
La Ténéré mise à l'épreuve est la petite de la famille, celle motorisée par le monocylindre de 660cm3. Cette dernière version a été commercialisée en 2007. En 2010, une grande soeur est venue l'épauler, la XT1200 Z, plus connue sous le nom de Super Ténéré. La petite 660 se distingue de la concurrence par son look tout droit venu de la compétition rallye-raid. D'ailleurs, Ténéré n'est autre que LE désert des déserts du Sahara... elle porte alors bien son nom ! Taillée à la serpe, elle ne fait pas dans la dentelle. Elle a été conçue pour être efficace, solide et pratique. Point barre. L'aérodynamisme et la beauté des courbes, elle ne connaît pas. Celui qui achète une Ténéré, c'est pour ses qualités et sa fonctionnalité.
La Ténéré mise tout sur la robustesse. Tout d'abord, son châssis en tube d'acier est très rigide et quasiment incassable, puis son bras oscillant léger en aluminium. Ses carénages en matière plastique très épaisse lui assurent une excellente résistance en cas de choc. On remarquera même l'attention portée au sélecteur de vitesses... lors d'une chute ou d'une mauvaise rencontre (une chèvre sauvage par exemple), il se rétracte pour éviter tout risque de casse. Le double échappement prend position sous la selle ; ainsi, la garde au sol n'est plus un problème et surtout, la bagagerie peut occuper intégralement les deux côtés de la moto. Aussi, comme toute bonne baroudeuse, les roues arborent des jantes à rayons de grand diamètre (avant en 21 pouces et arrière en 17 pouces). Les suspensions à débattement important ainsi que le grand angle de chasse de la fourche lui permettent d'absorber très efficacement les défauts des terrains accidentés. Son réservoir d'essence bien protégé d'une capacité de 23 litres assure une belle autonomie.
Côté motorisation, on reste dans la même veine, une mécanique moderne, simple, robuste et fiable : un monocylindre à injection de 660cm3 développant la puissance modeste de 48cv à 6'000tr/min et un couple généreux de de 58Nm à 5'500tr/min. La boîte de vitesses présente cinq rapports. Une petite motorisation pour une moto agile et facile, n'est-ce pas la bonne recette ?
Avec une telle moto entre les mains, ou plutôt entre les cuisses, il est bien difficile de résister à l'appel de l'aventure hors des sentiers battus. A la base, inutile de rappeler qu'il s'agit de sa vocation première ! Alors, allons-y !
Je grimpe sur la haute selle de 865mm. Cette dernière est relativement étroite, ce qui permet aux gabarits moyens (dès 170cm) d'atteindre le sol du bout des pieds. Heureusement, les 215kg tous pleins faits (183kg à sec) de la Ténéré ne se font pas sentir à l'arrêt. L'impression de chevaucher un grand vélo est bien réelle. Les jambes repliées enserrant le châssis, le bassin en avant, les bras bien reposés grâce au large guidon, la position est idéale pour s'attaquer aux terrains accidentés... mais pas seulement, les manoeuvres en ville s'annoncent aisées !
Je lance le mono. Pof-pof-pof, nul doute, il s'agit bien d'un gros mono. Je donne quelques coups de gaz et l'échappement gratifie de pétarades jouissives. Niveau ambiance sonore, le mono se défend bien ! Je passe le premier rapport. Sur l'écran LCD, le N vert disparaît... mais rien n'indique quel rapport est engagé. Enfin, hormis la vitesse, deux trips et l'heure, ne comptez pas être informé de la consommation ou de la vitesse maximale atteinte... c'est rudimentaire ! Un mono, ça se pilote au bruit, au ressenti ; je me passerai alors sans souci de l'indicateur de rapport engagé... et même aussi, tant qu'à faire, du compte-tours.
Très souple, le mono reprend dès les bas régimes. Ceci dit, pour un confort optimal et des relances sans à-coup, j'opterai plus l'option tomber un rapport pour ensuite relancer la machine plutôt que de forcer juste à la limite du sous-régime. Sage, il développe tout son potentiel sur une large plage de régimes, sans pic de couple à mi-régime ou déferlement de puissance. Ce caractère moteur sera apprécié tant par les débutants inquiets de la vigueur d'un mono que par les motards de tous les jours qui sillonnent la jungle urbaine comme la verte campagne. Sur route humide ou dans le terrain, son comportement très policé lui permet de faire l'impasse sur le fameux contrôle électronique de la traction. La puissance et le couple sont gérables sans assistance électronique.
Pour se rendre au travail, en ville par exemple, la Ténéré est l'outil idéal. Fine, haute et doté d'un guidon large, elle se faufile entre les voitures et les nombreux obstacles urbains. Grimper sur un trottoir, passer dans un nid de poule, remonter une rue pavée, ... l'exercice urbain est un jeu d'enfant ! Seuls les arrêts prolongés au feu sont redoutables ; le mono se charge du chauffage des cuisses et des mollets, pas exagérément mais désagréablement, surtout durant la période estivale.
Sur le chemin du retour, si le coeur vous en dit, sortir des sentis battus n'est pas une option à exclure. La Ténéré est la reine du désert... et la déesse des bois de nos contrées. Légère (en apparence!), équipée de pneus étroits et de suspensions à grand débattement, elle se distingue par une étonnante facilité dans les chemins rocailleux, même très accidentés. Les prouesses de la Ténéré ne sont pas que légendaires ! Les freins, à l'avant comme à l'arrière, sont parfaitement dosables sur revêtements glissants. L'ABS typé enduro ne perturbe pas les freinages et intervient tardivement. On peut faire confiance au grip des pneus avant sans que l'ABS entre en scène. A l'accélération, même les gaz ouverts en grand, le Pirelli Scorpion Trail encaisse la vigueur du mono. Ça croche sur tous les revêtements ! Pour une excellente position de conduite, debout sera idéal ; assis, la selle est trop creusée et n'offre pas de bonnes possibilités de mouvements.