L’image que Suzuki renvoie en Europe n’est pas spécialement celle d’une marque à la pointe du progrès dans le monde du deux roues. La décision de se retirer du MotoGP et (officiellement) de l’endurance va plutôt dans la mauvaise direction et participe au désamour des motards européens pour la marque de Hamamatsu. Malgré tout, Suzuki a sorti, un peu à la surprise générale, une sorte d’ovni dans sa gamme de motos, la GSX-S 1000 GT. Écran TFT (le premier de l’histoire de la marque), avec la possibilité de connecter son téléphone à la moto avec l’application mySPIN (une sorte d’android auto) et plusieurs autres équipements habituellement absents sur une Suzuki, sont là de série sur la GT.

ESSAI

Un look Zukawaki

Visuellement, cette GSX-S 1000 GT ressemble à un croisement entre une Kawasaki H2 SX et une MT-10. Ses 2 rétroviseurs me font penser aux antennes d’une sauterelle et je pense qu’une paire de rétroviseurs embouts de guidon ne pourrait rendre son design que plus cohérent tant ils cassent la face avant de la moto. De plus, leur placement n’est pas optimal, rendant difficile de voir correctement ce qui se passe dans notre dos. Cette nouvelle génération de GSX-S se démarque visuellement grâce à sa face avant pleine de caractère, les deux phares LED lenticulaires ainsi que la fine et jolie signature lumineuse qui donnent un ton carrément futuriste à cette Suzuki. Les lignes sont acérées (rien à voir avec la génération précédente de GSX-S) et rendent cette GT sérieuse et agressive. Les clignotants LED sont puissants, simples et cohérents avec le design de la machine.

Un pare-brise haut (non réglable) est monté sur ma moto d’essai mais celui-ci s’avère très peu efficace en plus d’être disgracieux. En effet, il dirige absolument tout le flux d’air en plein sur mon casque et non pas en dessus, ce qui s’avère extrêmement désagréable sur autoroute par exemple. Le feu arrière LED a un design très simple mais il fait bien le boulot, le support de plaque court est apprécié; une fois n’est pas coutume, vous n’aurez pas besoin de le changer pour garder une ligne cohérente sur votre moto.

Une fois la moto enfourchée, je constate que l’on est plutôt bien assis grâce à une selle basique mais qui fait bien le boulot. Si vous prévoyez de rouler avec un passager, celui-ci ne sera pas en reste. Mon passager a apprécié les deux poignées à sa disposition et m’a affirmé que la selle passager est agréablement confortable, même si il aurait souhaité que les bords de l’assise soient moins angulaires.

Banzaï !

Une fois le moteur en marche, le 4 cylindres en ligne de la GT (dérivé de celui de la GSX-R 1000 K5) sonne bien, très bien même pour un Euro 5. Au niveau de son comportement, pas de grandes surprises, creux mais agréable en bas, plein et rageur haut dans les tours. Ce moteur extrêmement doux et facile à l’utilisation dispose de 4 cartographies différentes qui permettent une réponse plus ou moins rapide de l’accélérateur. Un amateur de 4 cylindres en ligne ne sera pas déçu, pour les autres, ce manque de couple bas dans les tours peut s’avérer très frustrant. Difficile de rester raisonnable de la poignée quand le potentiel du moteur commence à se dévoiler à 7500 tours environ. Certains pourraient y voir un avantage car cette moto oblige son proprio à rester plutôt sage malgré le nombre de bourrins disponibles. Sinon, c’est le retrait assuré.

Le Ride by Wire Suzuki est génial (comme souvent chez les japonais) et offre une réactivité impressionnante. De tous les shifters que j’ai pu tester dans ma “carrière” de motard, celui de la GSX-S 1000 GT est le meilleur. C’est simple, il est parfait car ultra réactif et d’une douceur sans pareil dans la production actuelle. Jouer avec la boîte de vitesses dans les petites routes de montagne ne m’a jamais semblé aussi amusant qu’avec cette Suzuki. La monte pneumatique d’origine Dunlop Sportmax Roadsport 2 donne entière satisfaction que ce soit en termes de grip ou de réactivité. Le freinage avant manque légèrement de mordant à mon goût, mais sa puissance est satisfaisante. En revanche, rien à signaler pour le frein arrière qui ne présente pas de défaut et fait correctement son boulot. Le bon rayon de braquage est idéal pour les manœuvres à faible vitesse et permet de faire demi-tour facilement.

