
Pour ce faire, nous avons jeté notre dévolu sur trois modèles incontournables du marché suisse : la Kawasaki Z800, la Honda CB600FA Hornet et la Triumph Street Triple R. Une perturbatrice, ou devrions-nous plutôt dire un caprice de notre photographe, nous aura également fait prendre la Ducati Streetfighter 848. A savoir que cette dernière n'entrera pas à proprement parler dans notre comparatif... elle sort du lot.
Tout simplement car ces motos sont dans la même gamme de prix et que, mise à part la Honda, ce sont les dernières nouveautés du marché.
La Hornet est affichée à CHF 11'190.- (CHF 12'290.- pour notre version d'essai Urban Storm), la Kawa Z800 à CHF 11'690.- et la Street Triple R chapeaute la sélection à CHF 11'890.-.
Afin de départager ces motos, nous avons axé notre itinéraire sur les cols et les routes sinueuses, terrains de prédilection de ces machines. N'imaginez pas l'autoroute ou une voie rapide et encore moins de vitesse de pointe !
Comme tout un chacun le sait, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Fort heureusement, sinon nous vivrions dans une parfaite monotomie. Il faut savoir que ces motos ont toutes été essayées individuellement et précédemment (voir la liste des essais), nous n'entrerons ainsi pas dans les détails caractérisant chacune d'elles.
La Hornet se distingue par des finitions de très bonne facture et par des pièces de qualité. Ajustement des plastiques et qualité des pièces, le petit frelon est irréprochable ! Il est à noter que la Honda est la seule moto de notre comparatif à offrir un ergot sur la béquille, ce qui permet de l'ouvrir et de la rabattre plus facilement. Il est vrai que de nos jours, le métal est cher ; nous comprenons alors ce manquement des autres marques...
Petite et ramassée, la Hornet conviendra parfaitement aux motards de taille petite à moyenne, alors que les grands gabarits risqueront d'avoir l'impression de chevaucher une pocket-bike.
La Street Triple R bénéficie également d'une très bonne finition, notamment du côté des pièces plastiques et métalliques. Nous relèverons néanmoins que la peinture noire (Phantom Black) de notre modèle d'essai est relativement fragile. A sa décharge, le noir est bien connu pour être une peinture qu'il faut soigner pour la conserver longtemps en bon état.
La Triumph est la seule à offrir un témoin de rapport engagé ; serait-ce si onéreux pour que la concurrence en fasse l'impasse ?
Côté dimensions, la Street a évolué dans le bon sens en s'adaptant à tous les gabarits. Les grands, qui étaient particulièrement lésés sur la précédente version, seront ravis de constater que le millésime 2013 a bien évolué en leur faveur.
Et finalement, la Z800. Si le look peut s'attirer les faveurs des fans de manga ou des plus jeunes, il rebutera certainement le quarantenaire cherchant une moto plus discrète.
Au sujet des finitions, certains ajustements laissent à désirer. Le réservoir est pointé sévèrement du doigt ; en effet, il est dommage de constater de tels écarts d'ajustements alors que la peinture paraît sans reproche. Nous apprécions toutefois l'attention portée aux détails si caractéristiques des modèles Z de la marque avec son feu arrière qui arbore fièrement un double Z à LED, aussi original que racé !
Trappue et basculée en avant, la Z800 arrive à satisfaire grands et petits. Une fois en selle, vous trouverez instantanément votre position et vos repères.
Chaque rédacteur-testeur a pu rouler les motos durant un kilométrage défini. Suite à quoi, nous avons échangé nos impressions, nos ressentis, mais également nos préférences. Bien évidemment, les avis ne vont pas tous vers la même moto et c'est tant mieux ! Les goûts et les couleurs, disions-nous plus haut !
Définir lequel de ces trois roadsters est le plus performant, le plus beau, le plus agréable n'est pas une mince affaire, étant donné que chaque moto a ses qualités et ses défauts.
D'un point de vue général, la Honda Hornet est la moto la plus rassurante et la plus facile à prendre en main, notamment grâce à sa faible hauteur de selle (les débutants apprécieront), mais également par son système de freinage combiné C-ABS qui permet des freinages sécurisants lorsque la chaussée devient humide.
Le comportement général de la moto ne souffre d'aucun défaut en particulier et permet de rouler vite et placer la moto facilement sur l'angle. Une fois celle-ci placée, il ne vous reste plus qu'à viser du regard la sortie du virage. Seule la garde au sol (voir photo) pourra limiter vos ardeurs.
