Aujourd'hui, nous avons pu mettre à l'épreuve trois paires de pneus de manufacturiers différents, à savoir le Continental ContiAttack SM (pneu monté d'origine sur la KTM 690 SMC R), le Pirelli Diablo Rosso Corsa (pneu qui semble ravir pas mal de motards) et le Dunlop SportSmart 2 (pneu dérivé du D212GP), ces trois montes ont été testées sur une KTM 690 SMC R 2014.
Un grand absent manque à ce test, la firme française Michelin, qui par des excuses qui ne tiennent pas forcément la route (dont vous pourrez découvrir les motifs ci-dessous lors de nos échanges de mails), n'a pas souhaité participer à ce comparo, car je cite "Cependant, nous avons décidé de ne pas participer à ce test. En effet, étant donné que nous n'avons pas de produits directement concurrentiels aux produits que vous avez cité, il ne nous semble pas intéressant de proposer le Pilot Power 3, qui n'est pas tout a fait destiné à la même utilisation que les produits cités de la concurrence... Et notre Power Supersport n'existe malheureusement pas dans les dimensions de la moto utilisée pour vos tests... D'autant plus que le circuit de Plantin (nous avons été voir un peu sur internet...) ne nous paraît pas être un circuit adapté à un test comparatif de pneumatiques...".
Une réponse étonnante lorsque l'on connaît le large panel dont dispose le manufacturier dans nos dimensions : 160/60 ZR 17 M/C et 120/70 ZR 17 M/C. Bref, passons aux choses sérieuses, pour les fans de la marque, nous sommes désolés, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé !
Les circuits étant toujours interdits en Suisse, nous avons pris contact avec le Centre TCS du Plantin situé à proximité de l'aéroport de Genève, qui dispose d'une piste d'essai pour les différents cours qu'ils dispensent à de nombreux motards et automobilistes tout au long de l'année. Freinage, position, maîtrise sur piste mouillée...
Une piste qui a deux avantages, le premier étant d'être faite d'un goudron de type routier et non circuit (plus abrasif), et qui permet également d'être modulable à souhait en fonction de ce que vous voulez y faire. Pour ce comparo, nous avons choisi une configuration avec deux lignes droite, un long virage rapide, deux épingles très courtes (dont une en bout de ligne droite), un virage moyen en dévers et une grosse bosse, soit de quoi avoir tout type de condition pour apprécier des pneumatiques.
La météo fut clémente avec une température de 9°C à 07h00. Heureusement, quelques degrés supplémentaires sont apparus vers 9h30 avec près de 13°C et des nuages en moins. Afin de palier à un risque de grand froid, mais également de gagner du temps pour le rodage des pneus, nous avons choisi par souci d'équité, de faire les premiers tours de roues en ayant pris le soin de chauffer nos gommes avec des couvertures chauffantes Thermal Technology (10 minutes de chauffage par train). Le montage/démontage a quant à lui été assuré par nos soins, le tout sans machine.
Marcouille et votre serviteur ont pu procéder à l'essai de chaque gomme. Nos pilotages étant différents, ceci a permis de mettre les pneus dans plusieurs toutes les conditions. Marcouille est du type enroulé et fluide, alors que pour ma part, je conserve mes origines de crossman.
Deux tours de chauffe/rodage ont été effectués sur chaque train de pneus. S'en sont suivis six tours - poignée dans le coin - pour ma pomme, puis six tours pour Marcouille et à nouveau six tours pour moi. Aucun temps de repos n'a été pris entre chaque cession, les pneus n'auront donc pas eu le temps de refroidir. Nous avons ensuite partagé notre ressenti, mais également nos chronos. Le meilleur chrono a été relevé à chaque fois afin de définir quel est le pneu qui permet d'aller le plus vite. Toutefois, celui qui va le plus vite n'est pas forcément le plus facile à emmener... Vous découvrirez nos conclusions en fin d'article.
Le premier à passer entre nos mains est naturellement le Continental SM, pneu déjà monté sur notre moto et pneu déjà testé sur piste, sur le circuit de Bresse (KTM 690 SMC R sur la piste). Le Continental SM bénéficie d'une technologie combinant une gomme spécifique et une ceinture en acier 0° qui permet selon le fabricant un temps de chauffe rapide et une usure contenue. Ce pneu est destiné aux motos de 700cc maximum et de type légère.
La première chose qui surprend face à nos deux autres montes est l'étroitesse du pneu arrière. Ce dernier, visuellement, paraît être une taille en dessous. Le profil en V (pointue) accentue ce constat. Pour notre essai, nous sommes partis sur une pression de 1.9kg pour l'avant et 1.7kg pour l'arrière (à froid).
