Triumph est l’une de ses marques qui fait dans la continuité. Sans bousculer ses fans, les modèles évoluent progressivement, sans rupture. A tel point qu’à l’annonce d’une nouveauté, le propriétaire du modèle de précédente génération ne souffrira pas d’un sentiment de frustration et ne sera pas nécessairement envahi par cette envie d’acheter le nouveau modèle à tout prix.
Quand bien même, Triumph annonce tout de même plus de 200 éléments nouveaux sur sa Tiger 800 2018. Du châssis au moteur, s’ajoute encore de nombreux équipements revus pour des performances améliorées et une ergonomie optimisée sur route comme en tout-terrain. En effet, la Tiger 800 se décline en deux versions distinctes XR et XC, l’une destinée à la route et aux périples urbains et l’autre plutôt orientée vers l’aventure hors des sentiers battus. Et finalement, l’une comme l’autre est capable d’emmener pilote et passager sur de longs, très longs trajets, avec l’ensemble de la bagagerie et dans un confort appréciable.
Paul Stroud, Directeur commercial chez Triumph Motorcycles, déclare : "Nous avons développé tout un arsenal de nouvelles technologies et d'améliorations d'ingénierie afin d'accroître les performances sur route et en tout-terrain de la nouvelle Tiger 800. Avec ces modifications pensées pour améliorer l'accessibilité et l'agilité de la Tiger, mais aussi pour réaffirmer son style de conduite et sa présence caractéristiques, la nouvelle famille 800 porte l'aventure à son maximum, tous les jours."
Tant que l’on parle de nouveautés, citons les principales avant d’entrer dans le détail. La Tiger 800 puise de nombreux éléments au catalogue électronique, comme par exemple un tableau de bord à écran couleur de 5 pouces de diamètre, des feux à LED, des commodos rétroéclairés avec joystick de navigation, un régulateur de vitesse de nouvelle génération et un mode de conduite supplémentaire (Off-road pro).
Naturellement, la Tiger 800 est équipée d’une commande des gaz électronique, d’un contrôle de traction et des cinq modes de conduite ; ces derniers éléments avaient été découverts en novembre 2014 lors de la précédente mise à jour de la précédente version.
Quant au moteur, la Tiger 800 fait toujours confiance à l’éprouvé trois-cylindres. Ce dernier ayant été revu profondément pour offrir plus de souplesse à bas régimes, mais aussi pour limiter la consommation d’essence. Fort de sa puissance de 95cv à 9’500tr/min et de valeurs de couple importantes à tous les régimes (un maximum de 79Nm obtenu à 8’050tr/min), le trois-cylindres n’a pas à rougir de ses performances.
Le trois-cylindres chez Triumph, c’est comme évoquer le V-twin de Ducati, une marque de fabrique, une identité à part entière. Outre cette « tradition », l’architecture-moteur à trois-cylindres a l’avantage d’offre beaucoup de souplesse à bas régime et une allonge confortable, de même qu’une nervosité bienvenue à l’approche de la zone rouge ; le trois-cylindres est en quelque sorte le parfait compromis mécanique entre un bi- et un quatre-cylindres.
Puis, quant à proposer des nouveautés, les designers Triumph ont aussi été mis à contribution. Une silhouette affinée, des carénages moins anguleux et tout en fluidité, le souci du détail exacerbé, l’allure donnée à cette Tiger 800 millésime 2018 est résolu plus moderne. En quelque sorte, la Tiger 800 perd en caractère au profit d’un design plus consensuel.
Et pour clore cet épilogue sur les nouveautés, la Tiger s’équipe d’un pare-brise réglable (à une main) sur cinq positions ainsi que de diffuseurs aérodynamiques pour un maximum de protection. Le système de freinage s’annonce plus efficient, Triumph ayant opté pour des étriers Brembo. La démultiplication du premier rapport de boîte est plus courte pour une meilleure maîtrise à basse vitesse et en tout-terrain. Le silencieux d’échappement est moins volumineux, plus léger et distille un son plus typé.
Au programme de ce voyage au Maroc auquel AcidMoto.ch a été convié, plus précisément au sud de Marrakech, Triumph nous propose de découvrir les deux versions de sa Tiger 800 : la XRt sur route et la XCa sur les chemins rocailleux des contreforts de l’Atlas.
En se rendant en Afrique du Nord, nous nous attendions tous à profiter de douces températures et d’un soleil radieux. Il n’en est rien. Dame Météo a décidé de nous jouer un mauvais tour. En effet, le premier jour d’essai qui est consacré à l’essai de la Tiger 800 XRt nous impose des pluies quasi diluviennes et des températures à peine supérieures à zéro degré. Le parcours initialement prévu ne pourra être réalisé, neige et blocs de glace soufflés par le vent jonchent la route. Ce n’est que vers midi que nous prenons la route, le temps d’une accalmie qui ne durera qu’une bonne heure.
Connaissant déjà en détail la Tiger 800, nous sommes en terrain connu. La XRt est une moto facile et se laisse emmener sans appréhension par les plus novices. Son guidon large, sa selle relativement basse, la douceur des commandes et la souplesse de son moteur en font une bonne copine. Les conditions difficiles sont affrontées avec aisance, le sable et le gravier étant omniprésents, de même que la route est détrempée.