Un système de connectivité perfectible

Pour la première fois de l’histoire de la marque, Suzuki à équipé une de ses motos d’un écran TFT couleurs. Ils ont même poussé le vice à y implanter un système de connectivité maison, le Suzuki mySPIN. Plusieurs applications sont ainsi disponibles via le tableau de bord, notamment Sygic et Rever, 2 systèmes GPS qui ont déjà fait leurs preuves. Un des avantages que j’ai trouvé à ce système est que vous n’êtes pas obligé de passer par votre smartphone pour y avoir accès. Tout est paramétrable soit via les commodos, soit via votre téléphone, à vous de choisir. Cela offre pour avantage de ne pas forcément avoir besoin d’enlever ses gants et de prendre son téléphone pour modifier quelque chose à son itinéraire. Alors bien sûr, Suzuki mySPIN n’est pas parfait, loin de là, mais je suis agréablement surpris par son efficacité malgré une simplicité évidente. Il est en tout cas agréable de voir une technologie actuelle sur une Suzuki. Par contre, je regrette l’absence d’une trappe de rangement pour y mettre son smartphone. Je trouve qu’un tel équipement est nécessaire quand on propose un service de connectivité, et ce, d’autant plus quand il est nécessaire de laisser son téléphone déverrouillé pour que le système fonctionne.

Autonomie

Mon ordinateur de bord m’affichait une consommation de 6.1 l/100km en moyenne (fidèle aux chiffres revendiqués par Suzuki). J’ai parcouru 250km avant de me rendre à la pompe de carburant. En prenant en compte la contenance de 19 litres du réservoir et si vous êtes un peu téméraire, j’imagine qu’il est possible de faire encore quelques dizaines de kilomètres avant de faire le plein.

De retour au guidon de cette GSXS-1000 GT, je décide de partir rouler dans les petites routes sinueuses du vignoble de la Côte. Cette Suz est définitivement plus sportive que GT. C’est un gros roadster sportif à la japonaise équipé d’accessoires rendant son utilisation plus agréable lors de longues virées. Les poignées chauffantes qui équipent notre version d’essai sont redoutables d’efficacité, à tel point qu’il est difficilement supportable de les mettre à pleine puissance. Ce n’est d’ailleurs pas très recommandé car le caoutchouc des poignées ne résiste pas très longtemps à de telles températures. Plus je roule et plus je remarque que le réglage d’origine des suspensions est très orienté confort et pas assez rigide à mon goût. Cela induit des mouvements désagréables quand on hausse le rythme sur routes sinueuses. Un passage par la case réglage est donc impératif selon moi. Le comportement global et l’agilité de cette Suzuki reste bon si l’on met de côté ce problème de réglage.

Conclusion

Le constructeur d’Hamamatsu nous propose avec cette GSX-S 1000 GT une moto agréable pour une utilisation quotidienne. Judicieusement équilibrée entre sportivité et confort elle est une vraie alternative à ses concurrentes japonaises et européennes. Si je devais la décrire en quelques mots je dirais qu’il s’agit d’une moto honnête et rassurante, sans fioritures, et qui conviendra aussi bien aux pilotes confirmés qu’aux néophytes de grosses cylindrées. Il lui manque néanmoins un grain de folie pour qu’elle se démarque de la concurrence et qu’elle s’affirme comme un évidence dans la catégorie Sport-Touring.

Notre modèle d’essai équipé du pack Travel est vendu au prix de 17’995.- CHF et il vous faudra au minimum débourser 16’495.- CHF pour vous offrir le modèle de base sans option. 3 coloris sont disponibles: bleu clair, bleu foncé et noir.

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