Les deux premiers tours de roues se font à rythme modéré afin de mettre en température les pneus et de bien chauffer la mécanique, mais également de chauffer le pilote, qui pour l'occasion est chaud comme sorti d'une couverture chauffante. Une fois le tout à bonne température, la poignée de droite s'essore sans ménagement.
Le bout de ligne droite (en descente) nous plonge dans un long virage rapide, deux rapports tombent afin d'être sur le bon rapport pour la sortie. Le gros freinage met en évidence la stabilité du Conti SM, le train arrière part naturellement en glisse sans pour autant être vicieux, la moto reste contrôlable. La sortie se fait presque gaz en grand, le grip est bien présent et les pneus en redemandent encore. La longue ligne droite de la montée permet d'être en fond de trois avant de devoir sauter sur le frein et de tomber à nouveau deux rapports afin de négocier l'épingle. Dans cet exercice des sinueux lents, le Conti SM montre ses limites en maniabilité la moto semble lourde et la forme en V nous donne l'impression de tomber sur l'angle à chaque passage. Au fil des tours cette impression se confirme, avec également un constat, l'endurance n'est pas le point fort du Conti SM. Nous avons également pu aménager une partie sur un saut, à la réception, le pneu reste flou et louvoie sur l'amorti, les quelques mètres qui nous renvoient sur la ligne droite (en descente) disposent d'un revêtement quelque peu usé, le Conti n'aime pas ce genre de surface, il privilégie les surfaces bien planes avant tout ! Dans les derniers tours, les pneus commencent à montrer leur limite, celle des hautes températures. La moto glisse de l'avant et de l'arrière à la moindre sollicitation, la moto devient alors pataude dans les changements d'angle et l'impression de lourdeur s'accentue encore.
Marcouille aura même été à la limite de perdre à deux reprises l'avant lors des changements d'angle trop rapides.
Ce premier run nous as permis de fixer le temps de référence sur ce tracé. Les résultats détaillés se trouvent à la fin de l'article.
Reste à savoir si la prochaine monte nous donnera le même ressenti...
Ce pneu ne nous est pas inconnu puisque nous l'avions déjà testé sur un roadster 1000 (essai Pirelli Diablo Rosso Corsa), sur route comme sur piste. Mais comme chacun le sait, ou devrait le savoir, un pneu peut très bien aller sur un certain type de moto et ne pas aller sur une autre : poids, puissance, centre de gravité, ... Nous ne sommes pas partis sur la gamme SC de Pirelli, car cette dernière n'a pas d'équivalent chez Continental.
Le Rosso Corsa est un pneu dit "tri-gomme". Pour les novices, ceci veut dire que trois gommes composent ce pneu. Une gomme dure sur la partie centrale du pneu et des plus tendres pour les épaules. Sa forme est de type ronde, ce qui devrait nous donner un pneu progressif lors de la mise sur l'angle, reste à savoir si cela se confirmera.
Comme pour le Conti, deux tours de chauffe/rodage sont effectués. La première chose qui surprend est l'agilité que la moto vient de gagner et la facilité de prise en main par rapport à la monte d'origine. Les pressions sont identiques à l'essai précédent (1.9kg AV et 1.7AR). Les tours s'enchaînent à bon rythme et le pneu met en évidence son excellente stabilité, tant sur le freinage que dans la courbe rapide, mais surtout sa facilité à gérer la glisse. La moto ne tente pas de raccrocher et va là où vous lui dites d'aller. La sortie de la courbe rapide se fait gaz en grand, le tout avec une légère dérive du train arrière. Le constat est le même dans le sinueux lent, étonnant à la vue du profil. La moto gagne en agilité et permet de mettre plus d'angle sans appréhension. Le passage du saut et la réception révèle une rigidité bienvenue, qui permet de souder la poignée dès la réception, là où le Conti se désunissait. Après plusieurs tours, le pilote ressort frais de cet exercice, pas besoin de batailler, tout se passe en douceur.
Le chrono confirmera ou pas notre impression de facilité !
Nous voici dans la dernière ligne droite de notre essai, avec le Dunlop Sportsmart 2, un pneu qui reprend la carcasse du célèbre Dunlop D211, récemment remplacé par le Dunlop D212, dont il tire une partie de sa gomme. Deux pneus que nous avons déjà eu l'occasion de tester sur piste.
Le SportSmart 2 s'annonce comme un pneu sport/route avec un profil en V, ce dernier est prévu pour rouler par tous les temps (sauf neige, hein!), mais également qui devrait vous permettre d'arsouiller le week-end sur piste. Il dispose d'une bande de roulement multigomme et d'un composé d'épaulement spécifique pour encore plus d’adhérence sur l’angle.
