
«Malgré l'indulgence du juge, on a démoli la vie de cet homme! Il a désormais un casier judiciaire et ne trouvera sans doute plus de travail.» Me Timothée Bauer estime la peine infligée à son client bien trop dure par rapport à la faute commise. Le prévenu a été jugé mercredi dernier pour délit de chauffard, selon les nouvelles normes Via Sicura en vigueur.
Le Genevois de 55 ans avait roulé à 144 km/h sur une route de campagne limitée à 80 km/h, un dimanche matin d’octobre. Il faisait une promenade seul et n'avait pas consommé d'alcool. Il écope d'une peine de prison de 1 an avec sursis et d'un retrait de permis de 2 ans. «Il s'agit de la peine minimum prévue par cette législation, indique Me Bauer. Le jugement rendu est juste, c'est la loi qui est absurde.» L'avocat insiste sur le fait que l'auteur d'un cambriolage ou d'une rixe sera puni moins sévèrement.
Dans le canton de Vaud, la plupart des cas déjà jugés ont été sanctionnés par des peines de 12 à 18 mois de peine privative de liberté, indique le procureur général adjoint Franz Moos. «Nous nous devons d'appliquer cette loi, mais ce n'est pas toujours facile. Elle n'est pas très cohérente par rapport à d'autres infractions, où il n'existe pas de peine minimum», rappelle-t-il. Même son de cloche du côté du Ministère public genevois, qui précise que malgré le fait que la loi prévue par Via sicura soit très sévère comparée à d'autres, «les procureurs l'appliquent sans état d'âme».