Côté bouilleur, le moteur est un exemple de souplesse. S'il ravira les jeunes conducteurs, il risque de mécontenter les plus vieux qui lui trouveront un manque de gniak. En effet, à moins de le cravacher continuellement, il faudra regarder vos compagnons de virée s'éloigner jusqu'à ce que l'aiguille atteigne les 5'000 derniers tr/min, pour enfin bénéficier des watts du moteur. Pour remédier en partie à ce léger déficit, il suffira d'enlever une dent au pignon de sortie de boîte pour gagner en reprise et en accélération.
Cette moto est à notre avis une parfaite école pour débuter dans le monde du deux-roues l'esprit serein. Elle est la polyvalence même, alliant sécurité et look. Bien menée, elle vous permettra d'évoluer en toute quiétude et faire vos armes avec aisance.
Passons du côté des Verts afin de voir ce qu'il se cache au coeur de cette Kawasaki Z800 !
Comment ne pas parler de moto sans nommer les Z750 ou Z1000, et maintenant la Z800. Cette série Z, est une icône de la moto et de nombreux motards en ont acquis depuis des années. Autant de succès a certainement ses raisons, et ceci est dû notamment à son look très décalé par rapport au reste de la production. De notre point de vue et dans le coloris de notre essai, la Z800 en jette !
Si l'esthétique est des plus modernes, il en est tout autre du poids de la Z, qui conserve une masse élevée (231kg) face à la concurrence (183kg pour la Street Triple R et 200kg pour la Hornet). En effet, cette surcharge pondérale la pénalise dans les petits virolets et ne lui permet pas de tenir le rythme imposé par ses rivales. Heureusement, elle se rattrape en ligne droite avec ses 113cv et son couple élevé de 83Nm.
Malgré son poids conséquent, la moto se laisse emmener facilement, mais à son rythme. Le poids est le vrai point noir, et c'est bien dommage d'autant plus que les suspensions sont de qualité et permettent de gommer un bon nombre de défauts du bitume. Seul le train avant aurait mérité un peu plus de précision afin de pouvoir rentrer plus facilement en courbe.
Le point fort de cette Z800 est sans aucun doute la disponibilité de son moteur qui en offre pour son argent. Le couple présent dès les plus bas régimes permet de très bonne relance, à l'instar de la petite anglaise, à qui elle colle aux basques dans les lignes droites. Dès qu'un virage surgit, vient le moment d'empoigner les freins. Pour celui qui aime les freinages de trappeur rencontrera une certaine déception. A nouveau, on subit le poids excessif de la machine... et des freins aux performances limite en conduite sportive. Cette Z800 n'aurait-elle pas besoin d'une bonne paire de freins à fixation radiale pour gagner en feeling et en puissance ?
La Z800 est une très belle machine qui en offre pour son argent. Les fans de la marque et les nouveaux venus seront certainement charmés par son esthétique et par le coffre de son moteur. Sans aucun doute, ils s'accommoderont de son surpoids. D'ailleurs, nous imaginons bien que cette nouvelle Z sera un best-seller, chez les Verts. Eh oui, n'est pas Z qui veut !
Ces dernières années, les européennes ont le vent en poupe, notamment avec l'arrivée des Triumph Street et Speed Triple. Les tarifs sont à la baisse, la fiabilité n'a presque plus rien à envier aux nipponnes... les temps sont durs pour les motos du Pays du Soleil Levant.
La Street Triple R a déjà marqué beaucoup d'esprits. Ce n'est certes pas grâce à son esthétique que nombreux décrient depuis l'arrivée des phares en amande, mais plutôt par sa motorisation à trois cylindres et son châssis précis comme une lame.
La Street Triple R ne faillit pas à sa réputation pour ce comparatif. La première chose qui nous a agréablement surpris est la position de conduite qui a évolué dans le bon sens pour les grands gabarits. On se retrouve légèrement basculé en avant par rapport aux deux autres roadsters, cependant la position sur la Street sera la plus exigante lors de longs trajets. Heureusement, à ce sujet, la selle s'est bien assouplie.
Une fois arrivée dans les virolets, la Street R prend l'avantage. Aucune des deux nipponnes ne parvient à suivre le rythme qu'impose la terreur d'Hinckley. Facile à mettre sur l'angle, un châssis vif et précis, une grande stabilité à haute vitesse, elle sera efficace aussi bien dans une petite courbe que dans une grande. Avec la Street Triple R, ça fighte !
La position se veut plus radicale que la concurrence. Finalement, et vu le tempérament de la moto et surtout de son moteur, mieux vaut adopter une position propice à l'attaque.
