Essai publié le 29 mai 2015

Essai sur route de la Kawasaki Ninja H2 - Quel monstre ! [page 2]

Texte de Charles Donzé / Photo(s) de F. Venturini / Avec la collaboration de Patrick "Oh puta*n !"

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De la mécanique, tout est exclusif !

Un modèle unique, qui ne partage rien avec la gamme Kawasaki. La Ninja H2 est la représentation-même de l'exclusivité. En consultant son dossier de presse très étoffée, on découvre la moto, ses composants, la raison de l'emploi de certains matériaux, les détails techniques... La Ninja H2 fascine avant même que l'on prenne place sur sa selle. Attardons-nous tout d'abord sur le coeur de la bête, son quatre-cylindres en ligne délivrant la bagatelle de 210cv avec RAM Air (air forcé) à 11'000tr/min. Jusque-là, rien d'extravagant, les Kawasaki ZX-10R et la ZZR 1400 en font autant. Ce qui retient toute l'attention, c'est bien son compresseur ! En effet, le 998cc est suralimenté par un compresseur entraîné par une chaîne, et c'est ce qui promet toute la différence. Le compresseur a été choisi pour la simple raison qu'il est beaucoup plus compact et plus léger qu'un turbo ; en effet, nul besoin d'un intercooler (système de refroidissement) ni de conduits de redirection des gaz d'échappement. Aussi, développé exclusivement par Kawasaki pour la Ninja H2, le compresseur assure un surcroît de couple dès les plus bas régimes (ce que ne permet pas un turbo) et augmente la puissance à haut régime. Sa vitesse de rotation maximale atteint 130'000tr/min et comprime l'air jusqu'à 2.4 bars (pour la H2R). Pour accepter un pareil niveau de pression, la boîte à air est conçue en aluminium renforcé et abrite seuls les injecteurs et les cornets d'admission. Le filtre à air, lui, prend place en amont du compresseur.

Sans entrer dans les détails techniques de la mécanique, on remarque déjà que la Ninja H2 n'a rien de la conception d'une moto conventionnelle et est incomparable à ses deux soeurs ZX-10R et ZZR 1400. Pour faire bref, quand on ouvre en grand la poignée de gaz de la Ninja H2, la réponse du moteur est immédiate et le couple est disponible sans délai. Quant à l'accélération... on vous laisse lire les lignes qui suivent.

Pour palier aux performances du moteur, Kawasaki a équipé sa Ninja H2 de freins surpuissants. Brembo a été désigné, sans hésitation et à juste titre. On retrouve deux immenses disques de 330mm de diamètre enserrés par les très efficaces étriers radiaux monoblocs M50. Aussi, rareté sur les machines japonaises, les freins sont complétés par des durites de type aviation, gage d'endurance et de constance en usage intensif. A l'arrière, on se contente d'un simple disque de 250mm et un étrier à deux pistons.

Côté partie-cycle, le fabricant de suspensions Kayaba (KYB) profite de l'exclusive Kawasaki pour lancer son nouveau modèle, la fourche AOS II racing. Celle-ci est basée sur les modèles à cartouche séparée air-huile des motos de cross. Les tubes de 43mm de diamètre de couleur noire se règlent en compression, en précharge et en détente, directement depuis le haut.

L'amortisseur arrière est fixé au système Unitrack et bénéficie des mêmes possibilités de réglages. Du beau matériel, assurément, bien que l'on s'étonne que Kawasaki ait fait l'impasse sur l'incontournable fabricant suédois (ndlr : Öhlins).

Toutefois, l'amortisseur de direction est badgé Öhlins et se distingue par sa faculté à interagir avec l'unité centrale en s'ajustant automatiquement en fonction de la vitesse de la moto.

Et finalement, l'électronique est à la hauteur des ambitions de la mécanique. En quelques lignes, listons la dotation électronique de la Kawasaki Ninja H2 :

  • Contrôle de traction KTRC, avec trois modes préconfigurés, avec la possibilité d'affiner les réglages d'usine sur plus ou moins un niveau ;
  • Aide au départ arrêté KLMC (lauch control) à trois niveaux, limitant la glisse de la roue arrière et limitant le wheeling pour optimiser l'accélération ;
  • Gestion du frein moteur KEBC sur deux niveaux (normal ou light) ;
  • ABS sport intelligent KIBS, quasi-identique à celui de la ZX-10R mais recalibré pour spécialement pour la Ninja H2. Outre l'optimisation du freinage en limitant le blocage des roues, il régule le freinage entre les roues avant et arrière et empêche le stoppie ;
  • Quickshifter KQS, pour des passages les rapports un à un aussi vite que l'éclair (premier quickshifter Kawasaki monté de série)
  • Amortisseur de direction électronique Öhlins, s'adaptant à la vitesse.

Seul le tableau de bord résiste à la modernisation. Alors que de nombreuses motos définies comme technologiques arborent fièrement un écran LCD en couleurs, la Kawasaki se montre conventionnelle avec son compte-tours analogique et son écran LCD monochrome. Heureusement, ce dernier ne manque pas de gadgets avec notamment l'affichage du niveau de pression de la turbine et de sa température.

