Photos de Jonathan Godin, Arnau Puig et Alban Lebacq, vidéo de Sebas Romero et Alberto Carrasco Chićon
Publié le: 1 juin 2025 par Patrick Schneuwly
Bridgestone Battlax T33 – Pour les voyageurs qui cherchent l’endurance

Il y a seulement 4 ans, Bridgestone sortait le T32, un pneu sport touring qui avait beaucoup plu à notre essayeur. Le fabricant japonais n’est pas resté immobile pour autant, ils ont amélioré ce pneu pour créer le T33. Suivez-moi pour plus de 400 km d’essai sur la côte adriatique de la Croatie. On a fait un peu de tourisme et beaucoup de conduite sportive.

ESSAI

Ce qu’on souhaite faire de sa moto est une information déterminante au moment de choisir ses pneus ; autant pour le constructeur de la moto que son utilisateur final. Ceux-ci comptent énormément pour apporter une touche finale à la moto. Si la réponse ressemble à « Rouler beaucoup, des trajets quotidiens, des voyages et de temps à autre à l’attaque », le T33 de Bridgestone tient une bonne place sur la liste des qualifiés.

Son prédécesseur, le T32, existait dans une seconde déclinaison appelée T32 GT. Sa carcasse plus dur permettait de l’installer sur des motos plus lourdes comme les BMW RT, une Versys 1100, pourquoi pas une Tiger 1200 première du nom. Ces deux modèles sont toujours au catalogue, ainsi que le T31 (sorti en 2018) et même le BT46. Le T30 Evo est mis à la retraite après de longues années de service.

Une amélioration majeure en amène une autre

L’objectif principal de ce nouveau modèle était d’augmenter la durée de vie du pneu, notamment du pneu arrière. Les chimistes japonais ont mis au point la recette d’une nouvelle gomme qui compose le pneu arrière, laquelle forme la bande centrale en contact avec la route. Utilisant également la technologie 3LC, le T33 R (pour pneu arrière) a la surface des bandes extérieures dans une gomme plus tendre ; principe déjà bien connu du bi-gomme.

Le polymère est un enchevêtrement de chaînes de carbone et de silice dont le lien est plus fort qu’avant. Parce que les éléments tiennent mieux ensemble, l’usure est plus lente.

Le résultat est un pneu que Bridgestone promet 47% plus endurant que le T32. Une moitié de plus de km à parcourir avant d’en changer. En 2023, un train de 32 avait permis de parcourir 7000 km en Super Adventure S, ce nouveau permettrait théoriquement d’en avaler plus de 10’000, une avancée significative. Plus concrètement, la surface du pneu encline à déclencher la glisse, donc l’endroit où une toute petite partie de gomme va subir l’agression de la route, est réduite.

Le nouveau polymère qui augmente la longévité gagne aussi sur un autre tableau : celui de l’adhérence sur l’eau. Il est de nature plus efficace à évacuer, donc offre plus de grip qu’avant. C’est quelque chose qui est testé sur piste innondée, avec des capteurs sur la direction pour mesurer le niveau d’intervention du pilote pour maintenir la moto en ligne droite. Cette fois sur une BMW R1250RT, le graphique indique environ 10% d’amplitude d’interventios en moins.

Le pneu avant, dont on a peu parlé jusqu’ici, change plus profondément. Il n’enferme plus une ceinture monospirale (MS Belt), c’est une ceinture croisée qui la remplace (Cross Belt). Cette modification résulte en une carcasse plus rigide qui rend inutile la déclinaison GT. Le T33 est aussi rigide que le T32 GT, il peut se monter autant sur des roadsters qui verront beaucoup de route que sur les routières de plus de 230 kg.

Un pneu plus rigide se déforme moins sous contrainte, les dessins qui évacuent l’eau conservent mieux leur forme, par conséquent, ils peuvent être moins profonds !

Le dessin est très ressemblant entre les deux modèles. Le ratio de profondeur des sculptures est plus ou moins similaire au T32 GT alors que le design a un peu changé pour encore gagner sur le mouillé.

