
La montée de Verbois. Quatre virages reliant le barrage des SIG au plateau de Russin. Six courbes pour le parcours de la course. Une broutille pour certains mais un lieu quasi-culte pour tout motard Genevois qui se respecte. Depuis 1950, année de sa première édition, Verbois voit défiler les pilotes. Toujours plus nombreux. Toujours plus vite.
En 1950, Georges Duperrier passait la ligne après 1 minute 11 secondes sur sa Norton Manx. Cette année, pour la 55e, Hervé Gantner a mis tout le monde d’accord en 44 secondes 76 centièmes. Soit le nouveau record absolu de la montée!
Une belle bougie sur le gâteau de ce 55e anniversaire, mais pas la seule! Il y avait le feu à Verbois et le public l’a bien compris puisqu’il s’est présenté nombreux au bord du tracé. Chauffé par le soleil, il a profité du spectacle offert par les participants.
Samedi, pour le classement par catégorie, le paddock était déjà chaud bouillant et prêt à en découdre avec le chronomètre. Après une édition 2010 pluvieuse, le bitume tout sec donnait des ailes aux concurrents. A l’arrivée des premières montées, on ne parle déjà plus que trajectoires, changement de démultiplication ou chrono du copain.
D’emblée, les cadors de Verbois sont en tête: Hervé Gantner, Bernard Bally, Blaise Labarthe ou encore Uwe Rademacher trustent le haut du tableau en 1000. Si l’on retrouve Hervé et Uwe en 650, les filles y sont présentes avec notamment Julie « Wood » Benard et Alessia Renevey.
« C’est le championnat du monde de Verbois » s’exclamait Jean-Christophe, concurrent sur ZX-6R. « Il y a vraiment du niveau! ». Du niveau et du très, très beau monde, aussi. Le tout neuf champion suisse Superstock 600 Sébastien Suchet est venu semer la zizanie chez les supermotards avec une Honda CRF 450. Les invités surprises étaient à chercher du côté de Suzuki, puisque notre confrère du magazine Moto & Motards Stéphane Lacaze était invité sur la Virus 1000 que l’Europe entière semble nous envier. Dimanche, il était rejoint par le pilote suisse Greg Junot, également sur une Virus. Les deux lascars ont fait le show toute la journée, pour le plus grand bonheur du public… et au détriment des pneus arrières de leurs montures!
De grands noms parmi d’autres moins connus, mais qui ne nourrissaient aucun complexe au moment du départ! De la triplette des Monkeyboys aux side-cars, toujours fidèles au rendez-vous, la hargne des pilotes et équipages faisait plaisir à voir!
L’ambiance sympa du paddock donnait un air de fête à cette course de côte: pas de prise de tête, des pilotes très disponibles et beaucoup de sourires. Qui se crispaient peut-être au moment du feu vert…
Après une montée de nuit spectaculaire, samedi soir, la journée de dimanche mettait en avant les motos anciennes, qui se sont élancées après chaque montée chronométrée pour ravir les yeux (et les oreilles) du public. De la GSX-R 750 de 1991 au prototype de side Motosacoche de 1918, c’est un véritable musée roulant qui s’offrait aux spectateurs. Les tympans les plus sensibles auront sifflé à chaque départ de ces mythes sur deux roues aux échappements libres comme l’air.
Après une folle journée de dimanche, Christophe Labarthe, directeur de course, lançait l’appel aux pilotes et aux bénévoles pour débuter le grand nettoyage. Toutes les bottes de pailles, barrières ou autres escaliers installés le long de la route devaient disparaître. Certains pourraient croire que les top-pilotes du weekend étaient déjà sous la tente à fêter leurs performances à ce moment là. Eh bien non, au contraire: ils étaient les premiers à sauter dans les camions ou à porter la paille afin de tout ranger au plus vite.
Car s’ils donnaient tout au moment de s’élancer dans la montée, ils redoublaient encore d’efforts pour aider au nettoyage des lieux. Imaginez Rossi balayer la pit-lane au Grand Prix du Mugello! Alors que la nuit tombe et que le froid s’installe, beaucoup de participants et de bénévoles s’affairent encore. Une fois les bottes de paille entassées, les barrières empilées et les déchets jetés, les derniers travailleurs rejoignaient la grande tente pour savourer un verre bien mérité et assister à la remise des prix, en toute simplicité. Le public a beau être parti depuis longtemps, la course de côte de Verbois ne s’est achevée que bien plus tard.
Car lundi, les bénévoles retournaient au travail afin d’achever le rangement des installations. Mardi, certains participants achevaient peut-être de nettoyer leurs bécanes. Certains trient encore leurs photos à l’heure actuelle. D’autres se repassent leurs montées en tête pour faire encore mieux l’année prochaine. Les plus heureux exposeront certainement leur trophée sur la table du salon durant cette semaine. Le comité de la course de Verbois se réunira bientôt pour préparer la 56e édition. Et les nombreux protagonistes de la course souriront toute l’année en passant sur la route de leurs exploits. La magie de Verbois, cette petite course de six virages, anecdotique pour certains et incontournable pour d’autres, c’est qu’elle ne s’arrête jamais vraiment.
Un très, très grand bravo au comité d’organisation de cette 55e course de côte de Verbois. Un immense merci aux bénévoles qui ont permis à tous de passer un excellent weekend. Merci également aux SIG ainsi qu’aux riverains pour leur patience. Un grand merci au public d’être venu nombreux acclamer les pilotes.