Apprivoisons la Ninja H2 !

La clé de la Ninja H2 porte aussi le logo "River Mark", le ton est donné. Pas de commande keyless, il faut encore insérer la clé dans le Neimann. On s'installe à son bord de la même façon qu'on le ferait sur une sportive. Le poids du haut du corps repose sur les poignets. Les jambes sont très repliées. La moto est plus longue que la ZX-10R, mais plus courte que la ZZR 1400 ; de ce fait, les bras sont bien allongés et la position n'est pas trop extrême. Ainsi, on peut admettre que la position est confortable, relativement à celle subie sur les sportives. Le fessier est maintenu par deux protubérances caoutchoutées (réglable en profondeur sur deux positions) à l'arrière de la selle ; lors de fortes accélérations, il n'y aura nul besoin de s'agripper au guidon bracelet. La selle est cependant assez dure et étroite, de quoi rappeler que nous sommes bien en présence d'une sportive, pure et dure.

On tourne la clé et le tableau de bord s'illumine. On enclenche le moteur qui s'ébroue dans une sonorité à la fois rauque et métallique. Rien d'extravagant si ce n'est que l'ambiance sonore respire la puissance. Il ne suffira que de quelques coups de gaz, sans même monter haut dans les tours pour le confirmer.

En fin d'article, vous trouverez notre vidéo qui illustre très bien cette situation.

Le premier rapport se verrouille franchement tout en secouant la moto. La commande d'embrayage est souple, l'embrayage anti-dribble n'y étant pas pour rien. En la relâchant, on remarque de suite sa précision chirurgicale. Le couple du quatre-cylindres élance la moto sur un filet de gaz. On change de rapport manuellement, le temps que la mécanique chauffe et à défaut d'utiliser le quickshifter qui est plutôt calibré pour les passages de rapport à haut régime. On enroule gentiment, mais sûrement. Il faut apprivoiser la Ninja H2 avant d'oser chatouiller la mécanique.

En restant bas dans les tours, soit en-dessous de 5'000tr/min, le moteur est souple et ne souffre d'aucun à-coup d'injection. C'est un vrai quatre-cylindres. Plein de couple, il ne grogne pas lorsqu'il faut cruiser sur les rapports supérieurs lorsque l'on traverse une localité, calé à 50km/h. Dès 4'000tr/min, on sent que le compresseur entre dans la danse. Si vous n'êtes pas doux avec la poignée de gaz, il se peut bien que vous subissiez quelques secousses désagréables. On se laisserait presque dire que la Ninja H2 est une machine civilisée. Mais il n'en est rien... !

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Au final...

On a aimé :
+
Motorisation de folie !
+
Equipement technologique
+
Exclusivité, unique en son genre
+
Image
On a moins aimé :
-
Réponse sensible du moteur à la poignée des gaz
-
Quickshifter "viril" (manque de douceur)
-
Pilotage exigeant

Fiche technique

Véhicule
Marque :
Kawasaki
Modèle :
Ninja H2
Année :
2015
Catégorie :
Supersport
Kit 25 kW :
Non disponible
Moteur
Type :
4 cylindres en ligne
Cylindrée :
998 cm3
Refroidissement :
Refroidissement liquide
Alimentation :
Injection Ø 50 mm x 4 avec double injecteurs
Performances
Puissance max. :
210 ch à 11'000 tr/min
Couple max. :
134 Nm à 10'500 tr/min
Transmission
Finale :
Par chaîne
Boîte :
6 rapports, de type dog-ring
Embrayage :
Multidisque en bain d’huile, à commande manuelle
Partie cycle
Châssis :
Châssis trellis acier avec platine de bras oscillant
Suspension AV :
Fourche inversée de 43 mm, réglage en compression et en détente, réglage de précharge et ressorts additionnels
Course AV :
120 mm
Suspension AR :
Nouvelle suspension Uni-Track, amortisseur à gaz avec réservoir. Ressort de détente. Réglage en compression lente et rapide. Réglage en détente et précharge du ressort
Débattement AR :
135 mm
Pneu AV :
120/70 ZR 17
Pneu AR :
200/55 ZR 17
Freinage
ABS :
Oui
Freinage combiné :
Non
Frein AV :
Double disque semi-flottant de 330 mm. Étrier: deux étriers à montage radial et 4 pistons opposés
Frein AR :
Simple disque de 250 mm. Etrier à 2 pistons
Dimensions
Longueur :
2'085 mm
Empattement :
1'455 mm
Largeur :
770 mm
Hauteur de selle :
825 mm
Poids total :
238 kg
Réservoir :
17 litres
Coloris disponibles
Coloris :
Noir brillant à reflet miroir (Mirror Coated Black)
Catalogue
Prix de vente :
CHF 28'490.-
Euro Bonus inclus : CHF 26'500.-
En ligne :
Garages :
 

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