
La Caponord a débarqué sur le marché il y a maintenant deux ans (lire notre essai). Pour faire court, la Caponord est une Dorsoduro 1200 assagie et équipée d'équipements répondants aux exigences du Touring. La Caponord Rally, elle, s'oriente hors des sentiers battus avec des accessoires adaptés tels qu'un pare-brise surdimensionné et réglable, une paire de projecteurs à LED supplémentaires, des volumineuses valises latérales de marque Givi badgé "Aprilia", des crash-bars en acier, un sabot-moteur en aluminium, des roues à rayons chaussées de pneus enduro-routiers Dunlop Tourance Next en dimensions 120/70 R19 à l'avant et 170/60 R17 à l'arrière.
De cet équipement additionnel, il ne faut pas oublier la dotation très riche d'origine de la Caponord. La Caponord Rally suit la tendance à l'électronisation totale des motos à vocation Touring et s'équipe d'une commande de gaz ride-by-wire à trois cartographies (Rain, Touring et Sport), d'un régulateur de vitesse, d'un antipatinage réglable sur trois niveaux (et déconnectable) et... de la suspension semi-active ADD (Aprilia Dynamic Damping), adaptant automatiquement son calibrage en fonction de l’état de la route et du style de conduite. Et c'est tout ? Presque ! Aprilia vient de développer la plateforme PMP multimédia permettant d’équiper et de personnaliser à volonté la Caponord Rally (malheureusement pas encore disponible sur notre modèle d'essai).
Aprilia ne l'a pas communiqué officiellement, mais il semblerait que les paramètres de l'ADD ont été revus pour gagner en fermeté, de même que la gestion moteur pour plus de souplesse à bas régime.
Esthétiquement, la Caponord Rally s'affirme encore avec tous ces attributs inspirant l'aventure. En plus, ce coloris doré lui sied parfaitement, bien qu'il faille l'assumer une fois en selle. Il est vrai qu'une moto de cette couleur, c'est plutôt original.
Passage à gué, chemin blanc, autoroute et route nationale, la Caponord Rally s'est laissée emmener avec entrain.
Le GPS est installé en une petite heure, le temps d'enlever les nombreux caches se trouvant entre la selle et la batterie et de trouver le chemin idéal qu'empruntera le câble d'alimentation. Les itinéraires sont configurés et sauvegardés dans le GPS. Les bagages sont prêts et les deux valises de 33 litres chacune sont remplies à craquer. Remarquez que les valises latérales sont identiques, grâce à l’échappement en position basse ! Nous sommes parés au départ.
Départ de la Romandie au petit matin, le cap est mis sur Gênes. Ne sachant pas à l'avance quelle sera la météo ce jour-là, nous avons n'avions pas prévu emprunter un itinéraire pittoresque pour nous rendre à Gênes ; ce sera alors l'autoroute sur plus de 400 kilomètres. Rien d'appétissant, certes !
Calé derrière le pare-brise et couché sur le réservoir, ma passagère collée dans mon dos, les kilomètres d'autoroute ont été avalés en peu de temps. Hormis quelques vibrations et turbulences à (très) haute vitesse (oui, l'Italie ne connaît guère Via Sicura et ses mesures répressives!), la Caponord a rempli sa mission de vraie routière. Même les valises au design peu aérodynamique n'ont pas perturbé la stabilité de la moto. Par contre, à rythme soutenu sur autoroute, la jauge d'essence descend à une allure vertigineuse. Il fallait d'ailleurs faire attention à la panne sèche puisque les stations-essence autoroutières ne sont pas signalées à l'avance. Visiblement, seules celles qui ont souscrit à un abonnement publicitaire ont ce privilège. Et de ce fait, souvent, nous remarquions une station-essence au moment où nous passions devant... Sans parler des camions qui se suivent à la queue leu-leu et qui gênent la vue des panneaux en bordure d'autoroute. Enfin, le généreux volume de 24 litres du réservoir d'essence devrait vous emmener loin, avant que le souci de la panne sèche vous rattrape.
Nous sommes arrivés à Gênes en début d'après-midi, ce qui nous laissa pas mal de temps jusqu'à l'heure du check-in du ferry fixé à 17h45. Nous en avons profité pour nous restaurer sur la terrasse de l'hôtel NH Collection Genova Marina situé dans le vieux port de Gênes.
Gênes est une ville côtière impressionnante. On se croirait déjà dans le Sud de l'Italie, avec des voitures partout qui roulent et qui sont parquées n'importe comment, des scooters qui se faufilent dangereusement, des carrefours à l'italienne, … Bien que la Caponord n’ait aucune peine à se déplacer dans ce gymkhana urbain, nous redoublons de vigilance car le danger vient de partout. Et lorsque nous sommes dans la zone portuaire, sans être "parano", toutes ces façades et fenêtres orientées vers la mer, et donc vers le port, l'impression d'être observés est immense... Nous passons le point de contrôle à l'entrée des quais. Seuls les billets sont visés et on nous laisse passer sans même vérifier la correspondance de nos billets avec les cartes d'identité. Olé olé ! Puis arrivés sur le quai d'embarquement, au pied de l'imposant ferry qui nous mènera jusqu'à Olbia, nous avons la chance de passer devant toutes les voitures et autres mobilhomes. Attendre l'embarquement semble interminable, bien que nous nous occupons à regarder le chargement des camions transportant des denrées alimentaires à destination de la Sardaigne.
Deux heures plus tard, on nous fait signe d’embarquer. Le temps d’arrimer la moto au coeur du ferry, sur l’un de ses flancs, et nous rejoignons notre cabine, avec hublot s’il-vous-plaît ! On se débarbouille dans la salle de bain pour le moins spartiate de la chambre puis on passe la soirée dans le restaurant du ferry. Bonne bouffe au programme.
Le lendemain matin, nous accostons à Olbia, chef-lieu de la province d’Olbia-Tempio, historiquement de la Gallura, au Nord-Est de la Sardaigne. C’est l’une des plus belles provinces sardes, mais surtout la plus touristique avec sa fameuse Costa Smeralda (Côte d’Emeraude) et ses îles de la Maddalena. Nous ne nous éternisons pas dans la région et filons vers Castelsardo, sur la côte nord-ouest, sans oublier de traverser la Valle della Luna. A cette période de l’année, bien que nous sommes à Pâques, les routes sont désertes de touristes et de mobilhomes ; quel bonheur ! Les virolets sardes s’offrent à la Caponord Rally. Et la semaine entière passée en Sardaigne ne sera faite que de virages. Que du bonheur, dites-vous ?