J’en vois déjà quelques-uns qui voudront me faire la peau en lisant le titre du paragraphe volontairement choisi. Non, la Fat Bob n’est pas devenue une moto de Bobo ! La moto évolue clairement dans le bon sens et conserve l’esprit authentique de la marque. D’ailleurs, il suffira de l’enfourcher pour se rendre compte que l’on est bien sur une Fat Bob.
Le haut de votre corps prendra la position de l’arc qui se tend, alors que vos pieds iront chercher le bout de votre canapé. Votre séant sera posé à quelque 690mm du sol, ce qui permettra d’avoir un bon contrôle sur les quelques 320kg de la bête. Si cette position peu paraître bizarre visuellement, vous aurez vite fait de l’adopter une fois en selle.
Cette minute de détente étant passé, il est temps de lancer le gros V-twin à 45° "103 pouces/cubes" (1’690cc). Le démarrage se fait en force. Vous entendez clairement que le démarreur s’offre une sérieuse séance de musculation pour lancer les deux gros pistons. Le bloc-moteur arbore une finition noire mate, ce qui permet de faire ressortir les différents éléments du moteur arborant une touche de chrome.
Ce bloc refroidi par air offre un couple camionesque de 132Nm et une puissance de 78cv. La transmission à la roue arrière se fait (évidemment) par une courroie et une boîte de vitesses à six rapports. Le staccato typique des Harley-Davidson est bien présent et assure que le moteur est au mieux de sa forme. Par contre, l'échappement d'origine ne met guère en valeur les vocalises du V-twin au ralenti... satanées normes anti-bruit ! Ceci dit, le catalogue d'accessoires est bien suffisamment étoffé pour trouver son bonheur... Screamin' Eagle ou autres SuperTrapp !
Le premier raport engagé, le démarrage se fait uniquement sur le couple du moteur, nul besoin d’accélérer pour se lancer. Le moteur délivre toute sa puissance à mi-régime, il ne faudra pas chercher les derniers tours-minute pour tirer toute la quintessence du moteur. La boîte de vitesses se veut douce (à chaud) et offre un premier rapport assez long ; je m'imagine déjà tirer une petite bourre lors d'un départ arrêté. L’ensemble moteur-boîte permet de cruiser en toute sérénité et ce, sur tous les rapports. Après tout, une Harley se roule sur le couple et de nos jours ce n’est pas plus mal. Les reprises sont fort honorables au vu du poids de l’engin et la sonorité offerte par les échappements à valves est des plus flatteuses (une fois les valves ouvertes).
Côté châssis, la Fat Bob est certainement ce qu’il y a de plus fun et sportif dans la gamme, si j'ose dire. On regrette déjà la XR1200X qui n’est plus au catalogue à ce jour. La Fat Bob s’en sort fort bien dans les enchaînements de virages et enroule sans complexe à bon rythme. Il sera tout de même nécessaire d'y mettre un peu du sien physiquement pour avoir un bon rythme, les petits gabarits, façon jockey, auront rapidement l’impression d’être sur un Percheron (ndlr : race de cheval). Une fois sur l’angle, il faudra garder à l’esprit que vous êtes sur une Harley-Davidson avec une garde au sol basse et des repose-pieds larges... étudier ses trajectoires et piloter de façon coulée sera de mise !
Les suspensions jouent parfaitement leur rôle pour autant que l’on conserve l’esprit "cruiser". Il est à noter que l’arrière se montrera un peu trop ferme sur les mauvais revêtements, un réglage approprié des amortisseurs devrait combler cette petite lacune.
En ce qui concerne le freinage, la Fat Bob arbore fièrement des doubles disques à l’avant, enserré par des étriers à quatre pistons et conserve un simple disque à l’arrière. L’ABS est de série sur tous les modèles depuis cette année. Le freinage avant offre un bon feeling ; rappelez-vous que le monstre pèse près de 400kg (une fois en selle). Le frein arrière, quant à lui, manque d'attaque ; n'hésitez à le violenter afin d'en tirer le meilleur. Sur route humide, l’ABS a tendance à se déclencher un peu trop rapidement à mon goût.
La monte pneumatique d’origine (typée pneu à crampons en gomme dur) y est certainement pour beaucoup. Heureusement, plusieurs fabricants de pneus ont développé des pneumatiques siglé "Harley-Davidson" plus adaptés à nos routes viroleuses. Les pneus d’origine ne mettent pas en confiance et partent en glisse en cas de grosses remises de gaz en sortie de virage par exemple... Alors, comme dirait l’autre barbu "Slow down, take it easy !".
Au final, l’équilibre, moteur, châssis et des plus agréable au quotidien, que vous deviez traverser une ville ou partir en virée avec votre chapter, la Fat Bob devrait vous combler pleinement.