Le protocole est respecté, deux tours de chauffe/rodage, et c'est parti ! Le premier freinage en bout de ligne droite se fait sans encombre, mais avec toutefois un poil moins de stabilité que la monte italienne. La glisse parvient assez tard, car le grip est tout simplement excellent, peut-être trop pour cet excercice, à tel point que la moto veut à chaque glisse tenter de raccrocher. Eh oh, c'est qui le patron, si je te dis de glisser tu glisses, ok ! Si la moto glisse moins, elle offre en revanche une excellente tenue de cap et permet de ressortir plus fort du virage, avec une légère dérive très prévenante. Les épingles approchent, la moto se jette avec une grande agilité dans l'exercice et permet de prendre de l'angle sans crainte. Le gain de maniabilité et de vivacité s'est encore accru. Le passage du saut offrira un très bon retour d'informations et ne souffre d'aucune critique, la moto restera toutefois plus vive qu'avec les montes concurrentes.
Le pilote a quelque peu transpiré durant cet essai, reste à savoir si le chrono sera à la hauteur de nos attentes !
Nous voici dans les conclusions, le chrono aura-t-il menti ? Les hommes auront-ils le même choix ? Avant toute chose, sachez que ces trois montes pneumatiques n'ont pas démérité lors de cet essai.
Le ContiAttack SM, livré d'origine avec notre moto d'essai est un pneu passe-partout, qui vous permettra de découvrir les joies qu'apporte ce type de machine. Pour autant, et après avoir pu tester les deux autres montes, il faut se rendre à l'évidence, ce pneu est bel et bien de première monte, donc un pneu qui doit convenir à un maximum de personnes, donc des performances légèrement en deçà de la concurrence. Il a montré ses failles : moins agile, moins performant en courbe, montre ses limites en surchauffe. Un pneu qui perd un peu plus d'une seconde au tour face à un Pirelli et encore plus face à un Dunlop, le tout sur un petit tracé. La différence serait encore plus marquée sur un circuit de plus de 2'500m. Nous dirons donc que ce pneu est parfait pour effectuer le rodage de la machine et faire l'apprentissage de cette dernière. Mais si vous recherchez de la performance pure, il faudra peut-être songer à changer de monte...
Prix conseillé en CHF HT : AV 159.- / AR 196.-
La bonne surprise nous est venue du Pirelli, un pneu qui a démontré d'excellentes aptitudes, mais surtout garant d'une mise en confiance immédiate ! Le pneu est exemplaire dans l'exercice du freinage et lors de la mise sur l'angle, son profil rond permet de passer les virages en offrant une stabilité encore jamais rencontrée avec le Continental. La moto ne bouge pas et semble suivre un rail, les glisses que vous déclencherez seront faciles à gérer, le sinueux confirme ses bonnes aptitudes et le chrono parlera de lui-même à la fin de notre séance. De plus, nul besoin de batailler avec sa moto, la conduite est facile et le plaisir bien présent. Un pneu idéal pour la conduite tous les jours et de temps à autre sur piste.
Prix conseillé en CHF HT : AV 217.- / AR 278.-
Issu de la compétion, nous ne nous en attendions pas moins du Dunlop. Des performances de haut vol pour celui qui aura été l'auteur du meilleur temps de notre journée. Les changements d'angle se font très rapidement et sans appréhension, vous êtes rivés au sol, avec en prime de belles glisses maîtrisées. Malgré tout, dans cet exercice, il se révèle un peu plus dur à emmener que le Pirelli. Il faudra donc quelques sessions de roulage pour se familiariser avec ses performances élevées. Les longues sessions de roulage sur piste ne lui feront pas peur et vous devriez prendre votre pied sans arrière pensée. Ce pneu conviendra parfaitement aux arsouilleurs qui souhaitent rouler aussi bien sur route que sur circuit. Nous avons conservé cette monte sur notre moto afin de développer un peu plus son utilisation au quotidien.
Prix conseillé en CHF HT : AV 137.- / AR 175.-
Nous retiendrons que le Continental est parfait pour faire ses premières armes sur cette machine, que le Pirelli est un exemple de facilité et de performance et que le Dunlop est un véritable chasseur de chrono. A vous de faire votre choix ! Marcouille préfère le Pirelli, alors que Yann partira sur le Dunlop. Gardez une chose en tête, à ce niveau de performance, il n'y a pas de mauvais pneus, mais simplement des goûts différents.
Bon ride à tous !