A prime abord, ce qui surprend le plus, c’est bien le travail effectué sur la cartographie-moteur. Le moteur offre d’excellentes reprises à tel point que l’on roule uniquement sur les rapports supérieurs. Pour preuve, la courbe de couple indique qu’au moins 70Nm sont disponibles dès 2’000tr/min. Ceci dit, une courbe de couple si plate est au détriment des sensations… Toutefois, la Tiger 800 n’est pas avare en sensations. Il faut avouer que le trois-pattes prend volontiers les tours. Et l’ambiance sonore conjugue confort de conduite et jouissances dès que l’on gave la boîte à air d’air frais. Outre un nouveau silencieux, il semblerait que la boîte à air ait également été retravaillée.
Tant sur la Tiger 800 XRt que sur la Tiger 800 XCa, équipées de suspensions différentes, l’une en Showa et l’autre en WP, nous ne souffrons pas d’effet de bascule important. Peu importe qu’on accélère généreusement ou qu’on freine tel un bûcheron, la moto garde sa stabilité. Ce n’est que le freinage, bien que troqué contre un ensemble Brembo « premium », qui figure au tableau des critiques. La Tiger 800 n’était pas une référence en la matière, et ne l’est toujours pas, pire encore la version XCa avec sa grande roue avant de 21 pouces. Certains diront que notre jugement est dur, puisque l’Anglaise n’est pas une moto conçue pour une conduite résolument sportive.
La balade et les longues virées, c’est sa carte de visite. Au guidon de la Tiger 800, XRt comme XCa, on s’y sent bien. Agrémenté par un tableau de bord équipé d’un large écran TFT couleurs, par des poignées et sièges chauffants, une protection généreuse et un ensemble de suspensions réglables selon vos désirs, il ne fait aucun doute que les longs voyages seront une formalité. Il ne faudra qu’installer une bagagerie (disponible au catalogue d’options Triumph) pour qu’elle soit prête au départ !
La météo se dégradant, le guide décide d’opter pour le chemin du retour. A vrai dire, nous restons quelque peu sur notre faim. Nous aurions encore voulu rouler, rouler jusqu’à la dernière goutte du réservoir. En guise de consolation, on nous promet une météo printanière pour le lendemain.
Après une nuit réparatrice dans le camp berbère, nous nous réveillons avec la satisfaction qu’on ne nous avait pas menti. Le ciel se dégage peu à peu et, après un frugal déjeuner, on découvre les sommets enneigés de l’Atlas se détachant du bleu du ciel.
Les Tiger 800 XCa chaussées de Pirelli Scorpion Rally nous attendent. Notre instinct animal, juvénile peut-être aussi, se réveille. Il y a comme une petite voix qui murmure : "tu sens le goret s’éveiller en toi ?"
Ce n’est pas peu dire. On nous explique en quelques mots quelles sont les différences entre les modes Off-road et Off-road Pro, à savoir que ce dernier désactive toutes les aides à la conduite, ABS y compris, tandis que le mode Off-road propose une motricité optimisée ainsi qu’un freinage maîtrisé sur la roue avant, la roue arrière étant libérée d’assistance au freinage.
A peine sortis de l’enceinte de l’hôtel que nous empruntons le premier chemin caillouteux en direction du désert. Des étendus de rocailles et de sable à perte de vue, seul l’Atlas en toile de fond trône. La horde de Tiger 800 XCa parcourt plusieurs dizaines de kilomètres au coeur de ses magnifiques paysages. De la piste facile avalée à plus de 80km/h, des passages boueux perturbants l’équilibre royal dont jouit la Tiger, des pentes raides tant en montée qu’en descente, des franchissements d’obstacles parfois prenant des tournures stratégiques, … l’Anglaise a tout vécu.
Alors que son poids pourrait en effrayer plus d’un, elle s’est montrée facile à pilote dans ces conditions particulières. La suspension gommant avec brio les irrégularités du sol accidenté et la position de conduite une fois debout sur les cale-pieds étant très confortable, nous ne sentons sereins et pouvons apprécier succinctement le paysage qui défile.
Dans cet environnement hostile, le trois-cylindres s’est aussi montré tout à fait adapté. Avec un premier rapport court et une grande douceur du moteur à bas régime, nous arpentons les tracés techniques sans difficultés particulières. Et lorsqu’il faut s’extirper d’un bourbier, il suffit de donner des gaz sans doser, le contrôle de traction fait le reste, en offrant la motricité optimale.
Cette journée dans le terrain, sous le soleil marocain, nous a fait oublier les pluies et le froid de la veille. Tout sourire, plein d’émotions et convaincus par ce trail anglais, nous rentrons au camp. Comme nous sommes un vendredi, nous resterions volontiers encore ce week-end, histoire d’exploiter encore et encore les capacités de cette nouvelle Tiger 800.
La Triumph Tiger 800 revient sur le marché, avec son lot de mises à jour et autres améliorations bienvenues. Sans vouloir détrôner ses concurrentes que sont les BMW F800GS et Honda CRF1000L Africa Twin, la Tiger 800 impose sa place et répond à la demande de nombreux motards souhaitant un trail confortable et capable de remplir toute sorte de missions, des trajets du quotidien aux longs voyages à l’autre bout de la planète, sans oublier les incartades hors des sentiers battus.