à souhait.