Au final, voici tous les gains avancés par Bridgestone entre le T33 et son prédécesseur en commençant par le sec : plus stable en ligne droite et en courbe, prend plus facilement de l’angle et plus progressivement, résultant en une meilleure impression de contrôle. Sur le mouillé, plus de grip à l’avant comme à l’arrière, une prise d’angle plus facile.

Pneu Sport Touring dans son environnement

L’itinéraire retenu pour expérimenter tout le potentiel du T33 est au départ de la ville croate de Split sur la côte adriatique. Le tourisme dans la région est en plein essor et la période est idéale mi-mai car la saison n’a pas commencé. La région a de nombreuses îles atteignables par ferry et des routes côtières avec une vue splendide sur la mer. Le jour de notre arrivée, notre groupe quitte Split pour aller vers Zadar par le chemin des écoliers.

J’entre immédiatement dans le vif du sujet de la suppression du modèle GT et choisi de rouler avec la R1300 GS Adventure, une moto lourde. Pour rejoindre la section d’autoroute qui va nous avancer, il y a un beau lacet où prendre les premières sensations. Sans surprise, la forme laisse prendre de l’angle sans résister, mais aussi sans en ajouter. Une fois calé au régulateur, je peux sereinement relacher mon étreinte du guidon. Le revêtement est bon et ne perturbe évidemment pas la moto. Que cette Adventure est imposante, autant qu’agile.

Prochaine moto lourde, mais cette fois un modèle que trouve très particulière à rouler, la R 1250 RT. J’en profite, car j’essayerai sous peu la R 1300 RT, quelques points de comparaison me seront utiles. Installé plus proche du sol, je sens que la moto demande plus d’engagement physique que la précédente, en absence du bras de levier. La stabilité en ligne droite est souveraine, imperturbable. Dans les virages, la position de conduite me pousse à de la retenue. Il faut mieux connaitre la RT avant d’augmenter le rythme. Le grip est présent, pas de doute, manque l’expérience à son guidon.

Avant d’arriver à destination, il faut traverser une zone de travaux dans des graviers. Je me revois directement à Lastours quelques jours plus tôt, mais sans les crampons. C’est pas le moment de croiser les skis, le T33 n’est pas conçu pour ça et l’hôtel est peu après cet obstacle.

La seconde journée est bien remplie. Toute la matinée, il s’agit de rouler vers le nord sur la E65, la route côtière qui fait à cet endroit face à l’île de Pag, que la plupart des touristes veulent fouler. Ce qui nous offre une section de route encore moins fréquentée qu’à son habitude, mais extraordinaire à conduire.

De là où je suis, l’île semble désertique, le paysage est lunaire. Ses arbres auraient tous été coupés du côté faisant face à la Croatie par les constructeurs de la ville de Venise. Ils en avaient besoin pour fabriquer leurs pilotis. Voilà pour le point historique de l’itinéraire.

Contraste total avec les motos de la veille, j’ai choisi une Ducati Monster. J’aurais pu jurer que j’étais sur un vélo, tant la moto est fine. Je ne pouvais envisager mieux pour la route qui nous attend. C’est aussi une surprise de découvrir cette moto avec des pneus plus orientés tourisme que ceux prévus au départ. Pour rester chez Bridgestone, je l’imagine plus avec des S23. Or, il n’est pas rare de voir des motards voyager loin avec leur roadster. Ils ont besoin de l’endurance que peut offrir le T33.

Allier sport et tourisme avec brio

Le timing de la journée est serré, il n’y a pas loin de 250 km à parcourir ponctué de 3 shooting photo et vidéo pour illustrer l’essai. Pas question de trainer ni de faire du tourisme. La E65 est tortueuse à souhait, avec des limitations de vitesse assez permissives. Dépasser alors qu’on roule en groupe de 8 n’est pas évident, si bien que devant moi, ils s’échappent rapidement. Je suis plus retenu par prudence que pour une raison technique. La Ducati est joueuse et les pneus mettent en confiance. Ils sont bien chauds, offrent un excellent grip sur ce goudron assez clair et en bon état.

