Au fil de la route, je me suis demandé comment BMW avait réussi à homologuer la S1000R avec cet échappement tant le bruit qui s’en échappe est tout simplement jouissif. A l’accélération, il gronde et, surtout à la décélération, il gratifie son pilote de deux-trois explosions et d’un bruit digne d’un V8 Aston Martin. Incroyable ! Comme indiqué plus haut, pas besoin de se tourner vers un accessoiriste, tout du moins pour le bruit, pour le look chacun sera juge.
Le lendemain la pluie s’était invitée lors de mon roulage... J’ai donc sélectionné le mode dynamique afin de laisser les lois d’amortissement "s’autogérer" et suis parti affronté les gouttes d’eau en me disant "Attention, faut pas casser... ce n’est pas à toi". Vous me croirez ou non, mais après 8,37 minutes, j’avais complètement oublié cette pensée et je me régalais à accélérer en cherchant la limite de l’antipatinage très efficace, et ce même à la ré-accélération en sortie de virage.
La S1000R étant munie d’une électronique au top avec laquelle il est possible d’intervenir à la fois sur le moteur et sur les suspensions, le pilote est à la fois mis en confiance et assisté comme il faut, sans être trop bridé pour maîtriser la moto qui reste tout de même un roadster méchant en regard des performances de son moteur qui crache tout de même 160cv. Largement de quoi devenir le deuxième satellite suisse à orbiter autour de la planète avec le fameux cube de l’EPFL.
Pour mettre des chiffres sur les sensations, la S1000R est capable de reprendre à peine au-dessus de 1'000tr/mn. A partir de 3'000 tr/mn le couple est déjà bien présent. A 5'000 tr/mn la poussée devient très franche et, comme sur la RR, dès 8'000tr/mn, on a l'impression d'avoir dit la fameuse phrase "Spock, téléportez-moi" tant l'aiguille du compte-tours monte avec vigueur vers la zone rouge et le passage du rapport supérieur ne fait que relancer la machine... Il faut donc sérieusement s'accrocher au guidon, voire plûtot serrer le réservoir entre les jambes.
Bon accélérer, c’est bien beau, mais il vient toujours un moment où il faut freiner... et là encore la S1000R m’a bluffé ! J’ai trouvé le freinage au moins aussi, voire plus efficace que sur ma S1000RR préparée piste ! C’est dire ! Cette moto n’est pas à mettre entre les mains d’un débutant, mais pour un pilote confirmé quel plaisir de la mener du bout des doigts.
Le lendemain, j’ai profité d’une belle journée pour aller faire gronder le quatre-cylindres en ligne sur les belles routes autour de Genève et j’avoue avoir pris un plaisir inavouable. La S1000R avec son châssis court issu de la RR est d’une rigidité digne d’un traité culinaire allemand. Impossible de la prendre en défaut et encore une fois, je bénis l’assistance électronique des suspensions, nul doute que ce type de système va se démocratiser tant l’apport en terme de confort et de sécurité est indispensable avec des performances telles que celles alignées par la Bavaroise.
Le revers de la médaille est que la S1000R est pousse au crime et il devient difficile, voire impossible de respecter le code de la route... Il est aisé de "péter un fusible" et au moindre freinage de tenir le levier jusqu’à la corde, de voir les giratoires comme des chicanes puis d’en ressortir en ouvrant et en jouant avec le contrôle de traction le tout dans une mélodie qui oscille entre la Cinquième de Beethoven et un reef de Metallica.
Le seul autre reproche que j’aurais à adresser à la marque à l’hélice, hormis le levier d’embrayage qui m’a presque rappelé mon Peugeot 103 (d’il y a... oups presque trente ans), est le shifter. Je n’ai pas retrouvé la précision ni la rapidité de celui qui équipe ma S1000RR. Celui qui équipe le roadster, qui pourtant devrait être le même, est lent et il est plus rapide de passer les vitesses à la volée, dommage...
Ah oui, encore une petite chose, lorsque l'on roule à régime stabilisé aux environs de 6'000tr/mn, on ressent des fourmillements dans les cale-pieds et le guidon. Rien de bien gênant à condition de ne pas rester longtemps à ce régime. Il ne faut pas oublier que l'ossature et le coeur de la belle proviennent de la sportive !
Pour résumer mon essai de cette S1000R, j’ai été bluffé par la maniabilité offerte par la belle Bavaroise, celle-ci restant toujours d’un bloc. Le poids contenu est également un allié précieux mais il ne faut pas oublier que la belle est équipée d’un moteur exceptionnel, à la fois coupleux et puissant comme peu de concurrents sur le marché. Quant au look, comme indiqué par Patrick, chacun verra midi à sa porte, personnellement j’aime bien ce qui est différent et pour ça, BMW sait très bien se démarquer de la production japonaise.