Côté bande son, la sonorité caractéristique du trois-cylindres est toujours bien présente avec un sifflement encore plus marqué. Charmant et flatteur au premier coup de gaz, le sifflement peut s'avérer fatiguant à la longue.
Et côté performances, le moteur de la Street est à nouveau le meilleur et le plus jouissif ! Notons toutefois que la Kawasaki Z800 parvient à lui tenir tête... mais seulement en ligne droite. Les virages venus, la Street Triple R les enchaîne et file à l'horizon en laissant ridicule ses deux rivales. Côté freinage, rien à redire, mordant, endurant, le tableau est plein !
La Street R ne faillit pas à sa réputation de "super" roadster pour motard pressé. Facile à prendre main, elle demandera toutefois de l'expérience pour pouvoir l'exploiter dans ses derniers retranchements. Une fois adoptée, vous pourrez sans aucun doute allez vous frotter à des cylindrées supérieurs.
Oui les photographes sont des humains, oui ils font aussi des erreurs dans le choix de leur moto, et ils nous le prouvent encore aujourd'hui en nous ramenant une Ducati Streetfighter 848 pour notre comparo roadsters mid-size... Espèce de malhonnête, va !
Oui, nous avons tous voulu l'essayer, mais pas tous ont réussi à la maîtriser comme il se doit. C'est qu'elle est sauvage cette Streetfighter et demande de la poigne pour aller vite.
Extérieurement, la Ducati est très sexy ! Dépouillée du carénage de sa soeur, la Superbike 848, elle donne dans l'agressif en en conservant certains éléments. Les plus petits auront de la peine à s'installer à son guidon avec les 840mm de hauteur de selle, la machine est très haut perchée ! Il faudra donc un marchepied ou des talonnettes pour grimper, alors que les plus grands pourront profiter de la vue dans les nuages. Etonnant pour une machine italienne, où la population ne fait pas partie des plus grandes...
La position est très basculée sur l'avant, ce qui sur les longs trajets s'avérera usant pour les poignets et les avant-bras.
La Ducati est la moto la plus difficile à prendre en main parmi nos roadsters présents ce jour-là. Châssis type bout de bois, selle digne d'un banc d'école, suspensions typées hypersport, nos séants se souviennent encore de cet essai. Etonnamment, la moto s'est montrée perfomante sur nos routes de montagne, et ce, malgré l'absence de revêtement de qualité. La mise en courbe et la précision en font une véritable arme. Une preuve que les suspensions ont parfaitement été étudiées.
Côté freinage, c'est le summum ! Mordant, endurant et permettant de se stopper rapidement, vous pourrez lui faire confiance les yeux fermés. Non, pas les yeux fermés, n'exagérons rien !
Côté motorisation, les 132cv et 95Nm offrent des accélérations et reprises canon, le tout avec la sonorité typique des biclindres de la firme de Bologne. Nul besoin de cravacher le moteur pour en tirer la quintessence. Là où les autres motos (sauf la Triumph) passaient sur le deuxième rapport, la Ducati permettait de passer en troisième et permettait de ressortir très fort. Une vraie usine à sensations !
Même si la Streetfighter ne joue pas dans la même cour que nos trois autres roadsters ; d'une part, son prix affiché à CHF 15'990.- (le prix d'un roadster 1000) et d'autre part, sa puissance. Il n'en reste pas moins que cette moto est très plaisante à rouler et mérite donc de se joindre à nous durant cet essai.
La réponse sera assez simple : vous voyez les concessions là-bas, tout au loin ? Eh bien, vous prenez votre monture et vous vous y rendez par vous-même afin de vous faire votre propre opinion. Nous plaisantons, mais en partie seulement.
En effet, il est difficile de dire que telle ou telle moto est la meilleure, tant les utilisations que l'on souhaite en faire peuvent être différentes. La personne recherchant avant tout une moto facile et permettant d'avaler les kilomètres ira certainement du côté de la firme ailée, alors que le fan de moto souhaitant avant tout une moto qui a de la gueule et du coffre se rendra chez les Verts, là où le motard en quête de performances pures partira outre-Manche.
Quoi qu'il en soit, ces modèles en offrent pour leur argent, et l'on peut constater avec bonheur pour notre porte-monnaie que les tarifs ont été revus à la baisse. Il ne vous reste donc plus qu'a partir en concession, ou à venir aux Acid'Days les 4 et 5 mai prochains à Echallens, pour procéder à un essai routier de l'une ou de l'autre des 110 motos présentes.