Les virages en tout genre défilent, de longues courbes rapides aux épingles les plus lentes. Chaque fois qu’on roule face à l’adriatique, l’eau turquoise et le ciel sont séparés par l’île de Pag, cette montagne visuellement désertique. Face à ce paysage, difficile de continuer de conduire comme si rien n’était. Tant pis pour le rythme, j’apprécie la vue. On mène un train franchement sportif avec ces pneus « touring », sans alerte pour ma part. De gros freinages et de remises de gaz généreuses ne sont pas venus à bout de leur adhérence.

Première séance photo, je saute sur une CBR650R avec E-Clutch, pour me rappeler des souvenirs. Elle aussi, on l’imagine plus souvent avec des S23. Là encore, le T33 rempli parfaitement sa mission. Le comportement de la Honda est prévisible et facile à contrôler derrière la voiture du photographe.

Bécane suivante, la nouvelle F 900 XR Triple Black. On a une très belle montée à faire pour rejoindre un autre emplacement photo. Je suis très content de ce choix, la maniabilité est au rendez-vous avec le large guidon et le bicylindre donne un caractère joueur à la moto. 105 chevaux dans ce petit trail c’est très plaisant et il est vaillant pour rester dans le sillage du groupe.

On ne doit pas trainer, on est attendu sur le prochain ferry vers l’île de Pag. La route qui serpente jusqu’au port est un enchainement de quelques kilomètres de magnifiques courbes avec 4 larges épingles avec vue mer. Il faut patienter avant d’embarquer ? Aucun problème, je me refais la route en vitesse ! J’ai vite adopté la BMW, en T33 elle se met précisément sur l’angle avec un très bon niveau de grip.

De l’autre côté du bras de mer nous attend la D106, une route mondialement connue au travers de campagne publicitaire. Les constructeurs auto et moto ont chacun fait au moins un tournage ici et en voyant les photos, un sentiment de déjà-vu pourrait se manifester. Ici, pas de place pour l’erreur, les rails ne sont pas doublés et la roche qui borde la route est saillante.

Tour à tour je saute sur une Suzuki GSX-S 1000 GT, une F 900 R avec le pack dynamic assez plaisant à rouler, une R 1300 GS de base qui montre que le T33 se comporte de façon identique avec une moto plus lourde. Dernière moto du voyage, une Kawasaki Z900 SE que je suis content de retrouver.

Après le premier essai du roadster, j’étais sceptique quant à sa monte pneumatique d’origine pourtant assez sportive. Là aussi, montée en pneus sport touring, elle montre un comportement très intéressant. Je retrouve ce qui m’a plu sur la moto avec un ressenti sportif. Le frein avant un peu limite sur la Z900 se bonifie logiquement avec la SE. Et en changeant sa monte pneumatique, c’est une révélation.

Avec la variété de motos essayées, avec chaque fois de bonnes impressions au sujet du pneu, je peux affirmer qu’il s’adapte très bien aux roadsters, comme aux trails et aux routières. La disparition de la version GT rend le choix évidemment plus facile et si la promesse de durée de vie est tenue, ce serait un choix judicieux pour qui voyage loin avec sa moto.

Comme on ne teste pas l’endurance en 3 jours, Bridgestone a exposé un train de pneu qui a déjà parcouru 10’000 km de route monté sur une Honda NT1100. Les dessins sont encore profonds, ils pourraient bien faire 5’000 km de plus.

Les tailles de pneus disponibles ou prochainement disponible sont listés ici :

Avant :

  • 120/60 ZR 17 M/C (55W) TL*
  • 120/70 ZR 17 M/C (58W) TL
  • 110/80 ZR 18 m/C (58W) TL*
  • 120/70 ZR 18 M/C (59W) TL
  • 120/70 R 19 M/C (60V) TL
  • 120/70 ZR 19 m/C (60W) TL*
  • 110/80 R 19 M/C 59V TL

*attendu en janvier 2026.

Arrière :

  • 150/70 ZR 17 M/C (69W) TL
  • 160/60 ZR 17 M/C (69W) TL
  • 160/70 ZR 17 M/C (73 W) TL*
  • 160/60 ZR 18 M/C (73 W) TL*
  • 170/60 ZR 17 M/C (72W) TL
  • 180/55 ZR 17 M/C (73W) TL
  • 190/50 ZR 17 M/C (73W) TL
  • 190/55 ZR 17 M/C (75W) TL

*attendus pour janvier 2026.

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